Dans une note intitulée « Munich trahit la deuxième fois » (référence à la tristement célèbre conférence de 1938), le cardinal (créé par Benoît XVI en 2012) et primat tchèque Dominik Duka (*) accuse l’archevêque de Munich, la Curie locale et le président de l’épiscopat allemand d’avoir diffamé le pape émérite.

(*) Le 11 novembre 2019, le cardinal s’était rendu à Rome avec 2000 pèlerins tchèques pour célébrer le 30e anniversaire de la canonisation d’Agnès de Bohême et la chute du régime communiste, et avait à cette occasion rencontré le Pape émérite (photo ci dessous): Des évêques tchèques chez Benoît XVI

Espérons que ce cri amer d’indignation contre les attaques perfides et injustifiées contre le Pape émérite sera un exemple pour les autres évêques du monde.

Duka défend Benoît XVI : « Une trahison contre lui ».

Wlodzimierz Redzioch
https://lanuovabq.it/it/duka-difende-benedetto-xvi-un-tradimento-contro-di-lui

Depuis le début des attaques ignobles instrumentalisées contre Benoît XVI, après la publication du rapport sur les abus commis sur des enfants dans l’archidiocèse de Munich, peu de voix se sont fait entendre pour défendre le pape émérite. Il faut donc noter la prise de position résolue de l’archevêque de Prague et primat de la République tchèque, le cardinal dominicain Dominik Duka. Et il s’agit d’un cardinal de grande stature : persécuté pendant le communisme, condamné pour son activité pastorale, il s’est lié d’amitié en prison avec le futur président Vaclav Havel. Le 26 avril prochain, l’archevêque aura 79 ans, mais – bien qu’il ait présenté sa démission il y a presque quatre ans – le pape François n’est pas pressé de l’envoyer à la retraite.

Le cardinal Duka a décidé de protester contre le traitement réservé à Benoît XVI dans l’archidiocèse de Munich en publiant une note sur le site de l’archidiocèse de Prague. Le primat tchèque a publiquement accusé l’archevêque de Munich et Freising (Reinhard Marx), la Curie locale et le président de l’épiscopat allemand (Georg Bätzing) d’avoir diffamé le vieux pontife et terni sa réputation.

C’est ainsi que le primat tchèque a réagi à la lettre de Benoît XVI publiée mardi 8 février et à l’analyse qui y est jointe, dans laquelle avocats et collaborateurs du pape émérite réfutent point par point les accusations portées contre lui dans le rapport sur les abus dans l’archidiocèse de Munich. Le cardinal Duka ne mâche pas ses mots. Sa note de protestation contre les attaques à l’encontre de Benoît XVI est significativement intitulée « Munich trahit pour la deuxième fois », comparant ainsi tout ce qui se passe à Munich aujourd’hui à la tristement célèbre conférence qui s’est tenue à Munich en 1938 et s’est conclue par un accord qui a conduit à l’annexion de vastes territoires de la Tchécoslovaquie à l’Allemagne nazie : à l’époque, le pays avait été trahi par les États occidentaux, la France et le Royaume-Uni. Le Primat de Bohême a également choisi comme mots d’ouverture de sa déclaration les mots de son héroïque prédécesseur, le Cardinal Josef Beran. Josef Beran : « Ne reste pas silencieux, archevêque ! ». Et le cardinal tchèque, paraphrasant ces mots, s’est adressé à lui-même : « Vieux cardinal, tu ne peux pas te taire, tu dois crier ! ».

Et l’archevêque de Prague crie. Il admet avec grand regret que la manière dont l’archidiocèse de Munich a utilisé le rapport est pour lui l’une des plus grandes déceptions qu’il ait connues dans l’Église catholique romaine. Il souligne que dans ce rapport, qui a probablement coûté des centaines de milliers d’euros, Benoît XVI a été injustement calomnié et blessé. On a fait en sorte que ce rapport ne puisse pas être interprété en sa faveur et qu’il n’envisage même pas la possibilité d’une clarification. « Qu’est-ce que tout cela est censé signifier ? » se demande le cardinal Duka, annonçant qu’il analysera toute l’affaire en détail dans un article du magazine allemand Die Tagespost.

Espérons que ce cri amer d’indignation contre les attaques perfides et injustifiées contre le Pape émérite qui sont orchestrées, malheureusement, avant tout par une partie de sa patrie et de son Église, sera un exemple pour les autres évêques du monde.

Mots Clés :
Share This