Sur ce qui s’est passé hier à Washington au moment où le Congrès s’apprêtait à certifier l’élection de Joe Biden, je n’ai pas lu grand chose d’original en français, et les médias mainstream ont fait ce qu’ils font depuis 4 ans: désinformer, traîner Donald Trump dans la boue, tout en exultant car ils CROIENT avoir réussi à le pousser à la faute et justifier ainsi une « sortie » infâmante. Il est encore trop tôt pour tirer des bilans, et les prévisions sont, ici comme ailleurs, un exercice à haut risque: nul ne peut dire ce qui va se passer. L’article de Stefano Magni, aujourd’hui dans la Bussola, relatant les faits sans dramatiser, me semble équilibré et juste. A suivre.

Une Tea Party au Capitole bloque la confirmation de Biden

Stefano Magni
7 janvier 2020
La NBQ
Ma traduction

Qu’avons-nous vu hier à Washington ? Le Capitole a été occupé par des manifestants pro-Trump, pendant quelques instants, brefs mais intenses, qui ont interrompu le processus de certification du vote présidentiel. On avait l’impression de regarder un film de politique fiction, mais c’était en direct. Nous pensions avoir tout vu, au cours de l’année écoulée, mais nous n’imaginions pas être témoins de scènes de révolution au cœur des États-Unis.

Que s’est-il passé exactement ? Le Congrès s’est réuni pour certifier la victoire de Joe Biden à l’élection présidentielle. La certification, en temps normal et lors d’élections normales, est un acte purement formel. Mais pas dans cette élection de 2020. Quand en effet, par ordre alphabétique, est venu le temps de la reconnaissance des 11 votes électoraux de l’Arizona, le premier des six États où les républicains mettent en doute la régularité de la victoire du candidat démocrate, le sénateur Ted Cruz s’est levé avec une petite troupe de sénateurs et a officiellement contesté la certification. C’est déjà un fait plus unique que rare, même si c’est dans les limites du jeu institutionnel régulier. Comme l’a souligné le vice-président Mike Pence, qui présidait la session, les contestataires exerçaient leur droit. Le débat sur le vote de l’Arizona a donc commencé, lorsque la session a été soudainement interrompue. Les manifestants avaient fait irruption dans le Capitole.

Que se passait-il, en fait, à l’extérieur des salles feutrées du Congrès? Et que s’était-il passé auparavant? Depuis la veille, une foule considérable de partisans du président Donald Trump s’était réunie à Washington pour protester contre une élection de Joe Biden que plus de 70 % des électeurs républicains considèrent comme frauduleuse. Les tribunaux ont jusqu’à présent rejeté les actions en justice intentées par l’équipe d’avocats de Trump, les réseaux sociaux mettent en garde avec des bannières (ou interdisent directement) toute personne qui publie en ligne des informations sur des suspicions de fraude, les médias considèrent unanimement qu’il s’agit d’une mega-fake new. Pour faire simple tous les canaux de dialogue, ou même simplement d’exutoire, ont été fermés au cours des deux derniers mois. Si vous avez un soupçon de fraude, vous ne pouvez même pas en parler en privé [ndt: comme pour le vaccin…]. La condition parfaite pour qu’une révolte éclate.

Il y avait plusieurs façons de désamorcer la bombe avant qu’elle n’explose. Trump venait de se quereller avec le vice-président Mike Pence, demandant, mais sans succès, de renvoyer aux États la décision de certifier les votes électoraux. En effet, dans les États encore contestés, les grands électeurs à la fois de Trump et de Biden ont déposé leurs bulletins de vote. Par contre, le groupe de sénateurs dissidents a demandé, plus simplement, la création d’une commission d’enquête, d’une durée maximale de 10 jours (afin de ne pas gêner la date d’inauguration de la nouvelle administration, le 20 janvier), afin d’examiner à nouveau tous les cas de fraude présumés. Cette option a également été refusée. Juste au moment où Trump haranguait sa foule pour ne pas abandonner et pour continuer à se battre « pour sauver le vote ».

Dans ces circonstances, l’impensable s’est produit. Une partie de la manifestation pro-Trump, après le discours du président, s’est dirigée de la Maison Blanche vers le Capitole. Et un groupe de supporters de Trump a réussi à entrer à l’intérieur. Il y a encore des incertitudes sur ce qui s’est passé au Capitole et les sources diffèrent sur de nombreux détails. Les journalistes qui se trouvaient à l’intérieur rapportent que des militants vêtus de noir « armés d’extincteurs ont brisé portes et fenêtres ». Et il y a aussi le soupçon que des Antifas s’étaient infiltrés parmi les les partisans de Trump. Mais plusieurs manifestants républicains, dont des personnes âgées, ont répondu aux questions des journalistes en leur disant qu’ils avaient participé à l’irruption et n’avaient été témoins d’aucune scène de violence. Au contraire, ils se sont plaints d’une réaction policière excessivement violente contre des personnes non armées. Deux personnes ont été blessées par les forces de sécurité, touchées par une balle et une bombe lacrymogène, selon les témoignages de ceux qui ont participé à l’intrusion. Une femme, blessée par la police, est morte par la suite, selon les rapports de la police de Washington.

En tout cas, il n’y avait pas d’armes parmi les « insurgés » (c’est la définition donnée par Joe Biden), elles avaient été officiellement interdites dans la région de Washington DC. On peut d’autant moins parler de « coup d’État ». On n’a pas vu non plus la violence contre les institutions, les forces de l’ordre et les biens des citoyens ordinaires qui s’est déchaînée au cours des six derniers mois lors des manifestations d’Antifas et de Black Lives Matter. Manifestions que pourtant, presque tous les médias ont défini comme « légitimes » et « pacifiques ». L’événement d’hier était plutôt une sorte de nouvelle Tea Party, dans la plus classique tradition américaine: quand les opposants les plus radicaux à George III, en 1773, déguisés en Amérindiens, ont occupé des navires marchands britanniques et ont renversé toute leur cargaison de thé en mer, en protestation contre le monopole. Là encore, la manifestation a pris la forme d’une occupation symbolique d’un lieu de pouvoir, des manifestants masqués et colorés occupant les bureaux des politiciens (dont celui de Nancy Pelosi) et les bancs du Parlement, prenant des photos et s’amusant, plus pour se moquer des institutions et du système que pour le détruire ou l’occuper. Mais à en juger par les déclarations de Biden qui, en fait, parle d’ « insurrection et non de protestation » et par les alarmes lancées par les dirigeants mondiaux partenaires des États-Unis [dont « notre » Macron (*) qui s’est fendu d’une déclaration solennelle sur Twitter à 2 heures du matin, avec une dernière phrase prononcée… en anglais, et relayant un hashtag #WeAreOne qui résonne étrangement de la part du président de la république française – ndt], la réaction sera dure. Hier à 18 heures (heure de l’Est des États-Unis), un couvre-feu a été imposé à Washington.

Mais là n’est pas la question : en remportant également les deux sénateurs géorgiens, les démocrates ont maintenant les moyens et le nombre au Congrès pour déclencher une chasse sans précédent aux conservateurs, en la justifiant peut-être sous le prétexte d’empêcher de « nouveaux coups d’État ».

Mise à jour de 8 heures : Le bilan est de 4 morts et 13 blessés et reste temporaire. La femme tuée par la police à l’intérieur du Capitole est Ashli Babbit, une ancienne de l’armée de l’air. Les 3 autres victimes sont mortes des suites d’un malaise, elles n’ont donc pas été tuées. 52 personnes ont été arrêtées. Le FBI enquête pour retrouver l’identité de tous les militants qui ont participé à l’agression et a ouvert une ligne d’assistance téléphonique pour recueillir les plaintes et les rapports.

(*) NDT
Mots Clés : ,
Share This