Au nom du vaccin? Une originale réflexion d’Ettore Gotti Tedeschi (propre à inspirer la nôtre) dans « La Verità »: il constate les multiples points de convergence entre l’Eglise et le grand capital, qui ont trouvé un terrain idéal dans la pandémie en cours… dans l’attente du « Great Reset ».

De la pandémie, il semble que sortira un compromis historique différent
La Verità, 28/12/2020
(Via Marco Tosatti, ma traduction)

Au nom du covid, le capitalisme cherche la nouvelle alliance avec l’Eglise

Nous devons nous préparer à subir le dernier avatar de l’utopie du Great Reset pour résoudre tous nos problèmes et faire du monde un meilleur endroit. C’était à prévoir ; nous ne devrions pas être surpris. Depuis quelque temps déjà, nous avons été avertis que quelque chose de grave se produirait si la croissance démographique et les dommages environnementaux qui en découleraient n’étaient pas immédiatement stoppés. L’avertissement soft a évolué en une menace hard et maintenant, on nous dit enfin que c’est une réalité qui justifie des actions extraordinaires afin de lutter contre le Covid. Comme d’autres reset, cela aussi aura des conséquences totalement différentes des intentions déclarées. Mais à qui ces conséquences seront-elles utiles ?

Le climat de peur uni à la perception qu’ils ne nous disent pas ce qui se passe réellement rappelle le climat de peur et de secret qui régnait lors de la « menace atomique » des années 50, lorsqu’il était entendu que les pouvoirs secrets de la nature (en l’occurrence les pouvoirs nucléaires) étaient aux mains de quelques élus, tandis que le reste de l’humanité vivait dans la crainte d’une guerre atomique, se demandant si ces pouvoirs seraient un jour utilisés. Jusqu’à récemment, on n’aurait jamais cru qu’il faudrait utiliser la peur pour accepter le Great Reset, tout comme on a utilisé la peur pour faire accepter l’ère atomique. Nous pensions que Greta était suffisante. Mais les mystères ne s’arrêtent pas là.

L’aspect le plus curieux est l’étrange alliance pour le Reset qui s’est créée entre les ex- « oppresseurs du peuple » (les capitalistes) et l’ex- « opium du peuple » (l’Église), tous deux en difficulté mais aujourd’hui été réunis par le Covid. Contrairement aux reset du passé, celui-ci semble témoigner d’une forme inattendue de « dialogue » qui semble s’inspirer d’une forme de « compromis historique » ou de réconciliation entre l’Église et le capitalisme libéral. Tous deux compromettent leurs propres convictions – au nom du bien commun, évidemment… Pensez à la façon dont les étoiles se sont alignées pour le sommet Davos-Assise, à l’Alliance mondiale du « Conseil pour un capitalisme inclusif », à l’alliance avec l’UNESCO pour le Pacte mondial sur l’éducation. Cette surprenante et fantastique stratégie de dialogue et de réconciliation est à la fois fascinante et curieuse. Jusqu’à récemment, le dialogue semblait difficile entre les anciens « oppresseurs du peuple » (les sinistres capitalistes) et l’ancien « opium du peuple » (la religion/l’Église). Les deux anciens ennemis semblent s’être alliés aujourd’hui pour réaliser les idéaux de fraternité et d’égalité, tout en proclamant qu’ils protègent la terre mère. Mais l’alliance semble aussi espérer « le vaccin du peuple ». De nombreuses conférences épiscopales ont maintenant invité tout le monde à se faire vacciner, comme un acte d’amour envers son prochain, tout comme un certain nombre d’évêques ont été vaccinés en public. Et maintenant, le Pape lui-même demande « le vaccin pour tous ».

Un aspect curieux se trouve dans le fait que le dialogue, qui a été autrefois tenté et accompli entre les « puissants », aurait aujourd’hui lieu entre les « faibles » qui n’ont été rendus forts que par les graves circonstances actuelles. Qui aurait pu deviner qu’il y aurait une alliance entre un capitalisme arbitrairement déclaré en faillite et un catholicisme proche de l’auto-extinction, dans un contexte de pauvreté matérielle et spirituelle ?

Mais il ne faut pas s’étonner d’une alliance entre celui qui est persécuté et son persécuteur. Il existe déjà un document du Magistère (Gaudium et Spes n.44) qui « admet » que « l’Eglise a largement profité et profite encore de l’antagonisme de ceux qui s’opposent à elle ou la persécutent » (sic !).

Vous voulez voir la preuve que ce qui se passe est la fameuse stratégie des « mains tendues » de Palmiro Togliatti? Vous rappelez-vous quand Togliatti [le chef du parti communiste italien de 1927-1964, ndt] a tendu la main à l’Église, proposant une trêve idéologique afin de réaliser des objectifs communs (égalité sociale, fin de l’exploitation, etc.) contre le capitalisme, l’ennemi commun ? Et il a tendu la main même s’il a toujours considéré la religion comme « l’opium du peuple », mais pour lutter contre l’oppression capitaliste, « l’opium du peuple » a pu devenir le « médicament du peuple » puisqu’il était allié au communisme. Si cette hypothèse était vraie, cela signifierait que le capitalisme, en ce moment de crise socio-économique, afin d’éviter le risque d’une alliance entre l’Église catholique et le communisme (même le communisme chinois), pourrait se transformer en néo-capitalisme socialiste, distributionniste, écologiste, ne plus être « l’oppresseur du peuple », s’allier à une religion qui n’est plus « l’opium du peuple » et à une église qui n’est plus une église « des faibles et des affligés qui ont été battus » (comme le disait Nietszche) afin de lutter ensemble contre les inégalités et de protéger l’environnement.

Est-ce aussi une alliance pour promouvoir et distribuer le vaccin?

Ettore Gotti Tedeschi

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