Maria Guerini, qui anime le blog Chiesa e postconcilio identifie les risques pour l’unité et l’universalité de l’Eglise qu’implique le dernier Motu Proprio (qui a finalement été baptisé en latin, Competentias quasdam decernere – nous en avons parlé ici: Motu proprio: et de deux! ). Comme si, pierre après pierre, jour après jour, « quelqu’un » s’acharner à fragiliser, voire à démanteler l’édifice.

Ego rogavi pro te, Petre, ut non deficiat fides tua
J’ai prié pour toi, Pierre, afin que ta foi ne défaille pas.
[Mais toi, une fois converti, confirme tes frères.
Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux].

L’Église catholique apostolique et ensuite romaine peut-elle devenir diocésaine? Usque tandem? (*)

(*) Jusqu’à quand?

http://chiesaepostconcilio.blogspot.com/2022/02/la-chiesa-cattolica-apostolica-e-poi.html

Le 15 février 2022 est entré en vigueur le « motu proprio » Competentias quasdam decernere , par lequel Bergoglio a transféré aux évêques locaux les compétences jusqu’alors attribuées par le Code de droit canonique au Saint-Siège.
De fait, avec la mutation de certaines normes du Code de Droit canonique et du Code des Canons des Eglises orientales, la possibilité s’ouvre pour chaque « région ecclésiastique » (diocèses individuels ou Conférences épiscopales nationales) d’élaborer elle-même – avec seulement la confirmation (et non plus l’approbation) de Rome – ce qui concerne la gestion des séminaires, la formation des prêtres, la rédaction des catéchismes et d’autres domaines importants de la vie ecclésiale. Évidemment, il pourra aussi y avoir des liturgies différenciées… On peut même émettre l’hypothèse d’une genderisation, de choix pro-lgbt….
Là aussi, nous avons une impression de déjà-vu de matrice désormais éculée. Et la confusion, mais surtout le drame d’une église méconnaissable, augmente.

Selon le Saint-Siège, cette décentralisation répond à l’esprit de l’exhortation apostolique « Evangelii Gaudium« , et vise à encourager le développement d’actions pastorales plus proches des réalités et des besoins des églises locales. Cependant, on ne peut s’empêcher d’être déconcerté par les conséquences d’une telle transformation, qui marque de fait la fin de la Catholica. La fenêtre d’Overton, déjà ouverte depuis un certain temps (idolâtrie à Saint-Pierre, fraternité universelle), a maintenant atteint ses stades les plus extrêmes…

En effet, qu’advient-il du catholicisme, qui signifie universalité ? Si l’on tient également compte de la délicatesse des compétences transférées aux évêques diocésains, très différents les uns des autres en termes de sensibilité et d’orientations, même sur des questions cruciales : tout cela met encore plus en danger l’unité de l’Église catholique, déjà profondément déchirée et divisée (il suffit de penser au synode en Allemagne). Et peut-être que la mesure, en plus de refléter l’esprit révolutionnaire de son auteur, sert précisément à accepter ce schisme déjà en place, dans la mesure où il émerge.

Comme nous l’avons mentionné, le problème est que la question (qui a toujours été délicate et très épineuse) a été abordée avec une extrême clarté dans un passage d’Evangelii Gaudium :

« Un statut des Conférences épiscopales qui les conçoit comme des sujets d’attributions concrètes, comprenant également une certaine autorité doctrinale authentique, n’a pas encore été suffisamment explicité. Une centralisation excessive, au lieu d’aider, complique la vie de l’Église et sa dynamique missionnaire ».

Mais l’Eglise, Une Sainte, le corps mystique du Christ, n’est pas une collection d’églises nationales, elle ne peut avoir un magistère à géométrie variable. Surtout, elle ne peut tolérer une fragmentation qui la déchire. Même si nous voulons parvenir à une synodalité saine et permanente, y compris avec tous les risques soulignés à plusieurs reprises, les organes locaux peuvent avoir des fonctions consultatives, et non délibératives, sinon que devient le triple munus (docendi, regendi, sanctificandi) de Pierre ?

Mais, en fin de compte, qu’est-il advenu de Pierre ?

Maria Guarini

Share This