Marcello Veneziani a finalement accepté de se faire vacciner « avec réticence et méfiance… dans le doute, je me suis dit qu’il valait mieux agir et se repentir ensuite que ne pas agir et se repentir quand même : ce n’est pas le conseil d’un virologue mais celui de Nicolas Machiavel ». Mais il admet partager « les réserves sur le vaccin » et surtout, il n’accepte pas « le clivage éthique, juridique, idéologique qui se marque entre les pour et les contre ».

Le racisme sanitaire

(ma traduction)

Le Corriere del siero [*], gazette officielle du vaccin, et quotidien unifié en format idéologique, divise chaque jour que Dieu fait l’humanité en deux races : les vaccinés et les monstres. Et il en donne ponctuellement une représentation politique obsessionnelle, consacrant des pages entières aux vertueux qui prônent les obligations, les interdits, les cartes vertes, les zones rouges et les lendemains noirs ; et aux dépravés qui rêvent de liberté comme barbarie, anarchie, contagion, promiscuité, absence de masques et de vaccins. À cette fin, le Parti unique de la santé, en abrégé PUS, sans surprise, a émis la carte du régime qui seule permet l’accès à tout, comme dans les régimes totalitaires : il l’appelle Green Pass, mais c’est la carte du parti sans laquelle se déchainent le pilori, l’injure, l’interdiction des fonctions publiques et des mouvements privés avec la discrimination raciale annexe. Chaque jour, des éditoriaux, des articles, des bulles papales, des excommunications officielles abondent sur les pages de l’organe officiel du PUS, expliquant le fossé qui sépare l’humanité de ses ennemis, qui correspondent ensuite à peu près aux électeurs du centre-droit, notamment les « souverainistes ».

Maintenant, je n’ai pas l’intention d’inverser les rôles et de faire l’opération inverse en glorifiant l’un et en vitupérant l’autre. J’avais et j’ai encore beaucoup de réticences à l’égard des vaccins, de leurs effets et de leurs risques, qui oscillent entre deux extrêmes – inefficacité ou dégâts imprévus à moyen et long terme. Néanmoins, je me suis fait doublement vacciner, et j’ai décidé de partager avec mes concitoyens le cheminement, les risques et l’angoisse de cette guerre asymétrique, absurde et permanente contre le virus et ses insaisissables héritiers, appelés variants.

L’argument principal de la campagne de vaccination forcée repose sur une hypothèse malheureusement contredite par la réalité : il est faux de dire que la vaccination de masse réduit le risque de contagion car les deux pays qui ont battu tous les autres en termes d’efficacité et de couverture vaccinale, à savoir le Royaume-Uni et Israël, sont en tête du classement des personnes nouvellement infectées. Et ils ont reçu deux vaccins différents, mais on se pose des questions quand on apprend que non seulement les asymptomatiques ou les malades légers, qui sont en fait la grande majorité, mais aussi le pourcentage de personnes déjà vaccinées est très élevé parmi les patients hospitalisés.

Ayant, avec réticence et méfiance, accepté de me faire vacciner, je comprends les réserves sur le vaccin et surtout n’accepte pas le clivage éthique, juridique, idéologique qui se marque entre les pour et les contre. Mais dans le doute, je me suis dit qu’il valait mieux agir et se repentir ensuite que ne pas agir et se repentir quand même : ce n’est pas le conseil d’un virologue mais celui de Nicolas Machiavel. Mais, je le répète, je trouve absurde cette construction quotidienne du fossé entre deux ethnies, deux idéologies, avec le massacre connexe dans la presse de ceux qui ne s’alignent pas ; j’espère que les dirigeants politiques du versant monstrueux n’entreront pas dans le jeu et ne se feront pas prendre dans la représentation qui en découle.

Il y a deux manières compréhensibles de réagir à la hausse des chiffres : celle du parti de la prévention et de l’alarme, qui dit qu’il faut se dépêcher de prendre des mesures restrictives pour éviter la catastrophe, et celle du parti du réalisme, qui dit qu’il faut suivre et étudier attentivement la situation, mais ne prendre des mesures que si les hospitalisations, les soins intensifs et le risque vital augmentent vraiment de manière significative. Dans cette situation, les dommages causés par les fermetures, la psychose et les restrictions l’emportent sur les avantages des mesures anticovid, à supposer qu’elles soient efficaces. Distanciation, masques dans les espaces clos ou en cas de foule, mesures d’hygiène et de contrôles, mais pas d’interdictions, de fermetures, de restrictions a priori. Nous ne pouvons pas prolonger notre vie sociale, économique, professionnelle, récréative et psychologique de cette manière.

Mais en épousant cette thèse, je n’ai pas de certitudes ou de visions et d’informations supérieures ; j’ai simplement une évaluation différente de la situation et je me laisse guider par un réalisme prudent et vigilant.

Cependant, le thème sous-jacent que nous donne ce scénario, et cette chasse au collaborationniste du covid, accusé d’intelligence avec l’ennemi, de trahison du peuple et de la démocratie, est le suivant : entre loi Zan (punissant l’homophobie… ] et mesures sanitaires, la politique a été réduite à une simple branche réflexe de la biologie ; pas de biopolitique mais encore plus terre à terre, les seules questions générales semblent être celles qui concernent la vie privée, la santé, les sexes et les organes génitaux, les orientations sexuelles et sanitaires.

Si vous voulez, c’est aussi un effet du gouvernement Draghi : ne pouvant pas gérer ou même discuter du plan de relance et ne pouvant pas diriger directement le pays, la politique régresse à un état puéril et biologique, elle devient une dispute adolescente sur le sexe et la santé, sur laquelle est implantée la nouvelle idéologie de passage de notre époque.

Mais en observant la nouvelle dérive politique par rapport aux scénarios mondiaux, le tableau qui se dessine est le suivant : la démocratie et l’espace de la politique sont réduits à des questions biologiques, on a le droit de négocier sur les limites de la biologie en relation avec la vie des gens et leur immunité. Tandis que la direction des processus macroéconomiques et sociaux est strictement hors de leur portée, elle se situe en dehors des espaces de la politique et de la démocratie, elle est confiée à des groupes, des figures, des exécutants et des donneurs d’ordre qui détiennent le pouvoir de décision. Pas une seule bataille ne concerne le modèle social de développement, le capitalisme mondial et les questions de souveraineté ou de vie économique et professionnelle. Tout est réduit au rayon santé et la politique aujourd’hui signifie défendre ou offenser les gays, les lesbiennes, les trans, les migrants et les noirs. Aucune pensée différente, aucune perspective différente. C’est sur ces questions que le genre humain et la citoyenneté sont baptisés ou débaptisés, pour reprendre une expression du dernier théologien lgbtqrfgsjpnkx (désolé, mais je ne me souviens plus des consonnes utilisées pour définir la race élue et protégée).

Pour protéger le nouveau racisme, voilà les nouveaux SS, Sexe & Santé…..

Marcello Veneziani, La Verità (23 juillet 2021)

NDT

(*) Jeu de mot ironique, jouant sur la paronymie entre sera (Le Corriere della Sera est le principal quotidien italien, genre Le Monde) et siero (le serum, ou le vaccin): le Corriere, comme le Monde, est un porte-parole inlassable de la propagande vacciniste.

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