Le blog « The Wanderer » rebondit sur l’interview qu’AM Valli a accordée à La Verità. Selon lui, la santé du Pape annonce une fin prochaine de son pontificat, y compris éventuellement émérite (mais il n’en sait rien… seul Dieu connaît le jour et l’heure) et il dessine un tableau plutôt sombre de la situation de l’Eglise laissée par François. Le moment où cela arrivera, je me répète, nous ne le savons pas, mais l’analyse du blogueur argentin n’en reste pas moins très intéressante.

Le commentaire en feed back d’AMV

The Wanderer, observateur argentin aiguisé du pontificat de François et de la situation de l’Église catholique, est particulièrement cru (cruellement réaliste, dit-il) dans cette nouvelle contribution. Cet auteur a le mérite de ne pas dorer la pilule: au prix d’être choquant, il photographie la réalité telle qu’elle est. Comme vous le lirez, au début, je suis cité pour une interview que j’ai donnée il y a quelques jours, mais à ce propos je veux clarifier une chose : le sport de chasser les voix qui sortent des Palais sacrés ne m’excite pas, surtout si cela concerne la santé du Pape. Je me souviens de ce que disait Mgr Marcinkus : « L’État du Vatican est un village de blanchisseuses : elles lavent les vêtements, les frappent avec leurs poings, dansent dessus, laissent sortir toute la crasse ». Le bon Dieu sait combien de temps durera le pontificat. C’est une autre chose de réfléchir à ce que le pontificat de Bergoglio laisse comme héritage à l’Eglise et au monde.

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https://www.aldomariavalli.it/2021/09/09/la-fine-del-pontificato-di-francesco-lo-stato-della-chiesa-il-futuro-possibile-unanalisi-di-crudo-realismo/

Les derniers mois de François?

VO en espagnol: caminante-wanderer.blogspot.com/2021/09/los-ultimos-meses-del-papa-francisco

Aldo Maria Valli est l’un des vaticanistes les plus respectés d’Italie. Il a une longue histoire de reportages et de commentaires sur tout ce qui se passe au Vatican et dans l’Église. Il y a quelques jours, dans une interview accordée à un site internet italien, il a déclaré que l’opération que le pape François a récemment subie n’était pas programmée mais qu’il s’agissait d’une urgence, que deux tumeurs ont été enlevées et que le pontife a été très réticent à suivre les traitements indiqués par les médecins. Un journaliste du professionnalisme de Valli ne prendrait jamais une telle histoire pour argent comptant à moins d’avoir des preuves sérieuses de sa véracité pour le faire. Je crois donc que nous pouvons avoir une certaine confiance en elle et affirmer avec prudence que ce n’est qu’une question de mois avant que le pontificat de Bergoglio ne prenne définitivement fin. Il ne démissionnera pas, mais Dieu notre Seigneur lui demandera de rendre compte de sa vie.

Les historiens devront creuser dans l’histoire pour trouver un pontificat aussi catastrophique que celui que laissera le seul pape argentin, dans lequel la maladresse de ses décisions s’est conjuguée à la bassesse de sa personne. Ainsi, une Église qui s’était lentement effondrée depuis le milieu du XIXe siècle et qui a accéléré sa chute après Vatican II, a été laissée prostrée et convertie non seulement en un appendice subsidiaire et insignifiant des organisations internationales, ce qui ne serait pas si grave, mais en « sel qui a perdu son goût » (Mt. 5,13) car dans la pratique, et aussi dans les documents, elle a renoncé à être ce qu’elle devait être : le canal de la grâce de Dieu pour la sanctification des hommes afin que, par elle, ils puissent atteindre le salut éternel. Les préoccupations d’aujourd’hui sont la protection de l’environnement et l’accueil des migrants. Même le moribond Opus Dei, autrefois bastion conservateur, a pris le train en marche du parti au pouvoir.

Valli, dans l’interview mentionnée plus haut et se référant au prochain – très prochain – conclave, exprime ce que nous avons commenté à l’occasion dans ce blog : les cardinaux, aussi bergogliens soient-ils, ne sont pas suicidaires, et une minorité d’entre eux ont assez de neurones pour se rendre compte qu’un autre pontife semblable à François mettrait fin à l’Église. Il ne serait donc pas étrange qu’un autre primat soit élu, comme cela s’est produit en 2013, et que nous soit ainsi épargnée toute possibilité d’un nouveau pape venant des périphéries et que, à la place, nous puissions entendre l’annonce de l’élection d’un cardinal modérément catholique, qui croit en Dieu et en l’incarnation de son Fils, qui ne ment pas, qui a de la noblesse de caractère et quelques autres vertus. Cela nous suffit.

Toutefois, il faut être réaliste. Cruellement réaliste. (…)

Et ce réalisme cruel que j’appelle de mes vœux nous oblige aussi à être conscients que même si le meilleur candidat possible est élu pape, il ne pourra rien faire ou presque pour l’Église, à moins d’une intervention divine prémonitoire. Et je signale ici trois facteurs qui me conduisent à affirmer ce que j’ai dit :

  1. Lors des crises les plus profondes de l’Église, le pouvoir séculier a pris l’initiative ou a joué un rôle central dans la mise en œuvre des réformes. Et je ne donne que deux exemples, même si l’on pourrait en ajouter beaucoup d’autres : le concile de Nicée, qui a cherché à résoudre la crise arienne, a été convoqué par l’empereur Constantin Ier, et le concile de Trente, qui a traité de la crise protestante, a été convoqué sur l’ordre, l’insistance et la pression de l’empereur Charles Quint. Aujourd’hui, en revanche, aucun pouvoir séculier ne s’intéresse à la réforme de l’Église – bien au contraire – et, plus important encore, l’Église a une importance sociale tellement minime et négligeable que personne ne s’intéresse à son sort. Au mieux, ils veilleront à ce qu’elle reste sur le chemin qu’elle emprunte.
  2. C’est un argument qui doit être mieux réfléchi et évalué, mais je pense qu’il vaut la peine d’être exploré.Il est impensable de réformer l’Église sans un épiscopat catholique et un minimum vertueux. Et la vérité est que les évêques actuels sont, pour la plupart, exactement le contraire. Le Pape François, dans ce qui est peut-être l’une des actions les plus graves et les plus délétères de son pontificat, s’est consacré à nommer un nombre énorme d’évêques avec les mêmes conditions qui ornent son auguste personne : l’ignorance, la bassesse et l’impiété. Nous, Argentins, ne savons que trop bien quel genre d’évêques nous avons, et le monde apprend chaque semaine de nouveaux scandales. Je rappelle les deux cas qui se sont produits ces trois dernières semaines : la démission du secrétaire de la Conférence épiscopale des États-Unis pour avoir organisé des rencontres homosexuelles par le biais d’une application sur son téléphone portable, et la démission de l’évêque de Solsona, qui a abandonné sa charge épiscopale pour se mettre en ménage avec une psychologue, mère de deux enfants, épouse d’un maure et auteur de romans érotiques. Comment mettre fin à cette situation ? Je ne vois pas d’autre solution que le passage d’un nouvel ange exterminateur, mais je crains que ces temps glorieux ne soient révolus depuis longtemps.
  3. Nous pouvons espérer dans la base de l’Eglise : le clergé et les religieux. Et c’est certainement là que subsiste une certaine réserve de foi et de vertu catholiques. Mais je me permets aussi d’être très sceptique à ce sujet. Les congrégations religieuses, à de très rares et ponctuelles exceptions près, sont dans un profond état de prostration et, dans de nombreux cas, sur la voie irréversible de l’extinction. Il s’agit de jeter un coup d’œil aux candidats qui peuplent les noviciats pour se rendre compte de l’état réel de la situation. Dans ce blog, nous avons vu il y a quelques mois le cas des frères de Lasalle, et je ne serais pas surpris si la situation était similaire dans la plupart des congrégations. Et je doute que les instituts traditionalistes soient épargnés par cette situation généralisée. La messe traditionnelle, la soutane et le latin ne suffisent pas.

Le clergé séculier, plus que diminuer, suit un chemin parallèle. Dans des pays comme l’Allemagne, la France, la Suisse ou l’Autriche, je crois savoir que plus de la moitié du clergé actif est constitué de prêtres africains ou asiatiques, avec tout ce que cela signifie. Ceux d’entre nous qui vivent en Amérique latine savent en quoi consiste la « réserve de l’Église » que le pape Jean-Paul II rêvait de trouver en Amérique latine : rien et moins que rien.

En résumé: même si la disparition physique précoce et prévisible du pape François peut être un soulagement, ce sera un soulagement très relatif, car même dans le meilleur des cas, et même si le Sacré Collège devait subir un choc de foi et de vertu catholique et que le meilleur candidat possible était élu, il ne pourra rien faire ou presque. Nous devons donc en arriver à la conclusion inédite que l’Église soit est sauvée par Dieu, soit est perdue.

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