Il y a un mois, j’avais traduit un article de Tommaso Scandroglio, intitulé « A quand la fin de la pandémie? C’est « EUX » qui décideront » (je laisse le lecteur mettre un nom sur le pronom « eux »).

Eh bien, c’est fait, même si on aurait préféré que ce soit dans d’autres circonstances. Comme par magie, l’Ukraine et le méchant Poutine ont chassé le virus. On n’en parle plus. AM Valli y voit une façon de manipuler les populations grâce aux médias (symbolisés ici par « l’homme-tronc » – mezzobusto – qui présente le JT), en maintenant le citoyen lambda en état de peur perpétuelle (ce n’est pas la réalité du conflit ukrainien, certes tangible, qui est ici en cause, mais la narration qui en est faite).

Et maintenant, la Chine a des robots… largement suffisants

L’homme-tronc global et l’état d’urgence perpétuel

L’autre jour, un mème a circulé selon lequel Poutine devrait être nommé pour le prix Nobel de médecine parce qu’en quarante-huit heures il a guéri le monde entier du Covid. La blague fait sourire, mais elle fait aussi réfléchir. Nous sommes ce que les médias nous racontent. Les télévirologues ont disparu. Les gens, par inertie, continuent à porter des masques, mais ils parlent d’Ukraine et de chars. La logique est celle du « tournons la page », typique des journaux télévisés. Vous vous souvenez, l’homme-tronc de service, lorsqu’il doit passer d’un sujet à un autre, utilise la formule « et maintenant tournons la page » ? Eh bien, les maîtres de la narration ont décidé de tourner la page, et comme par magie, le Covid a disparu. Parce que le Covid n’était et n’est qu’un outil. L’élément constant, celui qui ne doit pas disparaître, est l’idée que nous vivons dans une situation d’urgence. D’abord c’était pour le Covid, maintenant c’est pour Poutine. La peur ne doit pas disparaître.

Filippo Tommaso Marinetti [1876-1944, fondateur du mouvementr futuiriste], dans le Manifesto del Futurismo, a écrit que la guerre est « la seule hygiène du monde ». Les maîtres de la pensée l’ont pris au pied de la lettre. La guerre a éradiqué le virus. Mais la terreur ne doit jamais disparaître. L’opinion publique doit être constamment tenue en haleine. Une fois l’histoire de l’Ukraine terminée, l’homme-tronc global dira « et maintenant, tournons la page » et passera à une autre urgence, une autre peur.

Bien entendu, l’homme-tronc global, avec ses nouvelles, ses mots et ses idées unifiés, n’a autant d’influence que parce que nous lui permettons d’en avoir. Parce que nous nous contentons de boire le récit décidé par les maîtres de la pensée.

Giuseppe Prezzolini [1882-1982, journaliste et écrivain] s’était inscrit à la Société des Apotes, du grec ápotos, qui signifie « ceux qui n’y croient pas » [/qui ne sont pas dupes]. Les Ápotos sont ceux qui ne plient pas, qui ne se satisfont pas du récit dominant, mais cherchent la vérité. Il faut, écrivit Prezzolini dans La Rivoluzione Liberale, se soustraire au « tumulte des forces en présence pour clarifier les idées ». Justement: les maîtres de la pensée veulent que nous restions prisonniers du tumulte des forces en présence, afin que les idées ne soient jamais clarifiées.

Le récit de la crise perpétuelle est au service des maîtres de la pensée. Qu’il s’agisse du Covid, de l’Ukraine, du réchauffement climatique ou de l’invasion des Martiens, l’important est que la crise soit toujours présente et que nos esprits soient correctement conditionnés. L’important est que l’idée même de normalité soit bannie. Les maîtres de la pensée veulent que nous vivions dans une anxiété constante. Les raisons pour lesquelles l’anxiété est alimentée peuvent changer. Ce qu’il faut nourrir sans relâche, c’est l’anxiété, cet état d’angoisse et de peur qui empêche d’être lucide et conduit à se jeter dans les bras des marchands de sécurité.

Pour les maîtres de la pensée, l’idéal serait que du masque on passe directement au masque à gaz, par peur du Poutine de service.

Le jeu est maintenant découvert, mais, tels des somnambules, nous sommes pris au piège. « Le Meilleur des Mondes » d’Aldous Huxley me vient à l’esprit : l’hypnopédie (sleep teaching, voire le sommeil tactique) utilisée comme méthode de conditionnement.

Je lis dans Il Sole 24 Ore : « Le Conseil des ministres a décidé d’un état d’urgence de trois mois pour permettre les interventions de la protection civile à l’étranger et de la protection civile européenne. Des mesures ont été décidées afin d’apporter une réponse immédiate aux besoins liés au déclenchement de la guerre ».

Quoi que cela signifie, il est clair que nous devons rester en état d’urgence. Ou, mieux encore, que l’état d’urgence soit perçu comme la nouvelle normalité.

Entre-temps, le green pass est là et est désormais considéré comme acquis. Ainsi soit-il.

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