C’est ainsi que le voient son biographe Peter Seewald, et aussi le cardinal Pell (qui a été lui rendre visite dès son retour à Rome…). Souhaits légitimes, et auxquels je souscris personnellement de tout cœur: Dieu a-t-il voulu qu’il soit là, en ce moment précis, pour corriger par ses enseignements lumineux les errements du pontificat par certains aspects catastrophiques de son successeur (et peut-être les excès de Vatican II)? Nous ne le savons pas. Mais le Saint-Père (émérite) serait probablement le premier à nous mettre en garde: personne ne sait la trace que le hommes d’aujourd’hui, fussent-ils grands, laisseront dans l’histoire, et ce n’est pas aux contemporains décider de qui est saint (au sens canonique du terme) et qui est « Docteur ».

Pour Benoît XVI, la reconnaissance de Docteur de l’Eglise?

19 décembre 2020
Ma traduction

Benoît XVI a été une figure d’une importance absolue dans l’histoire de l’Église et au-delà. D’où l’espoir que dans le futur, il sera proclamé docteur de l’Église.

« J’estime sa théologie et je suis dans sa ligne doctrinale. Je crois et j’espère que dans le futur, il sera proclamé docteur de l’Eglise », a affirmé le cardinal George Pell, qui est rentré à Rome il y a quelques semaines après une période de captivité dans les prisons australiennes. Parmi les premiers gestes posés à son arrivée en Italie, le cardinal australien est en effet allé rendre visite au pape émérite Benoît XVI.

Que signifie être un docteur de l’Eglise

Le titre de Docteur de l’Eglise, accordé par un Pape ou un Concile, est une reconnaissance très importante qui est donnée, de manière exceptionnelle, à ceux qui, à toute époque, ont affirmé et défendu l’orthodoxie chrétienne par leurs écrits.

Actuellement, seules trente-six figures de l’Église peuvent se vanter de ce titre spécial, tout au long des deux mille ans d’histoire du christianisme. Ce titre n’est donné qu’à titre posthume, après un processus de canonisation approprié et préventif.

Conditions pour être proclamé Docteur de l’Eglise

Les conditions nécessaires à la proclamation d’un Docteur de l’Eglise, selon la définition donnée par Benoît XIV, sont au nombre de trois. Une doctrine éminente, une sainteté de vie exceptionnelle, et enfin la déclaration du Souverain Pontife ou d’un Concile général légitimement réuni.

À l’origine, seuls les saints et les théologiens de l’Église occidentale en faisaient partie, comme par exemple saint Ambroise, saint Augustin d’Hippone, saint Jérôme et le pape Grégoire Ier, proclamé Docteur de l’Église en 1298 par le pape Boniface VIII. Mais plus tard, en 1568, des personnages appartenant à la tradition et à l’Église d’Orient, tels que saint Athanase, saint Basile le Grand, saint Jean Chrysostome ou saint Grégoire Nazianze, ont également été proclamés Docteurs de l’Église.

Qui sont les grands Docteurs de l’Eglise et pourquoi sont-ils devenus tels ?

Cependant, chaque docteur de l’Église a une histoire qui lui est propre, qui l’unit à la tradition et qui le rend en même temps unique et distinct des autres. Souvent, pour le style ou à la valeur littéraire de son œuvre, qu’il s’agisse de textes écrits, de transcriptions de discours publics ou même de lettres privées. Beaucoup d’entre eux ont composé des ouvrages apologétiques d’importance théologique, écrits pour déposer la foi chrétienne dans le cœur des fidèles et du peuple, ou pour combattre les terribles hérésies qui se sont succédées au cours des siècles.

Il y a eu cependant des docteurs de l’Eglise qui mirent l’accent sur l’aspect doctrinal, comme saint Grégoire ou saint Ambroise. D’autres, comme saint Augustin d’Hippone, sur l’aspect autobiographique. D’autres encore, comme saint Jean de la Croix ou sainte Catherine de Sienne, sur l’aspect mystique.

La figure révolutionnaire et consolidatrice de Benoît XVI

Benoît XVI a lui aussi été, dans le sillage des autres figures reconnues comme Docteurs de l’Eglise, l’une des personnalités certainement les plus hors de tout schéma et de toute catégorie. Par sa contribution au « Concile Vatican II, à la redécouverte des anciens Pères de l’Église, à la redynamisation de la doctrine, à la purification et à la consolidation de l’Église », il a été à la fois un défenseur d’un profond renouveau pour l’Église et de la préservation de la vraie doctrine et de la foi.

« En tant que théologien du peuple, il n’a jamais oublié qu’il venait d’une expérience de vie simple », capable de défendre « le point de vue des simples fidèles contre les froides impositions de nombreux professeurs d’université », a expliqué son biographe Peter Seewald. Qui en est certain : « Il est le type de personnage qui peut tout simplement être considéré comme le Docteur de l’Eglise pour l’ère moderne« .

La pensée de Ratzinger qui s’intéresse à la rencontre entre la foi et la raison
Ratzinger a en effet réussi à démontrer avec une grande clarté et lucidité de pensée « que la religion et la science, la foi et la raison, ne sont pas opposées ». Dans la mesure où « la raison est garante de la religion car elle lui permet de ne pas glisser dans les faux fantasmes ou le fanatisme violent ».

Pour Benoît XVI, l’Église constitue un fort pivot de « résistance contre les aberrations séduisantes du monde, contre l’abandon de Dieu, contre l’athéisme fondamentaliste et contre le néo-paganisme ». Nonobstant cela, l’éminent théologien allemand est aussi un « homme pragmatique, qui souhaite percevoir la vraie nature des choses et ne se laisse pas aveugler ou manipuler par certaines modes mais, en même temps, est ouvert à ce qui doit nécessairement être changé, trouvant le courage de faire les choses qui doivent être faites ».

La lutte contre le relativisme moral et pour l’affirmation de la foi

En témoignent les nombreux processus engagés au sein du Vatican, tant pour la lutte contre la pédophilie que pour la réforme de l’économie et des finances du Saint-Siège, la tentative de combattre la corruption et l’immoralité sous tous les angles, sans toutefois jamais céder au relativisme culturel ou moral. Mais au contraire, en le désignant comme le véritable mal de notre temps, sans céder aux faiblesses, sentimentalisme, hypocrisie de tous types.

En effet, il n’a pas hésité à trouver dans un certain relativisme moral, défini rien de moins que « dictature du relativisme », une composante de forte présence anti-christique. Il a fait de même en ce qui concerne le dialogue nécessaire avec les autres confessions, cultures et religions. Où Ratzinger s’est toujours montré aussi profondément ouvert à son voisin, à l’autre et au différent, mais il n’a jamais cédé sur le terrain du syncrétisme, de l’édulcoration religieuse, spirituelle et morale et de la soumission à un dialogue qui ne peut se fonder que sur la reconnaissance de la vérité ultime, sans demi-mesure.

Le biographe de Ratzinger : « Il est un maître pour toute l’Eglise ».

Ratzinger « est un maître pour toute l’Eglise, parce qu’il va toujours au centre, à Jésus-Christ », a expliqué Sewald. « Il nous a montré Jésus, une fois de plus, Jésus tout entier et non l’image de Jésus qui a été réduits en morceaux par certaines théologies et certaines représentations médiatiques ».

Tout cela a donné à Benoît XVI « l’autorité et les dons pour montrer que nous pouvons faire confiance à l’Evangile, tant spirituellement qu’historiquement ». « Je crois que le pape Benoît a apporté une contribution décisive contre la dilution de l’Evangile et a jeté les bases de la foi au XXIe siècle », a concluSeewald.

L’aversion pour le pontificat de Benoît XVI ? « Elle n’est pas due au hasard »
Le biographe a en effet rappelé que la forte aversion subie par le pape allemand durant son pontificat n’est pas un accident, loin de là. D’une part, c’était le signe d’une incompréhension d’une pensée si forte et si révolutionnaire qu’elle n’était pas facile à comprendre. D’autre part, le témoignage d’un homme qui n’avait pas peur de se heurter à l’hypocrisie et aux erreurs du monde, ne pensant jamais à se mélanger, à se compromettre ou en même temps à se perdre dans la mondanité et le mensonge.

« Peut-être le fait qu’il soit toujours calomnié rend-il son témoignage d’autant plus vrai. A la fin de sa vie, en tout cas, il est en paix avec lui-même et dans le Seigneur, car il a toujours accompli ses tâches avec tous les dons, spirituels et humains, qu’il a reçus ».

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