Le principal opposant à François au sein de l’Eglise ne le ménage certes pas. Mais il est vrai que, vu de l’extérieur, ce énième épisode de mea culpa pour des faits du passé (du présent, et des malversations bien réelles des favoris de François, il n’est jamais question) ressemble moins à l’humble demande de pardon d’un pécheur pour des fautes qu’il a commises qu’à la vengeance implacable d’un ennemi acharné de l’Eglise, qui règle ses comptes avec elle pour la mettre définitivement à terre, sous les applaudissements du monde – enfin, ce qui reste du monde qui s’y intéresse encore. En tout cas, le ressenti de l’opinion publique est que l’Eglise est une entreprise mafieuse qui n’a fait que du mal dans le passé (colonisation, abus sexuels, obscurantisme, entrave à la science et même, aujourd’hui, déforestation et exploitation éhontée des ressources de Mère Gaïa), à remiser définitivement au placard, et que son chef en personne le reconnaît, se prosternant devant les promoteurs de toutes les déviances morales, toutes les atteintes à la loi naturelle, que la doctrine catholique condamne. S’il s’agissait de rendre un tribut à la vérité, ce serait (peut-être, mais cela se discute) légitime, mais le pape prend délibérément pour argent comptant les pires calomnies des ennemis de toujours de l’Eglise. Les dégâts provoqués sont immenses et risquent d’avoir de lourdes répercussions à l’avenir.
Ce n’est pas un hasard si Satan est appelé διάβολος [diable], dans le double sens de menteur et d’accusateur. Satan ment parce qu’il déteste la Vérité, c’est-à-dire Dieu dans son être. Il ment parce que s’il affirmait la vérité, il découvrirait ses propres mensonges. Il ment parce que c’est seulement en mentant qu’il peut aussi être l’accusateur de nos frères, « celui qui jour et nuit les accusait devant notre Dieu » (Ap 12, 10). Et de même que la Sainte Vierge, tabernacle de la Vérité incarnée, est notre avocate, de même Satan est notre accusateur et l’inspirateur des faux témoins contre les justes.
La Révolution – qui est le renversement du kosmos divin pour établir le chaos infernal – n’ayant pas d’arguments pour discréditer l’Église du Christ et la société chrétienne qui s’en inspire et la guide à travers les siècles, recourt à la calomnie et à la manipulation de la réalité. La Cancel Culture n’est rien d’autre qu’une tentative de faire le procès de la Civitas Dei afin de la condamner sans preuves, en imposant la civitas diaboli comme son pendant de la prétendue liberté, égalité et fraternité. Pour ce faire, il empêche de toute évidence les masses de connaître et d’apprendre, car sa tromperie est fondée sur l’ignorance et la mauvaise foi.
Cette prémisse est nécessaire pour comprendre la gravité du comportement de ceux qui usurpent le pouvoir vicaire dérivé de l’autorité suprême de l’Église pour la calomnier et l’accuser devant le monde, dans une parodie grotesque du procès du Christ devant le Sanhédrin et Pilate. En cette occasion également, l’autorité civile écouta les fausses accusations portées contre Notre Seigneur et, tout en reconnaissant son innocence, afin de satisfaire le peuple soulevé par les grands prêtres et les scribes du peuple, ils le firent d’abord flageller et couronner d’épines, puis l’envoyèrent à la mort en le faisant crucifier avec le plus humiliant des supplices. Ainsi, les membres du Sanhédrin ont abusé de leur autorité spirituelle, tout comme le préfet de Judée a abusé de son autorité civile.
La même farce s’est répétée mille et mille fois au cours de l’histoire, car derrière chaque mensonge, derrière chaque accusation sans fondement contre le Christ et contre son Corps mystique qu’est l’Église, se cache le diable, le menteur, l’accusateur. Et il est évident, au-delà de tout doute raisonnable, que cette action satanique est l’inspiration derrière les événements rapportés dans la presse ces jours-ci, depuis les perfides mea culpa de Bergoglio pour les prétendues fautes de l’Église catholique commises au Canada au détriment des peuples indigènes, jusqu’à sa participation à des rites païens et à des cérémonies infernales d’évocation des morts.
En ce qui concerne les « fautes » des missionnaires jésuites, je pense que Corrispondenza Romana [Roberto de Mattei, cf. François au Canada: les excuses indues et l’affaire montée de toutes pièces des pensionnats indiens] a répondu de manière exhaustive, en énumérant les atrocités dont les martyrs du Canada ont été victimes de la part des Indiens Iroquois. Il en va de même pour les allégations concernant les pensionnats indiens que l’État avait confiés à l’Église catholique et aux anglicans pour civiliser les indigènes et promouvoir l’assimilation de la culture chrétienne dans le pays. On découvre ainsi que « les Oblats [de Marie Immaculée] ont été les seuls défenseurs de la langue et du mode de vie traditionnels des Indiens du Canada, contrairement au gouvernement et à l’Église anglicane, qui insistaient sur une intégration qui déracinait les indigènes de leurs origines ». Nous apprenons également que le prétendu « génocide culturel » des peuples indigènes que la Commission de vérité et réconciliation était censée traiter en 2008 s’est depuis transformé, sans aucun fondement de vérité ou de vraisemblance, en « génocide physique », grâce à une campagne médiatique totalement fausse, soutenue par le Premier ministre Justin Trudeau, protégé de Klaus Schwab et défenseur notoire du mondialisme et de l’agenda de Davos.
Mais si la vérité a même été reconnue officiellement par des experts et des historiens non partisans, le culte du mensonge n’en a pas moins poursuivi son cours inexorable, culminant avec les excuses officielles du chef de l’Église, exigées par Trudeau et immédiatement faites siennes par Bergoglio, désireux d’humilier une fois de plus l’institution qu’il représente indignement. Dans leur empressement à se plier au récit officiel et à plaire à leurs maîtres, Trudeau et Bergoglio considèrent comme un détail négligeable l’absence totale de preuves sur les fosses communes fantômes où des centaines d’enfants auraient été enterrés en secret. Cela suffirait à démontrer leur mauvaise foi et la spéciosité des accusations et des mea culpa; notamment parce que la presse de régime réclame la tête des ennemis du peuple avec des procès sommaires, mais se garde bien de réhabiliter les innocents faussement accusés.
Le but de cette ignoble opération médiatique n’est que trop évident : discréditer le passé de l’Eglise catholique, coupable des pires actes odieux, afin de légitimer sa persécution actuelle, tant par l’Etat que par la Hiérarchie elle-même.
Parce que cette Église, l’Église catholique « intolérante », « rigide », qui a prêché l’Évangile à tous les peuples et laissé ses missionnaires être martyrisés par des tribus plongées dans la barbarie du paganisme, ne doit plus exister, ne doit pas faire de « prosélytisme » – « une absurdité solennelle », « un péché très grave contre l’œcuménisme » – et ne doit pas prétendre avoir une Vérité à enseigner aux nations pour le salut des âmes. Et Bergoglio tient à faire savoir qu’il n’a rien à voir avec cette Église, tout comme il déteste la doctrine, la morale et la liturgie de cette Église, au point de persécuter impitoyablement les nombreux fidèles qui ne se sont pas encore résignés à le suivre vers l’abîme de l’apostasie et qui voudraient honorer Dieu avec la messe apostolique.
Non pas que l’on ait jamais pensé que Jorge Mario puisse être catholique : chaque parole, chaque geste, chaque mouvement trahit une telle intolérance à l’égard de tout ce qui rappelle de près ou de loin Notre Seigneur, que ses attestations d’irréligiosité et d’impiété sacrilège deviennent superflues. Le voir assister impassiblement aux rites sataniques d’évocation des morts pratiqués par un chaman [voir le récit d’Andrea Cionci: Un récit (au lance-flammes) de la visite « pénitentielle » du Pape au Canada] aggrave jusqu’à l’improbable le scandale du culte idolâtre de la pachamama infernale dans la basilique vaticane, la profanant. Au-dessus du lieu de sépulture du Prince des Apôtres.
Demander pardon pour les fautes inexistantes des Missionnaires est un acte méprisable et sacrilège de soumission au Nouvel Ordre Mondial qui s’accorde parfaitement avec les silences en forme d’omertà et les protections scandaleuses dont Bergoglio est responsable envers les véritables victimes d’abus de la part de ses protégés. Nous l’entendrons peut-être demander pardon en Chine, en Afrique, dans les glaces de l’Antarctique, mais jamais nous ne l’entendrons prononcer un mea culpa pour les abus et les crimes commis en Argentine, pour les horreurs de la « mafia lavande » de McCarrick et de ses complices, et de ceux qu’il a promus comme ses collaborateurs. Jamais nous ne l’entendrons présenter des excuses crédibles pour s’être prêté comme témoin à la campagne de vaccination, dont nous savons maintenant qu’elle est la cause d’un grand nombre de morts subites et d’effets indésirables. Pour ces fautes, il ne se frappera jamais la poitrine, il en est même fier et sait qu’un geste de repentance sincère ne serait pas apprécié par ses mandants, qui ne sont pas moins coupables que lui.
Nous voici donc devant le menteur, l’accusateur. Nous voici devant le persécuteur impitoyable des bons clercs et fidèles d’hier et d’aujourd’hui, et allié zélé des ennemis du Christ et de l’Église. Un farouche opposant à la messe catholique, mais un participant œcuménique aux rites sataniques et aux cérémonies païennes. Un homme divisé dans son âme par son double rôle de chef de la secte qui occupe le Vatican et d’inquisiteur de l’Église catholique. A ses côtés dans cette sordide performance, l’enfant de chœur Trudeau, qui propage la doctrine du genre et l’idéologie LGBTQ au nom de l’inclusivité et de la liberté, mais qui n’a pas hésité un instant à réprimer dans le sang les soulèvements justes et légitimes de la population canadienne, privée de ses droits fondamentaux sous prétexte d’une urgence pandémique.
Une belle paire, sans aucun doute ! Tous deux sponsorisés dans leur carrière par l’élite mondialiste anti-chrétienne. Tous deux confient à une institution la tâche de la démolir et de disperser ses membres. Tous deux traîtres à leur rôle, à la justice, à la vérité.
Ces procès sommaires peuvent peut-être être appréciés par des contemporains de mauvaise foi ou ignorants, mais ils ne résistent pas au jugement de l’Histoire, et encore moins à celui, inapplicable, de Dieu.
Le jour viendra où il devra rendre compte de son intendance : «Redde rationem villicationis tuæ : jam enim non poteris villicare» [ Rends-moi les comptes de ta gestion, car tu ne peux plus être mon gérant ] (Lc 16, 2), dit le maître dans la parabole de l’Évangile d’hier. D’ici là, en tant que membres baptisés et vivants du Corps mystique, prions et faisons pénitence, pour éloigner de nous les châtiments que ces scandales attirent sur l’Église et le monde. Invoquons l’intercession des martyrs du Canada, injuriés par l’accusateur assis sur le trône de Pierre, afin qu’ils obtiennent du trône de Dieu la délivrance de l’Église du fléau actuel.
+ Carlo Maria Viganò, Archevêque
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