Détester est un verbe qui se conjugue mal avec le chef de l’Eglise catholique, et pourtant… Dans la longue interview qu’il a accordée à Radio Copé, la station des évêques espagnols, et où il a abordé (hélas!) de nombreux sujets qui n’étaient pas tous de sa compétence, avec une superficialité digne du café du Commerce, il a répondu à une question sur le Congrès eucharistique qui se tiendra à Budapest la semaine prochaine, et dont il présidera la messe de clôture. Et il n’a même pas essayé de cacher son antipathie, pour ne pas dire son dégoût, pour le Premier ministre hongrois. Explications de Giuseppe Rusconi (Rosso Porpora)

www.rossoporpora.org/rubriche/papa-francesco/1032-radio-cope-papa-sprezzante-con-viktor-orban…
Ma traduction

Ce mercredi 1er septembre 2021, Radio Cope (une émanation de la Conférence épiscopale espagnole) a diffusé l’enregistrement d’une longue interview du pape François réalisée par Carlos Herrera le week-end dernier à Santa Marta. De nombreux sujets – et importants – ont été abordés. Nous présentons ici l’un d’entre eux, un sujet d’une actualité brûlante puisqu’il concerne la visite imminente, le 12 septembre, du Congrès eucharistique international, dont le Pape célébrera la messe de clôture.

Comme on le sait, le rendez-vous (important) aura lieu à Budapest, capitale d’un pays qui a élu démocratiquement comme premier ministre l’homme politique protestant Viktor Orbán (qui dirige un gouvernement mixte de réformés et de catholiques). Ce gouvernement de droite modérée a pleinement coopéré avec l’Église catholique hongroise (le cardinal Peter Erdö en tête) pour l’organisation du Congrès et a toujours entretenu des relations très cordiales avec la Conférence elle-même.

Le fait est que le pape argentin ne peut tout simplement pas digérer la Hongrie d’Orbán. Il voudrait que le Congrès soit peut-être sur Mars (et il s’y rendrait certainement), à Caracas, à La Havane… afin d’éviter une rencontre avec l’horrible politicien souverainiste et d’avoir à la place une conversation amicale avec les figures angéliques de Maduro et des héritiers de Castro (Fidel et Raul).

Malheureusement pour lui, le rendez-vous est à Budapest. Il doit y faire allusion d’une manière ou d’une autre… mais c’est difficile. Il ne fait rien pour le cacher. Par exemple, lors de la conférence de presse aérienne du 8 mars 2021 (à son retour d’Irak), il a répondu de cette façon à une question sur les voyages au cours de sa huitième année de pontificat :

« Je dois faire ça » (le pape croise les doigts en signe de superstition, ndlr). Je ne sais pas si les voyages se concrétiseront ou non, j’avoue simplement que lors de ce voyage, j’étais beaucoup plus fatigué que lors des autres. Les 84 ans ne viennent pas seuls, c’est une conséquence… mais nous verrons bien. Maintenant, je vais devoir me rendre en Hongrie pour la messe finale du Congrès eucharistique international, pas une visite du pays, mais juste pour la messe. Mais Budapest est à deux heures de route de Bratislava, pourquoi ne pas faire une visite en Slovaquie ? C’est ainsi que les choses se passent… ».

D’où il ressortait déjà la réticence bergoglienne envers la Hongrie en tant que « pays » à visiter, par opposition au plaisir d’aller en Slovaquie.

Dans l’interview accordée à Radio Cope, le mécontentement du pape apparaît encore plus clairement… dans la réponse, on perçoit sans peine le mécontentement du pape de Fratelli tutti pour avoir « dû » rencontrer le mal-aimé Viktor Orbán.

Nous proposons la traduction de l’espagnol rapportée par L’Osservatore Romano.

« Je ne sais pas si je vais le rencontrer (Ndr – Viktor Orbán). Je sais que les autorités viendront m’accueillir. Je ne vais pas dans le centre de Budapest. Je me rends au lieu du congrès. Il y aura une salle où je rencontrerai les évêques. Je recevrai les autorités qui viendront. Je ne sais pas quelles autorités vont venir. Je connais le Président parce qu’il était présent à la messe en Transylvanie, une partie de la Roumanie où l’on parle le hongrois, une belle messe. Je crois qu’il est venu avec un ministre. Je crois que ce n’était pas Orbán. Vous savez, à la fin de la messe, on se salue formellement.. Je ne sais pas qui ils vont envoyer. Une chose que je fais, c’est de ne pas suivre un scénario. Quand je rencontre une personne, je la regarde dans les yeux et je laisse les choses sortir. Je n’ai aucune idée de ce que je vais dire aux autorités. Je ne sais pas. Normalement, je n’aime pas les choses prévisibles qui ne m’aident pas ».

Il est curieux que le pape réponde de manière à ridiculiser les efforts diplomatiques (y compris ceux de la Secrétairerie d’État et du cardinal Parolin, défini – dans une autre partie, la partie « chinoise », de l’interview avec Radio Cope – comme « le meilleur diplomate que j’ai jamais rencontré ») et de la Conférence épiscopale hongroise visant à une rencontre entre lui et le premier ministre du pays où il mettra les pieds. Curieux, ce pape qui tente de mal cacher son dépit, traitant avec mépris le même premier ministre en minimisant la même réunion. Curieux, ce pape dont on penserait qu’il voudrait humilier publiquement Orban au point qu’il devrait réagir de façon retentissante (renoncer à la rencontre). Curieux ce pape qui n’a apparemment pas lu le programme officiel de la visite au Congrès de Budapest, qui prévoit pour le dimanche 12 septembre 2021 à 8h45 la « Rencontre avec le président de la République et le Premier ministre au Musée des Beaux-Arts de Budapest ». Curieux, certes, mais quand le dépit monte et vous tourmente, même si c’est chez un successeur de Saint Pierre, … que peut-on y faire ?

Giuseppe Rusconi, 1er septembre 2021

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