Il faudrait plutôt écrire « la vraie-fausse démission » car évidemment, la lettre [traduction en français par Zenit] adressée au Pape par le chef de file de l’Eglise progressiste en Allemagne est un message codé, adressé non pas à Rome mais à Cologne, si l’on en croit le toujours bien informé Giuseppe Nardi: il s’agit en réalité de pousser vers la sortie, par « suggestion », le cardinal Wölki, épine dans le pied des jusqu’au-boutistes du « parcours synodal ».

La « démission » de Munich n’est pas un message à Rome, mais à Cologne

Giuseppe Nardi
katholisches.info
4 juin 2021

L’offre de démission du cardinal Reinhard Marx [67 ans, donc loin de l’âge de la retraite canonique, ndt], archevêque de Munich et Freising, « serait une bonne nouvelle pour une fois », comme il est dit dans un commentaire diffusé sur les réseaux sociaux. Le 5 mai déjà, l’Augsburger Nachrichten évoquait la demande de démission du cardinal Marx après qu’il ait admis des « erreurs » dans le traitement d’un prêtre accusé d’abus. Cependant, le contexte de l’ « Opération Démission » est différent.

Comme on ne le sait que maintenant, le cardinal Marx a déjà présenté son offre de démission au pape le 21 mai. Ce dernier n’a toutefois pas pris de décision avant aujourd’hui. On ne semble donc pas être pressé à Rome. Dans ses déclarations à la presse, qui ont été faites entre-temps, [le cardinal] a parlé d’une « responsabilité commune » pour la « catastrophe des abus ». Une telle coresponsabilité existe de toute façon, même si c’est à un niveau tout à fait différent, par exemple dans le fait que le cardinal Marx a jusqu’à présent empêché la discussion du fait qu’au moins 80 % de tous les cas d’abus pédosexuels étaient de type homosexuel.

Mais pourquoi n’y aura-t-il pas de démission ? Tout d’abord, parce que le cardinal Marx est également le représentant de l’Europe au sein du C7, le Conseil des cardinaux qui conseille le pape François sur la gouvernance de l’Église universelle et la réforme de la Curie romaine, qu’il est également coordinateur du Conseil économique du Vatican et qu’il est le cardinal protecteur du Secrétariat à l’économie du Vatican.

Le principal argument contre une démission est la chronologie. Le cardinal Marx a présenté son offre de démission le 21 mai, et le pape François a envoyé des visiteurs apostoliques à Cologne, et non à Munich, le 28 mai. En mars dernier, une commission indépendante avait blanchi le cardinal Wölki des accusations de mauvaise gestion d’un cas d’abus sexuel, et le pape François l’a de nouveau placé sous le coup d’une suspicion générale – à la grande joie des milieux ecclésiastiques progressistes radicaux.

Le véritable destinataire de l’offre de démission, comme l’indiquent également les réactions des médias, semble être le cardinal Rainer Maria Wölki, l’archevêque de Cologne. La pression sur le Cardinal Wölki a été massivement augmentée ces derniers jours. C’est lui qui doit être poussé à la démission. Selon son rang, le cardinal Wölki dirige la minorité de la Conférence épiscopale allemande qui s’oppose aux révolutions « pastorales » qui riment avec néo-modernisme. Cette minorité se trouve numériquement limitée, et abandonnée par Rome, dans une position plutôt désespérée, mais elle est plus qu’une simple épine dans la chair de la majorité. Elle empêche l’unanimité souhaitée et recherchée au sein de la Conférence des évêques et en public.

En offrant sa démission, le Cardinal Marx intensifie la pression sur le Cardinal Wölki, car : comment se fait-il que l’archevêque de Munich communique sa démission au pape, mais pas le cardinal Wölk? Comme nous l’avons dit, une commission indépendante a disculpé l’archevêque de Cologne en mars seulement, mais ce résultat ne semble pas être souhaité au sein de l’Église. Le cardinal Marx en a maintenant expliqué la raison, sans dévoiler le véritable contexte. En annonçant qu’il avait offert sa démission à François, Marx a souligné que la « voie synodale » si controversée de la Conférence épiscopale allemande et du Comité central des catholiques allemands devait se poursuivre indépendamment de lui, c’est-à-dire quoi qu’il en soit. Le cardinal Wölki est le plus grand critique de cette « voie synodale ».

L’offre de démission du cardinal Marx, avec la remarque prétendument « mémorable » (selon le quotidien munichois Münchner Merkur) que l’Église avait atteint un « point mort » en Allemagne, n’est donc pas un message au pape François, mais au cardinal Wölki. Sa démission doit être provoquée afin de pouvoir mettre en œuvre l’agenda « synodal », sans être dérangé par la voix critique de Wölki.

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