Mon ami barnabite (*) est le dernier prêtre catholique à Kaboul. Il lance un appel pressant, relayé par Vatican News: priez pour l’Afghanistan. Oui, mais prions aussi pour lui, et qu’il sorte sain et sauf de cette terrible situation

(*) Voir sur mon site: En mission à Kaboul (avril 2016)

Le Père Scalese à la mission de Kaboul (image d’archives)

«Priez pour l’Afghanistan», supplie le dernier prêtre catholique à Kaboul

L’Afghanistan traverse des heures critiques. Les talibans se rapprochent de la capitale Kaboul, après avoir pris ces derniers jours de nombreuses villes, parmi lesquelles Kandahar et Herat. Interrogé par nos collègues de la Section italienne de Radio Vatican, l’unique prêtre catholique du pays, le père Giovanni Scalese, missionnaire barnabite, ne cache pas son inquiétude face à cette évolution très rapide de la situation.

Vatican News, 14 août 2021

«Nous sommes en train de vivre des jours de grande appréhension, dans l’attente des évènements». La voix du père Giovanni Scalese traduit la fatigue et l’angoisse de la population afghane et des ressortissants étrangers face à l’offensive fulgurante des talibans, qui n’ont pas attendu la finalisation du retrait annoncé des troupes américaines, le 31 août prochain, pour lancer une offensive puissante qui voit tomber une après une les principales villes du pays. Sans vraiment convaincre, le président Ashraf Ghani a annoncé que des consultations politiques étaient en cours pour rétablir la paix et la sécurité dans le pays. Mais les talibans semblent plutôt miser sur une victoire rapide et totale face à un État afghan au bord de l’effondrement.

Le père Scalese avoue son impuissance mais il demande à tous ceux qui l’entendent de ne pas oublier l’Afghanistan. «Mon appel aux auditeurs de Radio Vatican est de prier. Priez, priez, priez pour l’Afghanistan», supplie le missionnaire italien.

L’appel pressant du Père Scalese (en italien)

Un retour 25 ans en arrière

Faute d’un accord politique, la chute de Kaboul semble une question d’heures ou de jours. Cette offensive qui rappelle des souvenirs douloureux pour de nombreux Afghans. La prise de la capitale afghane par les talibans en 1996 s’était accompagnée de nombreuses exactions qui ont laissé un traumatisme profond dans la population.

Le régime était alors resté en place pendant cinq années, jusqu’à la guerre déclenchée en 2001 par les États-Unis à la suite des attentats du 11 septembre. La cause de cette offensive n’était toutefois pas la protection de la population afghane en tant que telle, mais la destruction des bases d’Al-Qaïda. Sur ce territoire difficile d’accès et qui a toujours résisté aux interventions extérieures, les victoires apparentes de la coalition menée par Washington n’ont jamais permis de neutraliser totalement les talibans, qui sont toujours demeurés actifs dans certaines régions du pays.

Au fil des 20 années écoulées, les frappes occidentales ont fait des milliers de victimes civiles, alimentant finalement la résurgence des mouvements fondamentalistes. Malgré des dépenses estimées à plus de 1000 milliards de dollars, la plus longue intervention extérieure de l’histoire de l’armée américaine se termine donc sur un fiasco dont les conséquences s’annoncent désastreuses pour toute l’Asie centrale et le reste du monde.

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