L’ONG française épinglée par le site italien « Campari & de Maistre ». Ou comment des donneurs de leçons, défenseurs (autoproclamés) de la liberté de la presse glissent sur la peau de banane du politiquement correct. Pour eux, la Russie de Poutine, le Brésil de Bolsonaro et la Hongrie d’Orban (etc.) sont de dangereuses dictatures. Les journalistes y risquent-ils leur vie? Non, bien sûr, mais c’est plus grave: leurs dirigeants sont « illibéraux », autrement dit le contraire de liberal, qui dans leur langage signifie progressiste-laïciste-relativiste. Pour faire court, ils n’aiment pas la gay pride.

Et si on balayait devant notre porte?

Reporters sans frontières et l’idéologie à la place de la réalité

campariedemaistre.blogspot.com/2021/08/reporters-sans-frontieres-e-lideologia
Monica Cesti, 5 août 2021 (ma traduction)

Reporters sans frontières (RSF) est une « organisation indépendante basée à Paris ». Fondée en 1985 par quatre journalistes français [ndt: Robert Ménard, Émilien Jubineau, Jacques Molénat, Rémy Loury], elle s’est forgée une magnifique réputation de défense et de promotion de la « liberté d’information » dans le monde entier.

Elle a également obtenu un statut consultatif officiel auprès de l’ONU, de l’UNESCO et du Conseil de l’Europe. Bien que, comme d’autres organisations similaires (par exemple Amnesty international, Hands Off Cain ou Greenpeace), elle semble plutôt déséquilibrée sur le plan idéologique.

On en trouve une preuve supplémentaire dans le « Dossier 2021 » récemment publié sur les « Prédateurs de la liberté de la presse ». Il énumère, l’une après l’autre, une série d’autorités politiques qui entraveraient le travail des journalistes en faisant régner la censure ou en empêchant la pleine circulation des opinions libres.

Parmi les 37 chefs d’État et de gouvernement mentionnés, certaines des plaintes sont parfaitement logiques. Comme celles contre Nicolas Maduro au Venezuela, Kim Jong-Un en Corée, Erdogan en Turquie ou Mohamed Salmane en Arabie saoudite. D’autres concernent des personnalités plutôt inconnues, comme les présidents du Cameroun, de l’Ouganda, du Bahreïn ou du Cambodge.

Mais ensuite, pour rester dans une logique de progressisme occidental, voici quelques noms qui iraient bien dans des articles au vitriol de la Repubblica, mais qui n’ont pas grand-chose à voir avec la censure d’État. Il s’agit des présidents conservateurs (ou pas assez progressistes) Vladimir Poutine, Viktor Orbán et Jair Bolsonaro. (Donald Trump, censuré par les géants Youtube, Twitter, Facebook, n’y est pas mais seulement parce qu’il n’est plus aux commandes).

La description de ces trois « prédateurs » présumés est une totale instrumentalisation et tente de couvrir un vide de faits concrets, avec une belle prose. Prenons le cas du président hongrois, qui a été élu démocratiquement à son poste en 1998 et en 2010.

Orbán, dit-on, est le promoteur d’une « démocratie illibérale », en jouant sur les mots. Illibéral, appliqué à Orbán, ne signifie pas en effet le contraire de libéral (et donc synonyme d’autocratique). Mais le contraire de liberal, c’est-à-dire progressiste-laïciste-relativiste : ce qui n’est pas la même chose. Son parti, selon RSF, contrôlerait « 80% du paysage médiatique ». Le dictateur hongrois prévoit même de contrôler et de saboter « la chaîne RTL, le quotidien Népszava, les hebdomadaires HVG, Magyar Hang, Magyar Narancs« .

RSF, basé à Paris et plutôt « gallocentrique » a peut-être attrapé le virus de la « macronite » de manière asymptomatique. A tel point qu’il n’imagine pas que l’information en France est encore plus homogène, unilatérale et monocolore qu’en Hongrie ou au Brésil.

Le Parlement français a accumulé ces dernières décennies un arsenal juridique impitoyable (lois Gayssot, Rossignol, etc.) contre ce qu’il appelle les négationnistes, les révisionnistes et les anti-avortements. Récemment rejoint par les anciens sauveurs de la conspiration mondiale No vax/No Covid. Et il semble que l’État se batte pour faire taire ses opposants.

Et l’UE semble aller dans cette direction sur les questions d’immigration, d’avortement, de patriotisme assimilé au racisme, de défense de la famille traditionnelle associée à l’homophobie, etc. etc.

Il est tout à fait juste de souligner l’absence de liberté dans les pays où elle sévit. Et il se trouve que ce sont généralement des pays dont l’histoire est marquée par le communisme ou l’islamisme. Mais malheur à ceux qui l’utilisent pour défendre leurs propres intérêts. Aujourd’hui, dans toute l’Europe, il est beaucoup plus difficile d’être catholique que laïc, de droite ou anti-européen que l’inverse. Et cela concerne principalement les politiciens, les blogueurs et les journalistes. Mais les champions de la « liberté d’information » l’oublient.

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