Plus personne (ou presque) n’ose remettre en cause la gravité de la pandémie, même le professeur Raoult semble aujourd’hui admettre qu’il mute et qu’avec les derniers variants apparus on entre en terra incognita – enfin, si j’ai bien compris. Marcello Veneziani ne la nie pas non plus, et il déplace donc le focus sur son traitement politique, ou plutôt son instrumentalisation politique: le virus réussit l’exploit de museler les peuples en les maintenant dans la terreur hypocondriaque et d’éliminer les adversaires – en l’occurrence les souverainistes, et tout particulièrement… Donald Trump.

Au temps du communisme, l’adversaire était éliminé physiquement. Au temps du post-communisme, l’opposant était éliminé par des moyens judiciaires. Aujourd’hui, l’élimination de l’ennemi se fait par des moyens sanitaires, par une maladie dont le malade même est accusé. C’est l’utilisation politique du covid : d’une part pour maintenir les gens sous hypocondrie et d’autre part pour maintenir les ennemis sous maladie.

L’hypocondrie d’État et la politique qui jette un sort

Marcello Veneziani
La Verità, 4 octobre 2020
Ma traduction

Le virus est là et personne ne peut nous l’enlever, ni les médecins, ni les politiciens, ni les négationnistes. La contagion est en augmentation, comme on l’avait prédit, et personne ne peut le nier. Mais à côté de la réalité, il y a son interprétation, il y a la politique basée sur le virus, la politique qui campe sur le virus et espère dans le virus. On pourrait l’appeler la politicovid, et elle est adoptée par les gouvernements, les médias, les campagnes électorales. Au-delà de la réalité de la pandémie, il y a l’hyperréalité de son utilisation politique.

De quoi s’agit-il? D’un jeu double, ou plutôt d’un jeu de cocu: d’un côté, nous en sommes à l’administration contrôlée de l’hypocondrie d’État et de l’autre, à l’utilisation de la maladie comme porte-guigne, anathème politico-sanitaire, justice sommaire de la mauvaise augure, mauvais œil, épreuve ou jugement divin de l’ennemi détesté.

Expliquons-le mieux. Les contagions augmentent, pas seulement chez nous, et l’on savait déjà que cela se produirait en automne. Je ne suis pas Nostradamus, mais les premières pages de ces jours-ci, je les attends depuis des mois. L’utilisation politique de la contagion précède et amplifie la contagion elle-même.

Les chiffres servent à justifier un confinement rampant, une psycho-quarantaine permanente et à nous bâillonner en tous lieux et à toute heure, à nous faire vivre sous la gifle de la calamité permanente et donc avec la peur et le besoin de l’État salvateur. Les chiffres et les cas servent à justifier le maintien d’un état d’urgence que d’autres pays encore plus troublés que le nôtre ne ressentent pas le besoin de proclamer. Si des mesures doivent être prises, il suffit d’être prêts et préparés; il n’est pas nécessaire d’établir par la loi les pleins pouvoirs spéciaux du gouvernement pour un état d’urgence qui, au cas où il serait prolongé et accompagné de campagnes terroristes, dépasse de loin les limites temporelles et substantielles de l’état d’exception.

Il est grotesque de semer la panique en criant à travers des mégaphones de garder son calme. Danger, danger!, il n’y aura plus de lits disponibles dans les hôpitaux, la maladie se répand, des foyers se déclarent partout, attention, peur et terreur, isolement. Mais par pitié, gardez votre calme. Nous avons maintenant compris comment traduire ce « gardez votre calme »: tout le monde avec une laisse et une muselière, maintenez le statu quo, pas de déstabilisation, fiez-vous au gouvernement en place, obéissez au pouvoir politique et sanitaire, sans objections ; même vous, médecins, malheur à vous si avec des arguments sérieux vous osez douter par exemple des obligations en matière de vaccins: vous serez chassés, dénigrés, effacés.

Le résultat d’ensemble est ce que je disais : l’hypocondrie d’État, une sorte de pathophobie citoyenne, administrée aux gens par les institutions et les médias.
Soyons clairs, aucun homme de bon sens ne peut songer à nier la réalité de la contagion ; on peut même penser qu’elle n’est pas le résultat du hasard et du malheur, mais qu’il y a une certaine responsabilité, voire une certaine volonté. Ici comme en Chine. On peut aller jusqu’à penser – mais pas à argumenter si on n’a pas de preuves fondées – que ce problème vient pour moitié de la (mal)chance et pour moitié du facteur humain, pour paraphraser Machiavel. Mais nier l’existence du covid et refuser toute mesure de précaution, c’est aller à l’encontre de la réalité et des preuves.

Mais l’amplification obsessionnelle, le passage à tabac mental que nous subissons depuis plus de sept mois empoisonnent notre vie, la mettent sous escorte et dans la naphtaline, nous privent de toute vie sociale, de toute sortie, de tout voyage. La réalité est là, mais son interprétation exagérée nous rend hypocondriaques.

C’est là que l’utilisation éthico-politique de la maladie entre en jeu: voyez Johnson, Bolsonaro, Trump (…)? Ce sont eux qui ont sous-estimé la maladie et la prophylaxie, ou pire, qui ont été accusés de négationnisme, les voilà, ceux de l’immunité collective, les voilà, les misérables, ils l’ont bien cherché. Je ne comprends pas pourquoi à cet égard on cite Johnson et pas le gouvernement progressiste de la Suède sur la même ligne que les Britanniques; ils sont même allés jusqu’à l’extrême, avec des résultats qui ne sont pas tragiques mais dans la moyenne européenne. Mais Boris est conservateur, donc il est irresponsable…

On utilise la maladie à des fins politiques pour accuser Trump et les souverainistes, mais on accuse les mêmes d’utilisation politique lorsqu’ils osent évoquer la responsabilité chinoise pour les retards, les omissions, la propagation puis l’exploitation du virus. On peut associer le covid aux souverainistes, mais malheur à ceux qui l’associent au régime communiste en Chine, dont il est pourtant parti.

Toute nouvelle de souverainiste « positif » est accompagnée d’une ola d’euphorie et d’un commentaire implicite ou parfois explicite: ils l’ont bien cherché, ils l’ont bien mérité, « c’est bien fait pour eux ». Aux négationnistes s’opposent les punitionnistes: c’est le Seigneur, c’est l’Ange exterminateur, c’est la Providence qui punit les coupables. Voilà les rites vaudous des intellectuels et des sorcières nigériennes ou le sourire satisfait de ceux qui se réjouissent de la punition des athées ou des sceptiques du dieu covid. C’est bien fait pour eux. Mais voilà surtout l’espoir: ce que les peuples ne font pas, ce que la magistrature n’a pas réussi à faire, maintenant le virus peut le faire. Fairs disparaître les souverainistes. Maladie bénie, le covid soit loué. Il serait facile de démontrer que les fanfaronnades de Trump remontent à avant que la vague ne frappe les États-Unis; donc, bien qu’il prenne des précautions depuis un moment, il n’a attrapé le covid que maintenant, pas à l’époque. Et il est paralysé pendant la campagne électorale. Biden est un abruti (mezza sega), il ne tient pas la confrontation. Il faut quelque chose de plus strong, peut-être un beau virus, vu que les enquêtes judiciaires, sexuelles, financières ne suffisent pas.

Au temps du communisme, l’adversaire était éliminé physiquement. Au temps du post-communisme, l’opposant était éliminé par des moyens judiciaires. Aujourd’hui, l’élimination de l’ennemi se fait par des moyens sanitaires, par une maladie dont le malade même est accusé. C’est l’utilisation politique du covid : d’une part pour maintenir les gens sous hypocondrie et d’autre part pour maintenir les ennemis sous maladie.

Il est faux de nier les risques de contagion, mais il est tout aussi faux de nier son utilisation politique.

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