Interrogé par une chaîne publique allemande, le très progressiste Georg Bätzing, qui a succédé à Franz-Peter Tebartz-van Elst (alias ‘l’évêque bling-bling‘, évincé après une campagne de presse féroce – on comprend mieux!) à la tête du diocèse de Limbourg a demandé solennellement à Benoît XVI de « demander pardon »! A-t-il perdu tout contrôle de lui-même? Et l’heure n’est-elle pas venue, pour le Vatican (ou plutôt pour François), de descendre enfin sur le terrain pour protéger Benoît XVI?

Marx/Bätzing, le duo de choc de l’église en Allemagne

Qu’il s’excuse. Bätzing attaque Ratzinger (et défend Marx)

Nico Spuntoni
https://lanuovabq.it/it/si-scusi-baetzing-attacca-ratzinger-e-difende-marx

Le chef des évêques allemands exige que Benoît XVI présente des excuses pour sa gestion des cas d’abus, tout en faisant l’éloge du controversé Reinhard Marx. Un fait qui révèle l’intention d’utiliser la « saleté de l’Eglise » pour frapper Ratzinger, le pape qui a fait le plus contre la pédophilie, mais détesté par le clergé libéral.

Benoît XVI doit s’excuser : voilà ce qu’exige Georg Bätzing, le chef des évêques allemands. Interviewé dans l’émission « Anne Will » [populaire talk-show de « Das Erste », la première chaîne publique allemande, du nom de sa présentatrice, ndt], Bätzing a dit que Ratzinger « doit parler et prononcer une phrase très simple : ‘Je suis coupable, j’ai commis des erreurs, je présente mes excuses à ceux qui ont été affectés‘, il n’y a pas d’autre moyen ». Une attaque sans précédent du président de l’une des conférences épiscopales les plus influentes du monde contre un pontife – son compatriote – qui est toujours vivant, bien que ne régnant plus.

Au contraire, Bätzing a fait l’éloge de son prédécesseur, Reinhard Marx, qui, dans le rapport du cabinet d’avocats Westpfahl Spilker Wastl, a été accusé de mauvaise conduite dans deux affaires pour lesquelles il n’a pas engagé les procédures canoniques requises. L’actuel archevêque de Munich, bien qu’invité, ne s’est pas présenté à la conférence de presse de présentation du rapport et a publié plus tard une déclaration d’excuses. La déclaration a été saluée comme « forte et authentique » par Bätzing, qui a invité Benoît XVI à « prendre ses distances avec ses conseillers » et est allé plus loin en accusant le pape émérite de « ne pas toujours s’entourer des meilleurs conseillers ».

Les paroles de l’évêque du Limbourg, prononcées aux micros de la radio et de la télévision publiques nationales, révèlent la volonté d’une partie de l’épiscopat allemand d’utiliser la « saleté de l’Église » qui s’est manifestée pour porter atteinte à l’image d’un homme qui n’a jamais été aimé, voire détesté pour s’être opposé à l’agenda progressiste au nom de la défense de la doctrine catholique. Marx lui-même, sorti flétri par le rapport sur les abus, ne s’était pas privé de lancer une pique à son plus important prédécesseur, disant qu’il pensait que Ratzinger s’exprimerait à nouveau sur la question et que ce serait positif. Une manière, donc, de faire pression sur Benoît XVI, comme pour lui dire : « Pendant que tu te défends avec 82 pages dans lesquelles tu accuses l’enquête de partialité, moi, je m’excuse ».

En réalité, outre les déclarations de pardon, déjà précédées en juin dernier par le geste à effet de remettre sa charge entre les mains du pape François – juste le temps de s’attirer les louanges de la presse mondiale et de Bätzing – l’actuel archevêque de Munich et Freising s’est limité à reconnaître qu’il aurait pu s’impliquer davantage dans au moins un cas, mais n’a pas mis sa démission sur la table, rappelant qu’il ne s’agit pas d’une décision qu’il peut « prendre seul ».

La différence d’attitude de Bätzing face aux accusations portées contre Ratzinger et Marx ne peut que donner aux fidèles le sentiment d’une motivation idéologique qui risque de décrédibiliser davantage l’Eglise allemande dans la tempête des abus. Jamais auparavant un chef des évêques n’avait porté un jugement aussi sévère – et aussi injuste – sur un pape (émérite) encore en vie.

Peut-être est-il vraiment temps pour le Vatican de descendre dans l’arène de façon incisive pour protéger la figure de Benoît XVI, le pontife qui a le plus contribué à éradiquer le fléau des abus sur mineurs dans l’Église.

Mots Clés :
Share This