Un excellent billet de Paolo Deotto (repris par Tosatti) sur l’unanimité de la presse en Italie. Toute ressemblance avec la situation chez nous en France n’est absolument pas fortuite. Il suffit de remplacer La Stampa et Il Corriere par Le Monde, La Repubblica par Libé, et Il Giornale par le Figaro, et l’on a une idée assez juste du ton de la presse hexagonale (pour ceux qui la lisent encore)

L’information malade et la mort de la liberté

Trente ans après la chute de l’URSS et des régimes communistes, l’expression « majorité bulgare » est encore utilisée aujourd’hui pour désigner les pourcentages de majorité (généralement lors de votes politiques) qui sont si écrasants qu’ils en deviennent incroyables. Cette expression fait référence à l’époque de la domination de l’URSS sur les pays du Pacte de Varsovie. En Bulgarie, alliée fidèle des Soviétiques, les votes dans les organes du parti et du gouvernement, ou dans les rares cas de votes populaires, étaient toujours couronnés de succès. Les propositions officielles ont toujours été approuvées avec des majorités de 98-99%.

Il va sans dire que dans ces pays, à cette époque, l’information libre n’existait absolument pas, cette même information qui, dans les pays libres, est une garantie certaine de liberté pour les citoyens, car elle recherche constamment la vérité et n’accorde pas de rabais aux politiciens qui ne font pas leur devoir.

Une situation belle et idyllique. Si les gouvernants dérapent, il y a le journaliste courageux qui critique, avec des arguments et des documents, le politicien corrompu ou l’homme politique qui abuse du pouvoir. Le méchant, découvert, fait son mea culpa et se retire de la politique. Les citoyens sont heureux. La liberté est sauvée.

En Italie, en l’an de grâce 2021, nous sommes tranquilles. L’information libre est surveillée et vigilante.

Nous pouvons pousser un soupir de soulagement, car deux terribles ennemis, le fascisme et le racisme, doivent être morts à présent, puisque nous n’en parlons presque plus. Mais depuis quelques semaines, un nouveau danger menace nos vies.

Les « No-vax », souvent associés aux « No-Green pass », sont arrivés.

Au départ, ils prétendaient être des défenseurs de la liberté de choix, mais l’action décisive du gouvernement et le travail indispensable des médias nous ont fait prendre conscience que ces misérables sont une menace pour nos vies mêmes et qu’il faut les arrêter et les empêcher de nuire. A n’importe quel prix et par n’importe quel moyen, même par canonnade, comme l’a si subtilement souhaité le Prof. Giuliano Cazzola (nomen omen!), en invoquant le retour du Général Bava Beccaris, qui est entré dans l’histoire pour avoir réprimé par canonnade – nous étions en 1898 – les révoltes populaires pour l’augmentation du prix du pain.

Et maintenant, arrêtons de plaisanter, car le sujet est trop sérieux.

Une campagne de falsification de l’information est en cours, qui jette l’opprobre sur une catégorie, celle des journalistes, dans laquelle il y a encore des gens qui ont l’échine droite. Mais ils sont peu nombreux et isolés.

Ces dernières semaines, les manifestations de défense de la liberté et de protestation contre le régime de dictature politique se sont multipliées, tant en termes de nombre d’événements que de nombre de participants.

Les pouvoirs en place ont compris qu’il ne s’agissait pas de quelques gamins, mais de foules de plus en plus importantes de gens ordinaires, de travailleurs et de familles, réclamant les droits fondamentaux de la liberté et défiant un gouvernement qui avance aussi droit qu’un panzer, déchiquetant la liberté et la dignité humaines.

Et alors, voici qu’apparaissent les premiers idiots qui commettent des actes de violence stupides et inutiles. Il leur suffit d’arriver au bon moment, de menacer un virologue vedette, d’insulter un journaliste. Rien de nouveau. Il suffit de dix idiots bien formés et bien entraînés pour ruiner une manifestation de dix mille personnes civilisées.

Ce qui est vraiment impressionnant, c’est la vitesse à laquelle les médias, à quelques rares exceptions près, se sont alignés sur la version « politiquement correcte » fournie par le pouvoir.

Jusqu’à très récemment, la triade Corriere-Repubblica-La Stampa était désignée comme la Voix du Maître. Mais il était possible de compter sur les journaux non alignés qui, bien que disposant d’un lectorat moins important, faisaient néanmoins entendre leur voix.

Le premier d’entre eux fut sans aucun doute Il Giornale, qui avait été fondé par Indro Montanelli, précisément en réponse au conformisme de gauche qui s’était abattu sur le (jadis) glorieux Corriere della Sera.

Nous assistons maintenant à un Tutti insieme appassionatamente [Tous ensemble passionnément, titre italien du film de Robert Wise « La mélodie du bonheur »] qui n’augure rien de bon pour l’avenir de l’Italie en tant que pays libre.

La guerre contre ceux qui n’acceptent pas d’être encadrés, n’acceptent pas les règlements absurdes et liberticides, et aussi de risque grave pour la santé (n’oubliez pas que les vaccins miraculeux sont encore testés, mais pas sur des cobayes, sur des humains) est maintenant commencée, avec une unanimité impressionnante, avec une majorité « bulgare » qui déconcerte.

Oublions la pathétique Lamorgese [ministre de l’intérieur], qui annonce l’ouverture d’enquêtes les plus approfondies sur les réseaux sociaux, afin de trouver les auteurs de messages contenant de terribles menaces, en supposant qu’il s’agit de crimes terroristes. C’est la même Lamorgese sous la direction éclairée de laquelle les forces de police ont été et sont humiliées, contraintes de réprimer des protestations légitimes, tandis que la criminalité ordinaire, alimentée également par un nombre toujours croissant d’immigrants illégaux, fait ce qu’elle veut.

Mais regardons plutôt du côté des (ex) chiens de garde de la liberté.

Après avoir rassemblé toutes les dissensions à l’égard des politiques gouvernementales dans la catégorie commode des « No-vax » ou des « No-Green pass » – il est essentiel de créer la catégorie des « méchants » – des journalistes autrefois libres comme Sallusti en viennent à écrire qu' »ils sont comme une sorte de secte, ils constituent un réseau très puissant de personnes qui s’enrichissent ». Voir Il Tempo ici . On ne sait pas très bien comment ces affreux No-vax « s’enrichissent », mais voilà, ça fait toujours notre affaire.

Du reste, Il Tempo, un journal autrefois libre, en rajoute dès son titre : « … Alessandro Sallusti et l’atroce vérité sur la secte No vax« .
Le choix de l’adjectif frappe: « Atroce ». Pas moins. Et voilà que les No-vax sont une ‘secte’. Bref, une menace sombre et effrayante.
Il Giornale lui-même, qui devrait être le doyen et le symbole de la presse libre, se joint au chœur, donnant de plus en plus d’importance aux différents scientifiques ( ?)-stars, qui seraient désormais tous cibles de terribles menaces. Et il ne manque pas une occasion de souligner que les « no-vax » sont une minorité qui ne récolte qu’échecs et humiliations.

Il n’y a plus de place, et il y en a très peu, relégués dans un coin, pour simplement remettre en question le caractère sacré du vaccin. Le débat sur le Green Pass comme outil liberticide (et de surcroît mal fait, avec mille incohérences) disparaît progressivement.
Dieu merci, il existe encore de nombreuses voix libres sur Internet. Au moins jusqu’à ce qu’elles soient occultées.
Comment voulons-nous appeler cette majorité bulgare de conformisme dans le domaine de l’information ?
Un seul nom me vient à l’esprit : Mort de la liberté.

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