Une fois n’est pas (ou plutôt, plus) coutume, je souhaite renvoyer mes lecteurs distraits au blog de Sandro Magister, les autres l’ayant déjà sans doute consulté ponctuellement. Son dernier billet cueille avec justesse la différence rédhibitoire entre les deux pontificats (malgré les belles images d’idylle diffusées à intervalles réguliers par les médias du Vatican) que seul les aveugles, les idiots utiles habituels et les gens de mauvaise foi continuent obstinément à nier, et qui est bien résumée dans le titre: « Pour Benoît, la priorité est Dieu, pour François c’est l’homme ». Tout le reste en découle.

Voir aussi:
28 novembre 2020
Un consistoire masqué… et pas | Benoit et Moi

Voici ce qu’écrit Magister:

Ce qui frappe dans le magistère et dans les principaux actes de cette dernière phase du pontificat du Pape François, c’est la mise de côté de cette « priorité » qui, pour son prédécesseur Benoît XVI, « est au-dessus de toutes les autres », aujourd’hui plus que jamais, à une époque “où dans de vastes régions du monde, la foi est en danger de s’éteindre comme une flamme privée de nourriture”.
C’est-à-dire – comme Benoît XVI l’avait écrit dans sa lettre aux évêques du 10 mars de 2009 – la priorité consistant à “rendre Dieu présent dans ce monde et à ouvrir aux hommes l’accès à Dieu. Et pas à n’importe quel Dieu mais à ce Dieu qui a parlé sur le Sinaï ; à ce Dieu sur le visage duquel nous reconnaissons l’amour poussé jusqu’à l’extrême, en Jésus crucifié et ressuscité”.

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Noël approche. Mais de ce Dieu qui est né à Bethléem, il ne reste qu’une trace ténue dans la dernière encyclique de François « Fratelli tutti », au point que Salvatore Natoli, un philosophe réputé, y a plutôt discerné l’image d’un Jésus qui n’est « rien d’autre qu’un homme », et dont la noble mission a simplement été de montrer aux hommes que « dans leur don réciproque, ils ont la possibilité des ‘dieux’ à la manière de Spinoza : ‘homo homini deus’ ».
Le silence total sur Dieu est tout aussi impressionnant dans le message vidéo avec lequel François a lancé le « Global Compact on Education », un plan ambitieux – et qu’il a ensuite mis en œuvre en partenariat avec l’ONU – qu’il a lui-même offert à « toutes les personnalités publiques » engagées au niveau mondial dans le domaine de l’éducation, quelle que soit la religion à laquelle ils appartiennent.

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Dans ce plan, les mots d’ordre sont tous exclusivement séculiers. La formule dominante est « nouvel humanisme », avec son cortège de « maison commune », de « solidarité universelle », de « fraternité », de « convergence », d’ « accueil »… Ni plus ni moins que pour cet autre réseau mondial de « Scholas Occurentes » créée par Jorge Mario Bergoglio en Argentine et qu’il a ensuite érigé, une fois devenu Pape, en fondation de droit pontifical avec siège dans la Cité du Vatican [cf. Un Pape altermondialiste].
Et c’est même chose qui s’est passée pour cette nouvelle initiative pontificale intitulée « Economy of Francesco », dans laquelle le Pape, endossant le costume de son homonyme saint d’Assise, propose au monde rien DE moins qu’un « pacte pour changer l’économie actuelle », voire pour la renverser complètement en surfant sur la vague des « mouvements populaires », sauf que son partenaire dans cette entreprise n’est rien DE moins que le « Concil for Inclusive Capitalism », c’est-à-dire les magnats de Ford Foundation, Johnson & Johnson, Mastercard, Bank of America, Rockefeller Foundation et compagnie.

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Et Dieu dans tout ça ? On pourra toujours opposer aux critiques du Pape Bergoglio – comme on l’a écrit – que « toute la doctrine traditionnelle trinitaire et christologique » est chez lui « présupposée » et « qu’il ne faut pas nécessairement la répéter textuellement et intégralement ».

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Mais ce n’était clairement pas l’option de Benoît XVI qui, même comme Pape émérite, n’a cessé de répéter et d’affirmer avec force qu’il fallait « mettre Dieu en avant et non pas le présupposer », encore dernièrement dans ses « notes » offertes au pape régnant à la veille du sommet sur les abus sexuels de février 2019.
Et effectivement, dans ces « notes », Joseph Ratzinger a encore une fois pointé du doigt l’oubli de Dieu comme étant la cause première de la crise actuelle de l’Église, dans la sphère sexuelle mais pas uniquement.

Sandro Magister, Settimo Cielo, 21/12/2020

La suite est à lire ici ( www.diakonos.be/settimo-cielo…/ ), et l’article se prolonge par une réflexion du cardinal Ruini extraite d’un livre collectif récent consacré à ces fameuses « notes » (auxquelles j’avais moi-même dédié un dossier: Notes de Benoît sur le scandale des abus sexuels) et intitulé Chiesa sotto accusa. Un commento agli ‘Appunti’ di Benedetto XVI.

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