Nous avions parlé dans ces pages (cf. Des fact-checkers cathos adhèrent à un projet financé par Soros & Cie)] du lancement en mars 2021 de catholic-factchecking.com, « l’un des onze projets à s’être partagé les 3 millions de dollars mis à disposition par Google News Initative dans le cadre du  Covid-19 Vaccine Counter-Misinformation Open Fund » (Cascioli) . Même s’ils s’en défendent vigoureusement (voir la réaction d’Aléteia, au moins en langue française), les médias en question ont clairement pour mission (une mission qui n’est pas au nom de l’unique Vérité et qui leur a été confiée par un pouvoir qui n’est certainement celui de Dieu) de réduire au silence les journalistes catholiques non alignés.

Le parrainage du Pape leur est désormais acquis, et c’est une grande (et inquiétante) nouvelle. Il a reçu ses membres aujourd’hui (28 janvier), et leur a adressé un bref discours qui est un concentré des contradictions qui sont la marque de son pontificat. S’il les exhorte légitimement à « éviter la logique de l’opposition et de la simplification », « sans creuser de fossés, sans ghettoïsation », lui-même ne craint pas de fustiger publiquement ceux qui refusent le vaccin. Et s’il affirme que « La recherche de la vérité ne peut être pliée à une perspective commerciale, aux intérêts des puissants, aux grands intérêts économiques » et dénonce les « algorithmes conçus pour maximiser la rentabilité commerciale » – il reçoit en secret le PDG de Pfizer -, donnant ainsi une nouvelle preuve de son attitude schizophrénique

A noter, il utilise pas moins de quatre fois dans son discours le vocabulaires de l’ennemi », avec le mot-talisman (fake news) qui discrédite tous ceux qui ne sont pas d’accord avec la pensée officielle, inévitablement associé à son binôme fact checkers. Deux anglicismes qui signent mieux que tout la dictature médiatique que nous vivons. Un aveu.

Pour une fois, je me suis donnée la peine de lire en entier le discours de François, et d’en proposer ici une rapide traduction: même si ce n’est pas lui qui l’a écrit, on y reconnaît bien sa patte jusqu’à la « signature » finale (priez pour moi), et c’est très intéressant pour ce que cela révèle de sa personne.

Je vous accueille aujourd’hui pour réfléchir avec vous sur la problématique de la communication, en particulier sur le style des communicateurs chrétiens face à certaines questions liées à la pandémie de Covid-19.
Déjà saint Paul VI, dans son message pour la Journée des communications sociales de 1972, affirmait : « L’homme moderne peut aisément reconnaître que nombre de ses attitudes, jugements, prises de position, adhésions et oppositions sont dus à la connaissance toujours plus vaste et rapide des opinions et des comportements qui lui sont parvenus grâce aux instruments de la communication sociale ». Et d’observer : « L’excellence de la tâche de l’informateur consiste non seulement à noter ce qui est immédiatement perceptible, mais aussi à rechercher des éléments de cadrage et d’explication sur les causes et les circonstances des faits individuels qu’il doit rapporter ». Ce travail exige donc une rigueur de méthode – comme l’a souligné Paul VI – « dans le contrôle et l’évaluation critique des sources, dans la fidélité aux données observées et dans la transmission intégrale de ces données ». La responsabilité est encore plus grave lorsque le communicateur est appelé, comme cela arrive souvent, à ajouter des éléments de jugement et d’orientation au simple rapport du fait ».

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Le pape Montini parlait de la communication et de l’information en général, mais ses propos collent plus que jamais à la réalité si nous pensons à certaines désinformations qui circulent aujourd’hui sur la toile. En fait, votre objectif est de mettre en lumière les fake news et les informations partielles ou trompeuses sur les vaccins Covid-19, et vous avez commencé à le faire en mettant en réseau différents médias catholiques et en impliquant divers experts. Votre initiative est née comme un consortium pour faire front ensemble pour la vérité. Et merci, merci pour cela.

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Avant tout, ensemble. Ceci, même dans le domaine de l’information, est fondamental. La mise en réseau, la mise en commun des compétences, des connaissances et des contributions afin d’être en mesure de fournir des informations adéquates, est en soi un premier pas. Dans une époque blessée par la pandémie et par tant de divisions – même dans les opinions – le fait d’être sur internet en tant que communicateurs chrétiens est déjà un message. Point de départ, c’est un message.

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Nous ne pouvons pas nous cacher qu’à l’heure actuelle, en plus de la pandémie, se propage l’ « infodémie », c’est-à-dire la déformation de la réalité fondée sur la peur, qui dans la société globale fait écho et commente des nouvelles falsifiées, voire inventées. La multiplication et la superposition des informations, des commentaires et des avis dits « scientifiques » [!!], qui finissent par dérouter les lecteurs et les auditeurs, peuvent également contribuer à ce climat, souvent de manière inconsciente.

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Il est donc important d’occuper internet et de faire alliance avec la recherche scientifique sur les maladies, qui progresse et nous permet de mieux les combattre. « Il faut partager les connaissances, participer à l’expertise, mettre la science en commun » (discours prononcé devant la Fondation de l’Université biomédicale au Campus universitaire Biomedico, le 18 octobre 2021). Cela s’applique également aux vaccins : « Il est urgent d’aider les pays qui ont moins, mais cela doit être fait avec des plans à long terme, et non pas motivé par la seule hâte des nations riches à être plus sûres. Les remèdes doivent être distribués avec dignité, s’il vous plaît, et non comme de pieuses aumônes. Pour faire vraiment le bien, nous devons promouvoir la science et son application intégrale » (ibid.) Par conséquent, être correctement informé, être aidé à comprendre sur la base de données scientifiques et non de fake news, est un droit humain. Une information correcte doit être garantie avant tout à ceux qui sont moins bien lotis, aux plus faibles, aux plus vulnérables.

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Le deuxième mot, après ensemble, est pour : ensemble pour. C’est un mot tout petit mais révélateur : il nous rappelle qu’en tant que chrétiens, nous sommes contre l’injustice et le mensonge, mais toujours pour les personnes. Même si l’objectif de votre consortium est de lutter contre la désinformation, de combattre les fake news et la manipulation des consciences des plus faibles, nous ne devons jamais oublier la distinction fondamentale entre les informations et les personnes. Les fake news doivent être combattues, mais nous devons toujours respecter les personnes qui y adhèrent souvent sans pleine connaissance de cause et responsabilité. Le communicateur chrétien fait sien le style de l’Évangile, il construit des ponts, est un artisan de paix aussi et surtout dans la recherche de la vérité. Son approche n’est pas une opposition aux personnes, il ne prend pas d’attitudes de supériorité, il ne simplifie pas la réalité, pour ne pas tomber dans un fidéisme de marque scientifique.

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En fait, la science elle-même est une approche constante de la résolution des problèmes. La réalité est toujours plus complexe que nous le pensons, et nous devons respecter les doutes, les inquiétudes et les questions des gens, en essayant de les accompagner sans jamais les traiter avec condescendance. Dialoguer avec les sceptiques.

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En tant que chrétiens, nous devons être les premiers La pandémie nous invite à ouvrir les yeux sur l’essentiel, sur ce qui compte vraiment, sur la nécessité de nous sauver ensemble. Soyons donc ensemble pour et jamais contre. Ensemble pour. Et n’oublions pas que l’accès aux vaccins et aux traitements doit être garanti pour tous, même les plus pauvres : nous guérirons si nous guérissons ensemble. À ce propos, je tiens à souligner une chose que j’ai toujours dite : on ne sort pas seul d’une crise ; soit on en sort ensemble, soit personne n’en sort bien. Nous n’en sortirons pas identiques : nous en sortirons meilleurs ou pires. Parce que la crise nous met en difficulté et que nous devons trouver des solutions. Mais le problème – c’est un piège psychologique – c’est quand la crise se transforme en conflit et que le conflit ne peut pas être résolu : seulement avec la « guerre », avec les distances, avec les oppositions, et cela revient toujours à reculer et ne fait pas avancer le dialogue, la convivialité. Ne laissez jamais une crise se transformer en conflit. Non, c’est une crise. Nous sommes en crise, essayons d’en sortir ensemble.

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Enfin, la dernière brève réflexion porte sur le mot vérité. Ne nous lassons pas de vérifier les nouvelles, de présenter correctement les données, d’être toujours à l’affût. La recherche de la vérité ne peut être pliée à une perspective commerciale, aux intérêts des puissants, aux grands intérêts économiques. Non. Être ensemble pour la vérité, c’est aussi chercher un antidote aux algorithmes conçus pour maximiser la rentabilité commerciale, c’est promouvoir une société informée, juste, saine et durable. Sans un correctif éthique, ces outils génèrent des environnements d’extrémisme et conduisent les gens à une radicalisation dangereuse – et c’est un conflit.

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L’antidote à toute forme de falsification est de se laisser purifier par la vérité. C’est vrai, la vérité purifie. Pour le chrétien, la vérité n’est jamais un simple concept de jugement des choses, non, ce n’est qu’une partie de la vérité. La vérité concerne l’ensemble de la vie. « Dans la Bible, elle porte avec elle les significations de soutien, de solidité, de confiance […]. La vérité est ce sur quoi on peut s’appuyer pour ne pas tomber. Dans ce sens relationnel, le seul qui soit vraiment fiable et digne de confiance, sur lequel on peut compter, c’est-à-dire « vrai », c’est le Dieu vivant. C’est l’affirmation de Jésus : « Je suis la vérité » (Jn 14,6). L’homme, donc, découvre et redécouvre la vérité quand il l’expérimente en lui-même comme fidélité et confiance de celui qui l’aime  » (Message pour la 52e Journée des communications sociales 2018). Travailler au service de la vérité signifie donc rechercher ce qui favorise la communion et promeut le bien de tous, et non ce qui isole, divise et oppose. Pas ce qui mène au conflit.

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https://www.vatican.va/content/francesco/it/speeches/2022/january/documents/20220128-mediacattolici.html
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