500 millions de morts. Et le silence pesant des médias et des gouvernements occidentaux, qui admirent le « modèle chinois » et qui ferment les yeux, par lâcheté devant les atrocités d’un régime monstrueux, comme leurs pères ont adoré Mao et son petit livre rouge (leur fascination s’est encore accrue en raison de sa gestion réputée gagnante de la crise du covid: en fait, le « modèle chinois » de confinement et de traçage, puis de vaccination contrainte s’est imposé, évidemment « en petit », de façon moins coercitive, dans une grande partie de l’Occident). L’éditorial de Riccardo Cascioli.

Les crimes de la Chine, l’aveuglement de l’Occident

Riccardo Cascioli
La NBQ
4 juillet 2021
Ma traduction

Plus de 500 millions de morts rien qu’en Chine : tel est le véritable bilan de cent ans d’histoire du parti communiste chinois. Le président Xi Jinping revendique cette histoire avec fierté. Et en Occident, au lieu de demander un procès pour crimes contre l’humanité, on prend la Chine comme « modèle ».

Sans aucun doute, les mots du président Xi Jinping dans son discours pour célébrer le 100e anniversaire du Parti communiste chinois – le 1er juillet sur une place Tiananmen bondée et en liesse – étaient durs. « Nous n’accepterons pas les prêches hypocrites de ceux qui estiment avoir le droit de nous donner des leçons« , a déclaré Xi, qui portait pour l’occasion un uniforme de type maoïste, « quiconque tente de nous intimider se retrouvera sur une trajectoire de collision avec une grande muraille d’acier forgée par plus de 1,4 milliard de Chinois« .

Même si nous faisons abstraction de l’évidente rhétorique de célébration, les paroles de Xi reflètent certainement un projet politique et militaire d’hégémonie dans la région et dans le monde et la présomption de traiter les adversaires en position de force. Exemplaire de ce point de vue est le passage consacré à Taïwan, particulièrement dur en affirmant que « toute tentative d’indépendance » sera anéantie sur l’île où, en 1949, l’armée nationaliste en déroute de Tchang Kaï-chek a trouvé refuge et formé un gouvernement alternatif. Le recours à la force pour annexer à nouveau l’île rebelle est même prévu, ce qui ne constitue plus aujourd’hui une simple menace politique, la Chine s’étant dotée d’une flotte militaire respectable au cours des dernières décennies.

Mais ce qui devrait nous inquiéter, plus encore que l’agressivité de la Chine, c’est la faiblesse de l’Europe et des États-Unis qui, même lorsqu’ils reconnaissent la menace qu’elle représente, ont toujours une certaine crainte révérencieuse quand ce n’est pas une franche admiration. Nous ne parlons pas tant de cas comme Beppe Grillo et 5-Stelle qui, aussi dangereux qu’ils soient au gouvernement, sont des phénomènes de foire. Nous parlons plutôt des élites qui dirigent l’Occident et qui considèrent avec beaucoup de sympathie le centralisme du régime communiste et considèrent même comme un modèle le socialisme chinois, qui combine une certaine liberté économique avec un contrôle social et politique rigide.

Ce n’est un secret pour personne qu’en Occident, on en tient pour la stabilité du régime chinois actuel, car l’implosion d’un système politique et social aux conséquences totalement imprévisibles, mais certainement dangereuses pour le monde entier, est bien plus effrayante. La Chine est un véritable continent et compte à elle seule pour environ 20% de la population mondiale, sans compter qu’elle est aussi une puissance nucléaire et conditionne l’économie mondiale : les conséquences militaires et économiques de sa désintégration soudaine seraient énormes. Mais ces dernières décennies, cette considération s’est accompagnée d’un esprit d’émulation, car la démocratie est de plus en plus perçue comme un obstacle gênant pour atteindre certains objectifs politiques ou idéologiques. La dérive totalitaire à laquelle nous assistons en Occident n’est pas un hasard.

Comme nous le savons bien, la diplomatie actuelle du Vatican n’est pas exempte de la fascination exercée par la Chine communiste: diplomatie naïve sinon irresponsable au point de penser que les dirigeants communistes pourraient réellement signer un accord sur la nomination d’évêques catholiques reconnaissant une égale dignité au Saint-Siège. Ainsi, la situation des catholiques ne cesse de se dégrader, tandis que des évêques faisant autorité se promènent impunément en affirmant que la Chine « est le pays qui applique le mieux la doctrine sociale de l’Église ».

Ce mélange de peur, d’idéologie et d’admiration nous empêche donc de profiter de ce centenaire pour faire le point sur la situation et affronter sérieusement ce leadership. Le point de départ incontournable est que, comme l’a écrit l’analyste Steven Mosher, le parti communiste chinois est « la plus grande machine de mort de l’histoire de l’humanité ». Cela a commencé par les millions de morts de la guerre civile chinoise (1927-1949); puis cela s’est poursuivi par les purges visant à éliminer toute opposition interne et à neutraliser les différentes minorités ethniques, une politique qui se poursuit encore aujourd’hui : entre Chinois, Tibétains, Mongols, Ouïghours, Mosher estime à environ 80 millions le nombre de morts (sans compter les personnes internées dans les camps de rééducation) ; bien sûr, il ne faut pas oublier que les religions – chrétiens, musulmans, bouddhistes, taoïstes mais aussi Falun Gong et l’Église de Dieu Tout-Puissant – sont également victimes de la répression ; à cela s’ajoute le plan économique fou connu sous le nom de « Grand Bond en avant » qui, entre 1958 et 1962, a causé la mort de dizaines de millions de personnes par famine (de 30 à 45, selon les estimations) ; il faut également se souvenir des désastres causés par la Révolution culturelle (1968-1978) qui a ajouté aux pertes humaines la destruction de la culture.

Mais le plus grand crime de tous a été la « politique de l’enfant unique », lancée en 1979 et qui n’a été révoquée que ces dernières années, face aux résultats sociaux catastrophiques provoqués. La férocité avec laquelle elle a été appliquée – y compris les avortements forcés au neuvième mois et le meurtre des bébés nés vivants – de l’aveu même du gouvernement (qui s’en vante) a causé 400 millions de morts (elle a empêché 400 millions de naissances, selon le langage officiel).

Nous parlons donc d’un Parti Communiste, et donc d’un gouvernement, qui est directement responsable de bien plus de 500 millions de morts, ce qui fait pâlir le nazisme allemand et la Russie soviétique en comparaison.
Et comme si cela ne suffisait pas, ce même régime est également responsable de la propagation du coronavirus qui effraie tant le monde.

Eh bien, le 1er juillet, Xi Jinping a revendiqué fièrement l’histoire glorieuse de ces cent années.

Au lieu d’appeler à un procès de Xi et de l’ensemble de la direction du Parti communiste pour crimes contre l’humanité, nous sommes ici en train de raconter avec admiration la « prospérité modérée » atteinte par le peuple chinois. C’est cet aveuglement de l’Occident, qui passe pour du réalisme politique, qui est vraiment effrayant.

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