(Article mis à jour) Pour paraphraser Gabriel Garcia Marquez, on pourrait parler de « chronique d’une victoire annoncée ». Ou d’une défaite, selon le point de vue.

Marine Le Pen ne POUVAIT PAS gagner , et pas seulement à cause de l’unanimité des médias contre elle (*), même si pendant les mois précédant le second tour, on nous a joué l’air de sa victoire possible. Elle n’a pas su ou pas voulu, ou pas pu fédérer « les droites » à l’instar d’un Berlusconi, en Italie dans les années 90, ou comme l’avait fait Mitterrand pour la gauche française en 1981. Elle a préféré jouer l’union transversale des peuples, y compris les électeurs de Mélenchon, en acceptant comme principal thème de campagne celui imposé par les médias, le fameux « pouvoir d’achat », et cette stratégie ne pouvait pas marcher car l’électeur de Mélenchon est viscéralement « antifa »: si la rhétorique médiatique de la diabolisation est injuste en ce qui la concerne, elle continue de fonctionner et contrairement au martèlement des médias (encore eux!), le clivage gauche-droite existe bel et bien. Le nier, c’est LE piège qu’il fallait éviter et dans lequel elle est tombée.

Les médias, donc, qui ont fait leur vilain boulot, surtout entre les deux tours, ont aujourd’hui le bon goût (ou ont-ils reçu des ordres?) de ne pas la jouer trop triomphaliste. Il ne faudrait pas que la fiction (tiens, là aussi?) de la démocratie via les urnes puisse être mise en doute. Continuez à voter, bonnes gens, on s’occupe du reste. Dans l’immédiat, comme si rien ne s’était passé, ils vont recommencer à nous dérouler leurs insupportables analyses (leurs « décryptages, disent-ils) sur la sociologie du vote, la fracture entre la France d’en haut et celle d’en bas, une façon élégante de témoigner leur mépris de classe pour une population qui sent des aisselles, ignore le sabir franglais et dont ils décortiquent les mœurs en entomologistes.

Et pour le parti d’ « extrême droite », la chute ne fait que commencer. Le système français, avec les législatives dans la foulée de la présidentielle et les modalités électorales qui impliquent que sans alliances, un parti ne peut pas avoir d’élus font qu’elle va littéralement disparaître du paysage politique, avec une dizaine d’élus à la chambre et Mélenchon, ou son parti, promu comme chef de l’opposition. Les socialistes, et les verts porteurs de cette « écologie punitive » qui devrait faire peur aux gens s’ils réfléchissaient un peu ou s’ils étaient mieux informés, vont pouvoir parader, ils auront plus de députés que le parti de Marine Le Pen. Il ne faut rien attendre du prétendu « troisième tour » qui n’est qu’un artifice rhétorique destiné à prolonger le suspense et à enfumer les gens.

Bref, si ce n’est pas l’apocalypse annoncée par certains oiseaux de malheur, ce n’est pas joyeux non plus pour les cinq années à venir. A moins qu’un évènement imprévu ne vienne entre-temps rebattre les cartes. A Dieu ne plaise…

Pour finir, je voudrais revenir sur un point du fameux « débat » qui a rarement été souligné: pourquoi Marine Le Pen n’a-t-elle pas attaqué son adversaire sur le terrain des affaires (cf. Une autre analyse du débat Macron/Le Pen)? Il y avait pourtant beaucoup à dire. On ne saura jamais si cela aurait changé le score final. Peut-être pas. Mais au moins, perdu pour perdu, cela aurait eu du panache.

(*) Voir ce qu’écrit aujourd’hui Gabriel Cluzel, sur Boulevard Voltaire:

Comment s’appelle un pays où à peu près 100 % de la presse subventionnée soutient le gouvernement ? Comment s’appelle un pays où tous les contribuables financent, contraints et forcés, des médias « engagés » du même côté, celui des élites, du pouvoir et d’un immense parti hégémonique qui criminalise ses opposants ?

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https://www.bvoltaire.fr/marine-le-pen-a-perdu-mais-face-a-lunanimite-des-medias-son-score-tient-du-miracle/
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