Je reprends ici l’article que j’ai publié avant hier (Avortement, le double jeu de François : le cas de l’Argentine), à propos d’un débat triangulaire Magister-Quarracino-Tosatti. La lettre du neveu du cardinal Quarracino, (prédécesseur de Jorge Bergoglio à la tête du diocèse du Buenos Aires, et promoteur de sa désignation – il n’est donc pas issu d’un milieu anti-bergoglien primaire), cité par Sandro Magister, n’avait pas été traduite en français. Carlota a bien voulu s’en charger. C’est une utile « piqûre de rappel ».

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Cher Sandro,

En ce qui concerne ton article sur la censure qui serait appliqué au Pape Bergoglio quand il se réfère à l’avortement, je me permets de d’apporter quelques précisions et corrections.

S’il est vrai  que ces derniers temps le souverain pontife a rendu explicites les définitions que tu mentionnes, il ne faut pas oublier deux choses.

D’abord, que depuis qu’il a gagné les élections présidentielles, et avant d’assumer la présidence, Alberto Fernández a affirmé à plusieurs reprises que la priorité de sa prochaine législature serait la légalisation de l’avortement. À l’époque, la hiérarchie catholique a fait une déclaration contre, mais une déclaration  toute en douceur et « sans rentrer dans la bagarre ». L’attitude de l’épiscopat a été tout aussi complaisante, comme le démontre un fait plus que significatif : le président a assisté le soir de Noël, à la messe célébrée dans la paroisse de San Cayetano de Buenos Aires par l’évêque auxiliaire villero  (en vo, espagnol d’Argentine villero, villa, quartiers pauvres) de Buenos Aires, Mgr Gustavo Carrara, avec photo montrant leur bonne camaraderie à l’appui.

Après quoi, à la fin de janvier de cette année, le président argentin a été reçu en visite officielle par François, dans un climat de généreuse cordialité. À cette occasion, non seulement ils n’ont même pas fait allusion à la décision pro-avortement d’Alberto Fernández, mais en outre Mgr Marcelo Sánchez Sorondo a célébré une messe scandaleuse dans la crypte où sont déposés les restes de Saint Pierre, en lui donnant la Communion, malgré sa « foi » pro-avortement avouée et sa décision de promouvoir la peine de mort prénatale.

Résultat : il était évident que le premier magistrat argentin allait faire avancer de façon décisive son projet, et que la hiérarchie de l’Église, argentine et vaticane, allaient offrir une opposition soft, en réaffirmant sa posture pro-vie et …rien de plus.

La pandémie du Covid-19 a rendu obligatoire le report des plans gouvernementaux, jusqu’à ce qu’ils soient aujourd’hui présentés au Parlement National, comme tu le mentionnes.

C’est dans ce contexte  que ces affirmations pro-vie et ces oppositions à l’avortement de Bergoglio-François sont portées à notre connaissance, toutefois elles ne sont pas précisément percutantes dans leur forme publique, et elles ont été transmises par l’intermédiaire de courriers privés.

Dans le premier des cas, dans le livre-entretien « Soñemos juntos » (ndt sous-titré « El camino a un futuro mejor », rêvons ensemble, le chemin vers un avenir meilleur,- titre parution en anglais “Let Us Dream: The Path to a Better Future” déc 2020), par Austen Ivereigh). Ce sont des formulations doctrinalement justes et précises, mais quelques jours plus tard, on apprend la coopération du Souverain Pontife en faveur d’un Conseil pour le Capitalisme Inclusif, comme s’il était l’aumônier de cet entreprenariat de la grande ploutocratie internationale, avec des entreprises et des personnages qui ont TOUS été les responsables de la mise en œuvre du plus grand génocide connu dans l’histoire de l’humanité, celui des enfants à naître. C’est-à-dire que Bergoglio joint sa participation à un entreprenariat politico-économique, associé à ceux qui ont mis en œuvre et effectué le génocide que lui-même critique. Autrement dit : critique dans les mots contre l’avortement, mais partenaire dans les faits avec les promoteurs de l’avortement. N’est-ce pas un peu schizophrène ?

Dans le second des cas, la réponse de Bergoglio aux femmes des quartiers populaires, les deux questions sont bien posées, mais ce que les femmes lui demandaient, c’était son aide pour affronter l’offensive pro-avortement en cours.

Dans le troisième des cas, le Père José de Paola fait savoir ce que Bergoglio lui a écrit sous forme privée: il affirme que ce que le souverain pontife lui dit n’est pas la même chose que ce qu’il exprime sous forme publique et officielle.

C’est la même chose pour le troisième des cas, la lettre à un groupe de ses anciens étudiants argentins. Il le dit sous forme privée, comme dans le cas du père de Paola.

Si sa position était catégorique, ce qu’il devrait faire, et il en a encore le temps, c’est d’écrire sous une forme publique et officielle, avec en en-tête, sa qualité de pape, des lettres au président argentin et à la vice-présidence Cristina Kirchner, en leur exprimant son rejet total et absolu, selon la modalité qu’il a utilisée avec les femmes, avec le père Pepe (ndt diminutif de José, donc le Père de Paola) et avec ses anciens élèves.

Il pourrait également, – et il devrait le faire -, demander des prières en faveur de l’Argentine pour qu’elle puisse affronter avec succès l’offensive génocidaire en marche, tant aux cours des Audiences des mercredis que lors des Angélus dominicaux. Si sur d’autres sujets, il se compromet publiquement, – environnement, immigrants inégalité économique au niveau mondial -, pourquoi ne le fait-il pas sur ce sujet, qui est plus important que ceux qui viennent d’être mentionnés ?

Quant aux relations avec Madame Cristina Kirchner, il est peut-être vrai qu’il n’a jamais eu de relation avec elle depuis qu’elle n’est plus présidente, mais ce que ne dit pas Bergoglio c’est que c’est lui qui a organisé personnellement en 2014 la rencontre et le lien avec le sinistre George Soros, qui est le principal opérateur politique et financier ces dernières années en Argentine de l’offensive pro-avortement. C’est depuis cette époque que son exhortation adressée aux Argentins qui lui rendaient visite, de « prendre soin de Cristina » est devenue célèbre.

Prendre soin de Cristina Kirchner pour qu’elle soit maintenant la principale instigatrice, au Sénat argentin, de l’approbation de la loi génocidaire. C’est à elle qu’il doit écrire officiellement et publiquement les concepts exprimés sous forme privée. S’il ne le fait pas, alors nous serons en présence d’un montage pour couvrir une complicité de fait, même si elle ressemble – c’est tout ce qu’il y a pour le moment -, à une opposition complète. Jusqu’à présent, c’est une opposition apparente, dissimulée sous des formules théoriques.

Faire des affaires avec les maîtres du Pouvoir Mondial, – les Rothschild, les Rockefeller, la Fondation Ford, etc., ce n’est pas gratis. Ils vous réclament le sang de ceux qui peuvent mettre en péril leur « règne » mondialiste, tout comme Hérode.

José Arturo Quarracino

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