Le 3 septembre, le Pape a reçu en audience privée une délégation de 15 Français « engagés », sous la conduite de Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la conférence de la CEF. Pas engagés dans la défense de la vie, non: il s’agissait de discuter de « thématiques liées à l’écologie ». Parmi eux, Audrey Pulvar, Juliette Binoche (pas des piliers de sacristie, à l’évidence) et JP Denis. Le Pape a laissé tomber le discours préparé, et s’est livré à quelques confidences « a braccio« , dont la principale concernait la genèse de Laudato Si‘. Il a parlé de sa « conversion écologique »! Détails, par Giuseppe Rusconi.

25 novembre 2014
L’Amazonie en 2007? Quelle barbe!
Le Pape Bergoglio, et la genèse très insolite de Laudato Si’
Giuseppe Rusconi
Rosso Porpora
4 septembre 2020
Ma traduction
Jeudi 3 septembre, lors d’une allocution improvisée devant un groupe de laïcs français engagés en faveur de « Laudato si’« , Jorge Mario Bergoglio a fait un récit très vivant de la genèse de l’encyclique.

Jeudi 3 septembre – après le Card. Sarah, le président de la Cour pénale internationale et deux nonces apostoliques – en fin de matinée, le pape François a reçu en audience un groupe de laïcs qui collaborent avec la Conférence épiscopale française sur les questions liées à Laudato Si’. Comme cela lui arrive souvent, une fois remis le discours écrit, il en a improvisé un, moins officiel et plus personnel, faisant notamment référence à la genèse de l’encyclique de la « conversion écologique ». Nous vous proposons quelques passages qui ne sont certainement pas sans intérêt et utiles pour approfondir la connaissance du comportement papal…
Mots Clés : Climat,FrançoisJ’aimerais commencer par un morceau d’histoire. En 2007, il y a eu la Conférence de l’épiscopat latino-américain au Brésil, à Aparecida. J’étais dans le groupe des rédacteurs du document final, et il y avait des propositions sur l’Amazonie. J’ai dit : « Mais ces Brésiliens, qu’est-ce qui leur prend avec cette Amazone ! Qu’est-ce que l’Amazonie a à voir avec l’évangélisation ? ». C’était moi en 2007. Puis, en 2015, Laudato si’ est sortie. J’ai eu un parcours de conversion, de compréhension du problème écologique. Avant, je ne comprenais rien! [ndt: si seulement il avait le même parcours sur d’autres sujets!!]
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Quand je suis allé à Strasbourg, à l’Union européenne, (NDLR : 25 novembre 2014, visite au Parlement européen et au Conseil de l’Europe) le Président Hollande a envoyé la ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, pour me recevoir. On a parlé à l’aéroport… Au début un peu, parce qu’il y avait déjà le programme, mais ensuite, à la fin, avant de partir, on a dû attendre un peu et on a parlé davantage. Et Mme Ségolène Royal m’a dit ceci: « Est-ce vrai que vous écrivez quelque chose sur l’écologie? – c’était vrai ! – S’il vous plaît, publiez-le avant la réunion de Paris ». (Note de la rédaction : COP 21, décembre 2015)
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J’ai appelé l’équipe qui la faisait – pour que vous sachiez que je n’ai pas écrit celle-ci moi-même, c’était une équipe de scientifiques, une équipe de théologiens et nous avons tous fait cette réflexion ensemble -, j’ai appelé cette équipe et j’ai dit : « Cela doit sortir avant la réunion de Paris » – « Mais pourquoi? » – « Pour faire pression. »
D’Aparecida à Laudato si’, ç’a été pour moi un chemin intérieur. Quand j’ai commencé à penser à cette encyclique, j’ai appelé les scientifiques – un beau groupe – et je leur ai dit : « Dites-moi les choses qui sont claires et qui sont prouvées et non des hypothèses, les réalités. Et ils ont apporté ces choses que vous y lisez aujourd’hui (NDLR : objectivement, il y en a aussi qui sont indigestes du point de vue des faits réels). Ensuite, j’ai appelé un groupe de philosophes et de théologiens [et leur ai dit] : « Je voudrais faire une réflexion à ce sujet. Vous travaillez, et vous dialoguez avec moi ». Et ils ont fait le premier travail, puis je suis intervenu. Et, à la fin, j’ai fait le montage final. C’est l’origine.