Maxime Tandonnet présente ici un essai politique qui met en évidence « le grand malaise du pouvoir »: une réflexion nécessaire à la veille de l’échéance électorale d’avril prochain pour comprendre que le vrai pouvoir n’est pas celui que l’on va choisir des les urnes. Selon l’auteur, Arnaud Benedetti, ce processus de dépossession du pouvoir au détriment des peuples a connu un tournant décisif dans avec le traité constitutionnel de Lisbonne (rejeté par référendum en 2005 mais signé en 2007 par les pays membres de l’UE) et s’est aggravé avec « la montée en puissance des GAFAM… [lesquelles] prennent possession de milliards d’existence par la connaissance qu’elles génèrent de leur vie quotidienne et par les processus de contrôle qu’elles génèrent sur ces dernières ».

[La crise actuelle du politique] est le fruit d’une évolution de longue date qui trouve son paroxysme aujourd’hui.

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L’approbation par la voie parlementaire du traité de Lisbonne, reprenant pour l’essentiel les dispositions du traité constitutionnel européen rejeté par référendum en 2005, a marqué, selon [l’auteur], un tournant emblématique dans la perte de confiance des citoyens envers le politique.

« C’est une couche profonde du cerveau démocratique que le traité de Lisbonne vient bouleverser en s’affranchissant ouvertement du résultat d’une consultation. Le choix du peuple est effacé, réinitialisé au travers du seul mécanisme représentatif. Il n’a pas fini de produire ses répliques et ses effets, tant il génère le sentiment d’une expropriation démocratique et d’une aliénation de la volonté générale. »

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L’auteur montre au fil des pages comment l’effacement des frontières ou la mondialisation (globalisation) se traduit par un vertigineux déclin de la capacité des peuples à choisir leur destin :

« A proportion que l’uniformisation gagne, la délibération recule, ce qui n’exclut pas pour autant des controverses planétaires qui n’ont trouvé à ce stade aucun moyen de régulation […] L’extension du domaine supra-étatique s’accompagne mécaniquement d’une rétractation du domaine démocratique. »

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Il revient sur les mécanismes qui vident le pouvoir politique de sa substance : les transferts de compétence à la bureaucratie supranationale ou l’emprise croissant des juridictions. Il insiste sur la montée en puissance des GAFAM (Google, FB, Amazon, etc.), l’un des phénomènes les plus spectaculaires de ces trente dernières années :

« Ces firmes des technologies de l’information subvertissent le vieil ordre politique […] Elles gèrent l’information, l’agrègent, la croise, la diffuse et la commercialise. Elles prennent possession de milliards d’existence par la connaissance qu’elles génèrent de leur vie quotidienne et par les processus de contrôle qu’elles génèrent sur ces dernières. Elles réalisent peu à peu la prophétie pessimiste de Jacques Ellul qui, l’un des premiers, vit dans la révolution informatique l’accomplissement de la domination technicienne. »  

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https://maximetandonnet.wordpress.com/2022/02/21/lecture-comment-sont-mort-les-politiques-le-grand-malaise-du-pouvoir-par-arnaud-benedetti-les-editions-du-cerf-2022/
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