Ce qui a choqué Luca Volontè qui commente pour la NBQ ce qu’il nomme « un débat ennuyeux » dont il regrette la technicité et le manque de pugnacité de la « challenger », c’est surtout la ligne de La Croix. Un journal qui, tout en conservant pour des raisons de marketing un titre qui se réfère au symbole par excellence de la Chrétienté, s’aligne de façon acritique sur la franc-maçonnerie. Non sans feindre hypocritement de regretter de s’aliéner certains de ses lecteurs. Mais on ne lésine pas avec l’urgence du retour du fascisme! Les catholiques jugeront avec leur vote dimanche prochain, conclut Luca Volontè. On verra…

L’éditorial du rédacteur en chef Jérôme Chapuis, en première page du jeudi 21 avril, est embarrassant tant par son ton que par son contenu et totalement inconcevable pour quelqu’un dont la boussole devrait être la Doctrine sociale de l’Église et les principes non négociables, tant tournés en dérision et violés par Macron lui-même.

Macron-Le Pen, un débat ennuyeux. Les catholiques se divisent

Luca Volontè
lanuovabq.it/it/macron-le-pen-un-dibattito-noioso-i-cattolici-si-dividono

Le débat télévisé entre les deux candidats aux élections françaises de dimanche prochain a fini par être ennuyeux, en raison de ses aspects techniques et du manque de mordant de la challenger Le Pen. Macron, arrogant et paternaliste. Les catholiques se divisent. La Croix se range du côté de Macron et fait siens les thèmes de la Maçonnerie : les principes de la République au-dessus des non négociables.

La campagne électorale pour l’élection du président de la République française touche à sa fin. Le dénouement du second tour aura lieu le dimanche 24 avril et à cette date, les électeurs transalpins décideront enfin qui, entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron, dirigera la France pour les cinq prochaines années.

La semaine s’est ouverte sur une vive polémique à l’encontre de Marine Le Pen pour un rapport que les institutions européennes (Olaf, Office de lutte anti-fraude) ont envoyé à la justice française pour enquêter sur l’hypothèse d’une fraude de 136 993,99 euros de fonds publics à titre personnel et d’un total de 617 379,77 euros par d’autres membres de son parti au détriment du Parlement européen. Une bombe à retardement ? Peut-être que oui, peut-être que non. Ce qui est certain, c’est qu’à quelques jours du vote, il est probable que la nouvelle a été publiée au moins à des fins électorales, notamment pour occulter les nombreuses questions légitimes que de nombreux Français se posent sur les honoraires en or versés par Macron tout au long de son mandat à la société américaine McKinsey [sans parler du fameux « pacte de la corruption« , ndt].

Lors du débat public diffusé à la télévision française le mercredi 20 avril, ces deux aspects « scandaleux » ont été peu évoqués, tandis que l’accent était mis sur les véritables programmes électoraux et les réponses aux urgences concrètes du pays. Nous avons suivi le débat de plus de 2 heures, beaucoup de Français se seraient attendus à plus de mordant et de polémique entre deux adversaires qui, tout en se respectant, auraient dû convaincre les électeurs indécis de se ranger de leur côté. À la place, ce fut un débat entre un président sortant follement arrogant, constamment enclin à interrompre son adversaire et condescendant à l’égard des diverses analyses de Le Pen, et une adversaire timide, ni impressionnée ni mal préparée, mais sans aucun « animus pugnandi » [état d’esprit combatif] .

Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont défendu leurs projets, mais la confrontation a été d’un ennui total, un débat très technique et stérile dans lequel aucun des deux n’a saisi l’occasion d’exposer sa vision de l’avenir de la France. Pour le journal en ligne Boulevard Voltaire, il s’est agi d’un débat entre un robot (Macron) et une femme timorée (Le Pen), « une machine acérée, méprisante, technoïde et froide, une machine qui s’appelle Emmanuel Macron », qui regarde vers l’avenir écologique du pays et une femme qui estime que le peuple veut « un retour à la tranquillité et au bon sens dans la gestion des affaires de l’État ». Certes, si Marine Le Pen avait été une femme de gauche, toute la presse aurait traité Macron de paternaliste et dénoncé son attitude discriminante.

Parmi les rédacteurs de l’autre journal conservateur français, Valeurs Actuelles, Charlotte d’Ornellas écrit que les deux candidats « avaient deux objectifs différents : lui devait sauver son bilan, elle devait prendre sa revanche. Ils ont réussi tous les deux, mais le résultat est que lui a sauvé son bilan – même s’il a été plus qu’arrogant – et elle a évité l’humiliation sans briller. Au final, aucune vision de la France et des accusations mutuelles invérifiables. »

Emmanuel Macron « dominant sur le fond » et « à l’attaque », affirme Le Monde en écho à la presse étrangère [!!!], tout en reconnaissant que Marine Le Pen était « mieux préparée » qu’en 2017 et a « résisté ».

L’éditorial du Figaro rejette les deux, et qualifie le débat de décevant parce qu’il était « sans vision d’avenir pour la France », tandis qu’un sondage du même journal montre que seuls 20% des Français ont changé d’opinion après la confrontation télévisée de mercredi soir.

Le monde catholique reste divisé et, pour la première fois, le quotidien catholique [il vaudrait mieux écrire « catholique », avec des guillemets. Ce journal doit urgemment changer de titre, je suggère « L’équerre et le compas », ou « L’oeil »] La Croix prend position et appelle à voter pour Macron. L’éditorial du rédacteur en chef Jérôme Chapuis [ndt: sans vouloir distribuer des certificats de catholicité, sa bio laisse perplexe quant à son idonéité en tant que directeur de la rédaction d’un journal catholique, mais visiblement, il coche toutes les cases, voir ici], en première page du jeudi 21 avril, est embarrassant tant par son ton que par son contenu et totalement inconcevable pour quelqu’un dont la boussole devrait être la Doctrine sociale de l’Église et les principes non négociables, tant tournés en dérision et violés par Macron lui-même. Derrière le masque du réalisme « lucide », de la « lucidité » urgente et des fantasmes des dangers d’une Le Pen « poutinienne et trumpienne », La Croix prend parti :

Il faut l’accepter : la réélection du sortant (Macron)… reste, à nos yeux, la seule option envisageable. Pour notre journal, cela signifie assumer un désaccord avec une partie de ses lecteurs. Sans autre ambition que d’affirmer des valeurs importantes pour la vie de la société et de servir le débat public avec honnêteté.

Une « honnêteté  » qui censure à la racine tout bilan de la destruction de la vie humaine, de la liberté d’enseignement et du bien des familles menée par Macron durant ses années de mandat.

La Croix reprend en fait à son compte tous les désirs exprimés sur un ton polémique par la franc-maçonnerie française dans l’éditorial du Monde du 20 avril, qui attaque l’Église de France pour ne pas avoir pris une position forte contre Le Pen et en faveur de Macron, étant donné que « l’Eglise catholique n’hésite pas à faire connaître et à défendre ses avis tranchés sur des sujets comme le mariage homosexuel, la gestation pour autrui ou l’euthanasie. Qu’elle ne le fasse pas clairement à un moment crucial où pourraient être remises en cause les valeurs d’égalité, de respect et de tolérance qui fondent notre société serait incompréhensible. » [www.lemonde.fr/idees/article/2022/04/20/presidentielle-2022-la-discretion-de-l-eglise-catholique-face-a-l-extreme-droite].

Les valeurs désincarnées de la République (et de l’Europe) passeraient avant les principes non négociables, le catéchisme et même les droits humains que sont la dignité humaine, la société familiale naturelle, la liberté de culte et d’éducation… à cet autel, l’Église et les catholiques sont priés de s’agenouiller. La Croix l’a fait Les électeurs catholiques décideront dimanche par leur vote.

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