L’augmentation vertigineuse et immédiate du prix de l’énergie en Europe est-elle motivée par des faits objectifs, et s’abat-elle sur nous inéluctablement comme une nuée de sauterelles sur un champ qu’elles s’apprêtent à dévaster? En réalité, la Russie n’a pour le moment pas réduit ses approvisionnements, et les stocks de carburant, achetés il y a plusieurs mois, ne peuvent pas être affectés par la crise actuelle. Mais pendant que les files de réfugiés ukrainiens s’allongent sous l’objectif complaisant des caméras de télévision, les spéculateurs s’en mettent plein les poches, et (ou) les ayatollahs verts en profitent pour accélérer l’agenda de leur transition énergétique. On se disait, aussi…

Gaz et essence au zénith – pour certains, la guerre est bien pratique

Luca Volontè
lanuovabq.it/it/gas-e-benzina-alle-stelle-a-qualcuno-la-guerra-fa-comodo
9 mars 2022

Il n’y a pas de blocage des approvisionnements en provenance de Russie, mais les prix du gaz et des carburants augmentent régulièrement et rapidement. Sous le prétexte de la guerre, il y a beaucoup de spéculation, qui s’étend à d’autres éléments essentiels. Et surtout, le lobby vert de l’Union européenne en profite pour appuyer sur l’accélérateur de la transition énergétique, comme le montrent les déclarations du vice-président de la Commission européenne, Timmermans. Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que rien ne presse pour arrêter l’incendie en Ukraine.

La semaine dernière, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a présenté à l’UE dix mesures visant à réduire sa dépendance à l’égard du gaz naturel russe en l’espace d’un an, sans qu’elle doive renoncer à ses objectifs environnementaux fixés dans le cadre du « Green Deal ». Selon l’AIE, une série de mesures pourrait permettre au bloc de réduire ses importations de gaz naturel russe d’ici un an. Il s’agit notamment de ne pas signer de nouveaux contrats de gaz avec la Russie, de remplacer les approvisionnements russes par du gaz provenant de sources alternatives, d’introduire des exigences minimales en matière de stockage de gaz et d’accélérer le déploiement des énergies solaire et éolienne… mais aussi d’encourager les consommateurs à réduire temporairement la température de leur thermostat de 1°C. En bref, plus d’environnementalisme et plus de coûts et de froid pour tout le monde.

Il ne fait aucun doute que dans une situation comme celle-ci, où depuis le début du conflit entre la Russie et l’Ukraine le gaz russe n’a jamais cessé d’être injecté en Europe, tous les prétextes sont bons pour pousser la locomotive européenne vers la folle course verte. Les États-Unis et le Royaume-Uni ont décidé d’interdire les importations de gaz russe dans leurs pays, une idée avancée le week-end dernier par le secrétaire d’État américain lors d’une visite en Pologne et en Moldavie, lorsqu’il a appelé les pays européens à fermer les robinets de gaz, de pétrole et de charbon en provenance de Russie, qui couvrent aujourd’hui entre 30 et 40 % des besoins du continent.

La Russie, et Gazprom en particulier, a-t-elle réduit ses approvisionnements? Non. Y a-t-il eu une menace de le faire? Non, au contraire l’offre a augmenté. Alors pourquoi les prix continuent-ils d’augmenter uniquement par crainte d’une réduction de l’offre, et pourquoi aucune mesure n’est-elle prise sur les prix des carburants (dont les stocks achetés il y a plusieurs mois ne peuvent être affectés par les prix actuels) et des biens de consommation ? Qu’on ne dise pas que les prix de l’huile d’olive et des graines dépendent de la guerre ou que la farine a été conditionnée la semaine dernière pour être vendue dans les supermarchés ; qu’on ne dise pas que l’huile d’olive dépend de la production d’olives en Ukraine ou en Russie…un peu de décence.

Pourquoi la spéculation absurde de ces dernières semaines si les biens énergétiques ne manquent pas et n’ont pas baissé ? Le coût de l’essence, du diesel et du méthane pour le transport routier, à plus de deux euros le litre, ne dépend certainement pas des approvisionnements en provenance de Russie, et l’inflation de la zone euro prévue par la présidente de la BCE, Mme Lagarde, à plus de 5,8 %, ne dépend pas du conflit.

Deux faits sont certains et évidents pour tout le monde. Le choix de l’Occident, en particulier de l’Europe et de ses institutions, d’imposer et de poursuivre les sanctions américaines contre la Russie sera payé par nous, citoyens, à la pompe à essence, au comptoir des magasins et au moment de payer nos factures. Ce n’est pas par hasard que, comme nous l’avons mentionné au début, l’Agence internationale de l’énergie a déjà appelé tous les citoyens européens à réduire la chaleur dans leurs maisons (pour l’instant d’un degré, ensuite nous verrons). L’impact économique reposera entièrement sur nos épaules, et ce en raison des erreurs politiques commises dans le passé par l’Alliance atlantique et du manque absolu de diplomatie politique des dirigeants européens actuels.

Parmi les spéculateurs et les instigateurs de la guerre et des sanctions, on trouve bien sûr les amoureux de l’environnementalisme vert. Les verts chantres de Greta, les émules du vice-président de la Commission Franz Timmermans et les investisseurs mondiaux milliardaires de l’économie verte – réduits au silence par le choix réaliste fait le 2 février par la Commission et la plupart des pays européens d’inclure le gaz et le nucléaire dans la « taxonomie » européenne – font maintenant la fête et remplissent leurs portefeuilles.

Ce n’est pas une coïncidence si la Commission a présenté hier sa Communication RePower [RePower Eu, littéralement « redynamiser l’Europe », plan européen de désengagement du gaz russe, se présente comme « la réponse européenne à la crise énergétique » consécutive à la guerre en Ukraine] une ébauche de plan visant à rendre l’Europe indépendante des combustibles fossiles russes bien avant 2030, en commençant par le gaz, à la lumière de l’invasion russe en Ukraine (qui n’a rien à voir avec la spéculation sur les prix de l’énergie). En résumé, le plan, qui sera soumis aux chefs d’État et de gouvernement les jeudi 10 et vendredi 11 mars, prévoit de diversifier l’approvisionnement en gaz de l’Europe en y incluant du gaz naturel liquéfié (GNL) importé de pays comme les États-Unis et le Qatar, « ainsi que le développement du biogaz et de l’hydrogène » ; d’accélérer le développement des énergies renouvelables « et la production de leurs composants clés » ainsi que « la rationalisation des procédures d’autorisation pour les projets énergétiques » tels que les parcs éoliens ; d’améliorer les interconnexions des réseaux européens de gaz et d’électricité, y compris « la synchronisation complète des réseaux électriques » ;de « renforcer les plans d’urgence de l’UE pour la sécurité de l’approvisionnement » ; et enfin d’ « améliorer l’efficacité énergétique et la gestion de la consommation d’énergie, et promouvoir une approche plus circulaire des modes de production et de consommation ».

Dans tout cela, on est frappés par les propos de Timmermans lors de la présentation du document, confirmant que la « marche verte » se satisfait parfaitement du conflit et fait tout pour éviter les solutions diplomatiques :

Lançons-nous dans les énergies renouvelables à la vitesse de la lumière. Les énergies renouvelables sont une source d’énergie bon marché, propre et potentiellement infinie et, au lieu de financer l’industrie des combustibles fossiles ailleurs, elles créent des emplois ici. La guerre de Poutine en Ukraine démontre l’urgence d’accélérer notre transition vers une énergie propre.

Après les bâillons, le marquage du Green pass et l’isolement forcé du Covid, aujourd’hui, voudraient-ils nous jeter dans des grottes vertes et nous imposer des prix faramineux pour satisfaire des spéculateurs sans scrupules et cacher des fautes politiques ?

Qu’on évite au moins d’exploiter la souffrance réelle du conflit pour justifier les folies mondialistes.

Mots Clés :
Share This