L’éditorial du jour sur la Bussola: 2020 a été une « annus horribilis » non pas tant comme celle du covid que comme l’ « année-épiphanie » du visage dictatorial de la démocratie que nous devrons affronter dans les années à venir. Voici une revue (non exhaustive!) des dogmes du politiquement correct qui vont désormais régler nos vies – et malheur à celui qui les met en doute. L’auteur conclut sous forme de provocation: rendez-nous le Moyen-Âge. Au moins on a construit des cathédrales. Et les hommes étaient plus libres que maintenant!

L’hiver de la démocratie

Antonio Zama
La NBQ
16 janvier 2021
Ma traduction

Il est désormais clair que l’objectif des élites politico-médicales est de nous maintenir dans un état d’incertitude à outrance. Tout cela dans un état de stupeur générale où les médias et les plus hautes institutions rivalisent pour ne pas poser de questions et ne pas fournir de réponses….

Nous savons bien que, surtout en politique, on écrit provisoire et on lit définitif. Ceux qui avaient l’illusion que les mesures restrictives étaient de nature temporaire ont reçu la confirmation entre Noël et l’Épiphanie qu’au contraire, le but des élites politico-médicales est de nous maintenir dans un état d’incertitude à outrance, en affaiblissant toute aspiration résiduelle, je ne dirai pas de liberté, mais de sérieux.

Le robinet s’ouvre, se ferme, reste à moitié ouvert ou à moitié fermé, il peut s’ouvrir partiellement ou se fermer totalement, « accrochant » la décision à des indices changeants et facilement surmontable ou non selon la volonté politique. Tout cela dans un état de stupeur générale, dans lequel les médias et les plus hautes institutions se font concurrence pour ne pas poser de questions et ne pas fournir de réponses.

Exemple, parmi mille : quelqu’un connaîtrait-il non pas la date, il ne manquerait plus que cela, mais les conditions dans lesquelles on peut reprendre une vie normale ? 50, 60 ou 70% des personnes vaccinées ? Et sur la base de quels paramètres ? A-t-on pris en compte ceux qui ont déjà développé des anticorps, au moins sur une base statistique ? Il ne me semble pas qu’on en parle de façon citoyenne, comme on dit aujourd’hui avec un terme qui ne veut rien dire mais plaît beaucoup.
En y regardant de plus près, il n’est pas si paradoxal que cela qu’alors que nous sommes tous concentrés sur les batailles pour la reconnaissance de nouveaux droits et libertés, nous perdions ceux sur lesquels nous nous sommes appuyés pendant des décennies, qui nous semblaient être un acquis et qui sont maintenant considérés comme allant de soi.

Et il n’est pas paradoxal que ces chaires d’où résonnent depuis des décennies les fanfares de la mémoire, des libertés à conquérir au jour le jour, de ne pas oublier, soient aujourd’hui silencieuses ou occupées à trouver ou à propager les justifications les plus convaincantes, celles qui annihilent le public qui finit, d’abord, par se demander s’il n’est pas allé trop loin dans la réflexion et, ensuite, par s’auto-flageller, espérant ne pas être précipité parmi les damnés étiquetés du négationnisme.

Ce n’est pas paradoxal car nous vivons imprégnés des dogmes du politiquement correct, du liquide amniotique moderne alimenté par la rhétorique et la peur. L’effet est que l’exercice du questionnement, du doute, du raisonnement, est réprimé et celui de la dissidence est réduit au silence. C’est pourquoi 2020 était l’annus horribilis, sans doute pas tant pour le Covid que comme année-épiphanie du visage dictatorial de la démocratie que nous devrons affronter dans les années à venir.

Le dogme du politiquement correct est en dehors de la vérité : il décrit quelque chose qui est, qui n’a pas besoin d’explication, qui doit être accepté comme une réalité ontologique avant le temps et hors du temps, indiscutable. C’est la religion qui anesthésie et désinfecte.
Examinons certains de ces dogmes : nous pouvons en faire un jeu de société agréable pour enrichir les après-midi domestiques :

  1. Le gouvernement actuel travaille pour notre bien, nous devons lui faire confiance…
  2. L’unité est nécessaire : il ne peut y avoir ni discussion ni controverse.
  3. Ce qui est essentiel pour le citoyen est décidé par le gouvernement et, en dernier ressort, par l’État.
  4. Si quelque chose tourne mal, c’est la faute du citoyen indiscipliné.
  5. La compression des droits et des libertés est justifiée et proportionnée au risque de contagion
  6. Les réseaux sociaux ont le droit d’occulter ce qui n’est pas conforme au politiquement correct
  7. Les villes vides sont plus désirables que les villes surpeuplées
  8. Les chiffres ne nécessitent pas d’explications
  9. Les conférences de presse sont des événements de gala où l’on écoute et où l’on ne pose pas de questions
  10. La médecine est une science qui repose sur des déclarations apodictiques infaillibles
  11. Le vaccin est le seul espoir et c’est un devoir moral de se faire vacciner
  12. L’objection de conscience est intolérable
  13. Si vous ne vous faites pas vacciner, vous devez être banni
  14. La liberté d’expression est valable tant que vous dites ce que j’attends de vous
  15. Un monde sans argent liquide est souhaitable
  16. Si vous êtes un commerçant, vous faites du black
  17. La santé publique est l’avenir, la santé privée un passé détestable.
  18. Nous avons besoin d’un changement de mode de vie définitif.
  19. Être plus pauvre mais avec un revenu garanti, c’est mieux.
  20. Le fait qu’il s’agisse d’une fake new dépend de l’endroit d’où elle provient
  21. Un Noël sobre et seul est mieux que le Noël traditionnel
  22. L’agenda vert est essentiel pour l’avenir de la planète

L’exercice pourrait continuer longtemps : il suffit d’observer les réactions adressées aux imprudents qui posent des questions ou, pire, font des déclarations extra ordinem.
La rhétorique et la peur se prêtent mutuellement leurs armes dans des phases alternées. Masque et autodéclaration, vaccination et couvre-feu, distanciation et autorisation. Les médias de régime n’ont pas besoin de circulaires (velini: voir ici), ils sont parfaitement alignés. Le sujet doit se sentir appelé aux armes et ne pas pouvoir se demander pourquoi.

Que puis-je faire, moi, pour l’État ? Il serait bon que les élites fassent quelque chose pour moi: clarifier la façon dont les décès sont comptés, la signification des mesures prises et le moment de leurs décisions, l’utilisation des communications du gouvernement, le rôle des techniciens, pourquoi on ne s’est pas concentré sur les soins, sur la base de quels éléments le vaccin est considéré comme aussi sûr que d’autres en usage, dans quelles conditions ils pensent que nous pourrons revenir (si nous pourrons revenir) à la normale.

L’impression est qu’il est maintenant tard, une fois que le renard est entré dans le poulailler il n’y a plus d’histoire, nous nous sommes volontairement habitués à la mystique du politiquement correct et des informations mystifiées. Si j’avais eu le choix, j’aurais préféré la mystique du toucher des écrouelles, un attribut et un pouvoir des souverains médiévaux (et du roi de France, jusqu’à Louis XVI, ndt).
C’était le bon temps : il y avait la peste, les famines, la guerre, la mort, la peur quotidienne, mais la vie était florissante et la liberté bien plus grande que ce que nous sommes enclins à croire. Avant tout, les cathédrales ont été construites dans une course à qui pourrait les rendre plus grandes, plus hautes et plus riches. Nous, remplis de rhétorique sur la culture, avons, sans réfléchir, fermé les musées, les théâtres et les cinémas. Gonflé de rhétorique sur l’éducation, nous avons fermé les écoles. Gavés de rhétorique sur la socialité, nous avons fermé les bars, les pubs, les restaurants, les trattorias, les tavernes, les piscines, les gymnases, les terrains de sport et les stations de ski. Bourrés de rhétorique sur le partage, nous avons éteint la famille. Il doit y avoir une raison.

C’est l’hiver de la démocratie. Rendez-nous l’automne du Moyen Âge.

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