Second témoin à la barre au second jour du procès de Benoît XVI instruit par les media et convoqué par l’avocat Vik van Brantegem: Michelangelo Nasca que je découvre. Très bon. (cf. Attaque contre Benoît XVI et silence pesant de François: Qui ne dit mot consent)

Le vrai problème, en fait, est de ne pas pouvoir contenir les milliers de pages publiées par Joseph Ratzinger, avant et après son pontificat. Livres, articles, conférences, homélies… un véritable fleuve en crue qu’il est difficile de contenir.

Et c’est pour cette raison que toute trace de son magistère doit être détruite ! On tente ainsi de discréditer par tous les moyens Benoît XVI qui, à 95 ans, reste pour certains une épine insupportable dans la chair.

Mater Ecclesiae, 18 juin 2018

Des pelletées de boue contre Benoît XVI, pour détruire toute trace de son magistère !

Michelangelo Nasca
Porta di servizio, 22 janvier 2022

L’accusation infâmante qui a ces jours-ci impliqué le pape émérite Benoît XVI dans une enquête menée à la demande de l’Église allemande, porte sur une négligence présumée de la part de Joseph Ratzinger, alors cardinal, dans le traitement de quatre cas de pédophilie survenus dans l’archidiocèse de Munich et Freising, qu’il a dirigé de 1977 à 1981.

Ces accusations – qui avaient déjà été amplement clarifiées par le pape émérite, lorsqu’il était préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi puis en tant que pontife régnant, dans un document de 82 pages – ternissent une fois de plus l’image d’un pontificat qui, pour certains, continue de représenter un danger, oubliant, par ailleurs, que c’est Benoît XVI lui-même qui a mis au jour les scandales et les abus sexuels au sein du monde ecclésial, afin de nettoyer – comme il l’a écrit dans la mémorable Via Crucis de 2005 – « le vêtement et le visage souillés de l’Église ».

Cui prodest ? « A qui cela profite-t-il » de relancer ces accusations infâmantes contre Benoît XVI ? À l’Église allemande, qui semble embrasser la voie de la réforme préconisée par les catholiques progressistes proches du schisme ? Aux autres petits seigneurs qui voudraient que le Pape François prenne clairement ses distances avec le magistère du Pape émérite ?

Benoît XVI connaît bien les « loups » (mentionnés au début de son pontificat) qui continuent à le traquer sans relâche. Ce sont des loups qui ne cherchent pas la chair, mais la substance de son pontificat et d’une ecclésiologie qui n’a pas d’égal, et que les prédateurs féroces voudraient détruire une fois pour toutes. Une ecclésiologie en crise, où les malentendus et les erreurs flagrantes sapent la théologie et la catholicité de l’Église. Ce sont des considérations que, plus de trente ans auparavant, le cardinal Joseph Ratzinger a portées à la connaissance des lecteurs dans les pages du «Rapporto sulla fede» [titre français: « Entretiens sur la foi »], l’un des grands succès éditoriaux de Vittorio Messori, où, pour la première fois, celui qui était alors préfet de l’ex Saint-Office parlait à cœur ouvert, avec un réalisme lucide et courageux, à ceux qui, au sein de l’Église, détournaient le regard de manière irresponsable !

« Mon impression », affirmait le dangereux et encore redouté « Panzer Cardinal », « est que le sens authentiquement catholique de la réalité « Église » se perd tacitement sans être explicitement rejeté. Beaucoup ne croient plus que c’est une réalité voulue par le Seigneur lui-même. Même chez certains théologiens, l’Église apparaît comme une construction humaine, un instrument créé par nous-mêmes et que nous pouvons librement réorganiser selon les besoins du moment. En d’autres termes, une conception de l’Église qui ne peut même pas être qualifiée de protestante au sens ‘classique’ s’est glissée dans la pensée catholique, et même dans la théologie catholique, à bien des égards. Certaines idées ecclésiologiques actuelles sont plutôt liées au modèle de certaines ‘églises libres’ en Amérique du Nord, où les croyants se sont réfugiés pour échapper au modèle oppressif de ‘l’église d’État’ produit en Europe par la Réforme. Ces réfugiés, ne croyant plus en l’Église telle que le Christ l’avait voulue et voulant en même temps échapper à l’Église d’État, ont créé leur propre Église, une organisation structurée en fonction de leurs besoins ».

Ce n’est évidemment pas la seule préoccupation des féroces prédateurs, qui voient en Benoît XVI un danger « présent » et « futur ». Le vrai problème, en fait, est de ne pas pouvoir contenir les milliers de pages publiées par Joseph Ratzinger, avant et après son pontificat. Livres, articles, conférences, homélies… un véritable fleuve en crue qu’il est difficile de contenir. Une menace très sérieuse pour ceux qui veulent voir l’Eglise comme une construction humaine, où les éléments de la foi peuvent devenir arbitraires et pastoralement interchangeables. « Ainsi », affirmait Ratzinger à Vittorio Messori, « sans une vision qui soit aussi surnaturelle et pas seulement sociologique du mystère de l’Église, la christologie elle-même perd sa référence au Divin : une structure purement humaine finit par correspondre à un projet humain. L’Évangile devient le projet Jésus, le projet social de libération, ou d’autres projets qui ne sont qu’historiques, immanents, qui peuvent même sembler religieux en apparence, mais qui sont athées dans la substance ».

C’est donc la pensée théologique du pape Ratzinger qui fait peur, et qu’un certain type de théologie voudrait occulter, ou tout au moins remplacer par quelque chose de moins exigeant pour toute l’Église. Et c’est pour cette raison que toute trace de son magistère doit être détruite ! On tente ainsi de discréditer par tous les moyens Benoît XVI qui, à 95 ans, reste pour certains une épine insupportable dans la chair. L’enjeu est l’héritage de granit de son magistère, le dernier bastion de l’identité catholique qu’ils espèrent vaincre avec de ridicules pelletées de boue !

Mots Clés :
Share This