Voici le premier des trois témoins à la barre au second jour du procès de Benoît XVI instruit par les media et convoqué par l’avocat Vik van Brantegem: Renato Farina (cf. Attaque contre Benoît XVI et silence pesant de François: Qui ne dit mot consent)

Le pape régnant François et le pape émérite Benoît XVI lors de la bénédiction d’une statue de Saint Michel Archange, près du gouvernorat de l’État de la Cité du Vatican, le 5 juillet 2013.

Renato Farina et la boue jetée sur Ratzinger à propos du scandale de la pédophilie; et ce silence du Pape François…

https://www.liberoquotidiano.it/news/commenti-e-opinioni/30187363/vaticano-ratzinger-papa-francesco-silenzio-pedofilia-chiesa-frantumi.html

François se tait sur la torpille de boue contre Benoît XVI
Les journaux considèrent comme acquis le « Il ne pouvait pas ne pas savoir » du rapport sur les pédophiles.
Le poids du silence de Bergoglio sur la lapidation
par Renato Farina

La lapidation prévue par la charia est diabolique, les pierres tranchantes brisent la tête, brisent la poitrine. Pourtant, elle est plus honnête que celle pratiquée en ces heures contre un Pape de 95 ans, coupable d’être sans pouvoir, sauf le pouvoir inestimable typique de ceux qui n’ont pas de pouvoir : l’impuissance, la bonne foi, à la fin la vérité.

Sa lapidation a été effectuée en jetant sur lui une liasse de papiers rédigés par un cabinet d’avocats munichois qui a soudainement surgi de nulle part comme un Zeus tonitruant : selon ces avocats, auto-certifiés en tant que « commission indépendante », Joseph Ratzinger connaissait et a toléré la présence de prêtres pédophiles, bourreaux d’enfants, à quatre reprises comme archevêque métropolitain de la capitale bavaroise. Il les connaissait, et a laissé l’innocence être bafouée. La preuve ? Zéro. Pas l’ombre. Seule la confrontation serrée – selon tout manuel de droits de l’homme et de déontologie journalistique – transforme les rumeurs en preuves, lesquelles doivent à leur tour être passées au crible. Rien de tout cela. Déclarations collectées, déductions. En vain, pendant des années, Ratzinger, avec un puissant dossier de 84 pages, a fourni des preuves, et des preuves rigoureuses, du mensonge aussi lourd qu’un rocher qu’on lui a lancé. Aucun doute. C’est un des plaisirs de l’humanité que de pouvoir montrer l’âme noire d’un ange enfin dépouillé de ses vêtements blancs. Ah, pour lui couper les ailes, pour le faire rôtir à la broche. Pour pouvoir se sentir encore mieux qu’un saint vénéré par tous et le déboulonner, jetant ses adeptes dans la panique et ses enseignements à la poubelle. Ainsi, à la masse de documents fournis par les avocats allemands, les journalistes du monde entier ont ajouté papier sur papier, encre sur encre. La vraie nouvelle d’hier n’est pas le scandale de la pédophilie [sic! mais c’est bien mal formulé!] présumée d’un pape, mais le rite tribal du lynchage contre un homme bon et doux. C’est le vrai document qui dit la vérité sur l’époque dans laquelle nous vivons.

Balance le monstre en première page

Vous ne nous croyez pas ? Les titres de la une consacrés hier par les journaux italiens les plus populaires à Joseph Ratzinger propagent les certitudes des journaux afghans aux populations qui ont la pierre à la main pour la jeter sur le coupable. Quel était le titre de ce vieux film ? Ah oui : Sbatti il mostro in prima pagina [ndt: Balance le monstre en première page. Marco Bellocchio, 1972. En français « Viol en première page« ]. Les journaux et magazines italiens, mais pas seulement, ont accueilli avec enthousiasme les infâmes accusations portées contre le pape émérite, pédophile dans l’obscurité des nefs baroques. Dans les prochains jours, nous attendons une belle lettre de 700 intellectuels à L’Espresso, sur le modèle de celle qui a cloué le commissaire Luigi Calabresi au poteau d’exécution il y a 50 ans. Cela pourrait fonctionner, comme titre : « Le pédophile émérite ». Est-ce que nous exagérons ? Mais non, c’est le sarcasme qui lève les bras et se rend à l’évidence : les affirmations culpabilisantes, prononcées en l’absence de contrepartie, ont été bues comme du vin saint par les journalistes, qui l’ont à leur tour versé comme un nectar aux lecteurs.

D’où ces gros titres. Ils ont en effet le caractère péremptoire des versets de l’Évangile, ou plutôt des sourates du Coran, et pourraient être candidats à un prix de journalisme à Kaboul portant le nom du mollah Omar. En pole position, La Stampa, dont l’auteur du titre se prend pour Padre Pio et lit la conscience de Ratzinger comme un livre imprimé, la découvrant putride : « Le péché de Benoît » (Domenico Agasso). La Repubblica est plus objective : « Prêtres pédophiles à Munich. Ratzinger a couvert 4 cas » (Paolo Rodari). C’est le fameux garantismo progressiste [ndt: selon Wikipedia en italien, le garantisme est un concept politique qui soutient la protection des garanties constitutionnelles du citoyen contre d’éventuels abus du pouvoir public]. Et ainsi, il n’est pas fait mention du « démenti rigoureux » de Benoît XVI, qui a opposé sa parole à celle d’avocats bavarois inconnus.

Le Corriere della Sera élude lui aussi la défense de Ratzinger, qui pourtant a pour la première fois de sa vie pris l’épée pour se défendre de l’ignominie : « ‘Abus, Ratzinger n’a pas agi dans 4 cas’. Choc au Vatican » (Gian Guido Vecchi). Le choc, soyons clairs, n’est pas causé par l’indignation pour l’imprudence d’une accusation contre quelqu’un qui garde le nom de Pape, même émérite, et devrait être défendu avec la hallebarde des mots et le tonnerre de l’anathème par ceux qui ont l’autorité, mais le choc est parce qu’au fond, on aime croire que Ratzinger savait vraiment et a laissé faire.

Il en résulte que personne, de l’intérieur des murs du Vatican, n’a osé montrer son visage et enlever sa calotte pour la lancer comme un défi de duel contre ceux qui offensent le Vicaire du Christ sur terre, qui est tel même s’il est émérite, silencieux et proche de la mort, pauvre agneau blanc qui risque d’être baigné dans le sang de l’abattage rituel de la calomnie. Bien solitaire, l’intervention du président de Communion et Libération : « La personnalité et l’œuvre de Benoît XVI démentent les accusations calomnieuses dont il fait l’objet. Nous sommes proches du pape émérite et nous prions avec lui pour une Église plus vraie, plus unie et plus libre ».

Chœur des vaticanistes

L’unanimité, ou la quasi-unanimité, des vaticanistes à accorder du crédit aux coups de couteau de la trahison en dit bien plus que l’opinion de tel ou tel journaliste. En fait, ils expriment la pensée dominante du cercle restreint des conseillers du Pape. Lequel ne croit certainement pas les accusations portées contre son prédécesseur. Mais pour défendre l’Eglise de l’attaque généralisée pour le scandale des abus sur enfants par des prêtres et des évêques, peut-être même en accord avec Benoît [???], il préfère mettre en avant la volonté purificatrice de l’Eglise.

Hier, il a abordé la question en public devant l’assemblée plénière de l’ex Saint-Office. Il a dit:

L’Église, avec l’aide de Dieu, poursuit avec une ferme détermination son engagement à rendre justice aux victimes d’abus commis par ses membres

Aucune mention de Benoît.
La vie des Papes est difficile. Des papes émérites encore plus.

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