À l’occasion d’un congrès de psychiatres, le secrétaire du pape Benoît a évoqué dans une visioconférence sa vie quotidienne au Vatican. Article de Die Tagespost, traduit par Isabelle.

MGR GEORG GÄNSWEIN : EN 2013, BENOIT XVI PENSAIT QU’IL N’AVAIT PLUS LONGTEMPS A VIVRE

À l’occasion d’un congrès de psychiatres, le secrétaire du pape Benoît évoque sa vie quotidienne au Vatican. Il explique que le pape émérite « est devenu pour lui comme un second père ». Mgr Gänswein constate « une dissension au sein de l’Eglise comme il n’en a plus existé depuis des siècles ».

Die Tagespost  
27 mars 2021
Traduction d’Isabelle

Aux dires de son secrétaire, le pape émérite Benoît XVI tenait pour certain que sa mort ne tarderait pas : « Quand Benoît XVI s’est retiré au printemps 2013, nous pensions lui et moi – je peux l’avouer aujourd’hui – qu’il n’avait plus que quelques mois à vivre, sûrement pas huit années. Or tout s’est passé autrement. »

Dans le cadre d’un congrès en ligne de l’« Institut pour la dimension religieuse en psychiatrie et en psychothérapie » (Institut für Religiosiät in Psychiatrie und Psychotherapie, RPP), dont le siège est à Vienne, l’archevêque Georg Gänswein a livré, dans sa vidéo-conférence, un témoignage très personnel : « Depuis la mort de mon père, le pape émérite Benoît est devenu pour moi de plus en plus un nouveau père, d’une manière qui n’aurait sans doute pas été possible s’il était resté en charge. Cela se concrétise dans une intimité de plus en plus forte, ­telle que nous n’en avons jamais connu auparavant : chaque après-midi, dans les jardins du Vatican, nous contemplons ensemble notre Seigneur et Rédempteur Jésus-Christ dans la prière du rosaire. »

« Un lockdown expérimental depuis huit ans »

Les restrictions imposées en raison de la pandémie COVID « ont peu touché » Benoît XVI et son secrétaire, qui sont en cela « des personnes privilégiées ». L’archevêque, dans sa conférence on-line, explique : « Pour nous, c’est un peu comme si, voici huit ans, avec sa renonciation, le pape Benoît avait décidé pour nous une sorte de lockdown expérimental ».

Mgr Gänswein, qui est aussi préfet de la Maison pontificale, a lu les rapports sur « les foules qui se pressent chez les psychothérapeutes, les terribles dommages collatéraux et le nombre alarmant des suicides, un sujet qui reste strictement tabou ». Pour lui, la pandémie « a conduit à un moment de séparation et de rupture décisif après lequel nos vies, comme après une bifurcation, se poursuivront sur des chemins différents de ceux d’avant, et cela quels que soient les milieux culturels, les religions ou les nations ».

Le diagnostic d’une profonde crise de l’Eglise

L’archevêque Gänswein en est convaincu : « L’Église catholique elle-même est dans une crise profonde – avec une grave fracture interne comme elle n’en a pas connu depuis des siècles ». Face à cette crise de l’Église et au vu de « tous les débats sur les moyens possibles d’en sortir », on pourrait s’attendre aujourd’hui « à une réponse différente de chaque évêque allemand ».

À toutes les époques dans l’Église, il y eut simultanément des saints et des criminels, dit Mgr Gänswein, citant en exemple Mère Thérésa et le cardinal McCarrick. Même les saints, ajoute-t-il « ne reconnaissent souvent pas les criminels qu’ils côtoient », comme « saint Jean-Paul II n’a pas vu clair dans le fondateur d’ordre Marcial Maciel Degollado, coupable d’abus sexuels » : « Les saints ne sont ni des voyants, ni des magiciens. »

Selon Mgr Gänswein, la foi chrétienne « permet de résister à toute forme de peur, et d’abord grâce aux sacrements de l’Eucharistie et de la confession ». Ces deux sacrements sont, dit-il, « sources de force de résilience, comme un remède divin ». Lui-même célèbre chaque matin l’Eucharistie avec Benoît XVI dans la chapelle de leur maison. Il se confesse toutes les trois semaines. Enfin, le secrétaire du pape émérite a révélé lors du congrès du RPP sa recette personnelle : « La contemplation constante de Dieu en Jésus-Christ renforce, plus que tout médicament, ma force de résistance ».

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