Comme sur presque tous les sujets, François s’ingénie ou s’amuse à semer la confusion, disant une chose un jour et son contraire le lendemain. Interrogé par Reuters il y a un mois, il avait affirmé: « Il ne m’est jamais venu à l’idée de démissionner. Pour le moment, non. Vraiment ». (cf. www.aldomariavalli.it). Mais dans l’avion qui le ramenait du Canada, il a admis qu’il devait « penser à la possibilité de me retirer. Cela n’a rien d’étrange. Ce n’est pas une catastrophe. On peut changer le pape. On peut changer, pas de problème ».

Sur ce thème, voir ausi:

  • La démission, dernier acte d’une papauté sécularisée. Le 27 août 2021, Stefano Fontana écrivait entre autre (tout est à relire!): « À mon avis, François démissionnera, non pas pour des raisons de santé ou autre, mais pour achever le processus de sécularisation de la papauté qu’il a entrepris avec détermination, une étape décisive pour achever le processus de sécularisation de l’Église ».
  • Démission: le Pape a-t-il démenti… ou pas?. Le 2 septembre 2021, Antonio Socci (l’homme qui avait annoncé un an à l’avance la démission de Benoît XVI) revenait sur le démenti du Pape à Radio Cope: « Aujourd’hui, la nouvelle s’est répandue que le pape Bergoglio, dans une interview (à la radio des évêques espagnols), a nié avoir dit à quiconque au Vatican qu’il avait l’intention de démissionner. C’est ce que tous les sites répètent. Mais ils oublient ce que Pie XI disait du Vatican: seules les nouvelles vraies sont démenties car les fausses nouvelles se démentent elles-mêmes » .

Bref, on n’en saura pas plus et ceux qui s’avancent à faire des pronostics prennent des risques, dont celui de se ridiculiser. Il est évident que la coexistence derrière l’enclos de Pierre de deux ex-papes, même portant des titres différents (l’un pape émérite, l’autre, peut-être, évêque émérite de Rome) poserait quelques problèmes que même lui doit comprendre.

Je suis tombée par hasard sur une interview d’Isabelle de Gaulmyn pour la très gauchiste station France Info.

L’ex-décrypteuse de Pape (sic!) – mais c’était au temps de Benoît XVI -, reconvertie depuis en « fine » observatrice du pontificat bergoglien, qu’elle appelait de ses vœux, intervenait comme « spécialiste des religions » sur la dernière interview aéroportée, et je suis assez d’accord (eh oui!!) avec son analyse:

« Le pape François est fatigué et très handicapé par son genou (…) mais il n’est pas diminué intellectuellement« , explique ce samedi sur franceinfo Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef à La Croix. Alors que le pape a évoqué, au retour de son voyage du Canada, la possibilité de se « mettre de côté« , la journaliste estime qu’il « prépare cette sortie et la prépare stratégiquement« . Selon elle, le pape François est en train de « placer des gens favorables à sa ligne, une ligne ouverte sur le monde, dans laquelle l’Eglise reconnaît ses erreurs« , avant de perdre le contrôle et le pouvoir. « C’est ce qui le guide. Le moment où il sentira qu’il ne pourra plus avoir assez d’autorité et d’énergie pour imposer ses vues, ce jour-là il démissionnera« , résume Isabelle de Gaulmyn.

*

www.francetvinfo.fr

Isabelle de Gaulmyn ne se mouille pas… et elle fait bien.

Je laisse le mot de la fin à un vrai spécialiste qui connaît le Vatican de l’intérieur, Aldo Maria Valli, qui était interviewé par La Verità – mais c’était le 14 juin dernier. Affaire à suivre, donc.


Que pensez-vous des rumeurs concernant la volonté du pape de démissionner ? Ces rumeurs sont-elles fiables ?

L’homme est imprévisible et lunatique, capable de coups de théâtre. Mais il est bon de s’en tenir aux faits. Et les faits disent que l’année dernière, après avoir été admis à l’hôpital Gemelli pour une opération du côlon, Bergoglio a déclaré, lors d’une interview à la radio espagnole Cope : « Démissionner ? Cela ne m’a jamais traversé l’esprit ». Et il l’a dit en espagnol, sa langue. Après la démission de Benoît XVI, la démission d’un pape est désormais une éventualité à prendre en considération, mais les rumeurs que je capte au Vatican excluent pour l’instant une démission de Bergoglio.

Se pourrait-il, comme le prétendent certains observateurs, que la démission soit pour François un moyen d’influencer le prochain conclave de son vivant ?

Le conclave, il l’influence déjà avec les nominations de cardinaux. Avec les vingt et un du prochain consistoire d’août (seize électeurs), le collège des cardinaux prend un visage encore plus bergoglien. Un collège composé en grande partie de personnalités discutables à bien des égards. Mais il convient de rappeler que les cardinaux choisis par Jean-Paul II et Benoît XVI représentent encore 37% du total. La situation est donc plus fluide qu’il n’y paraît. Une éventuelle démission de François entraînerait alors la présence de deux papes. Et s’il était déjà difficile d’en gérer un, on peut imaginer ce que cela signifie d’en avoir deux.

En ce qui concerne l’état de santé du pontife, il apparaît clairement fragile, mais certains suggèrent que la situation est bien plus grave que la perte de fonction de son genou. Quelles sont les informations dont vous disposez à ce sujet ?

Il a des problèmes de genoux et de hanches et se déplace désormais en permanence en fauteuil roulant, mais il a lui-même déclaré que gouverner est une question de tête, pas de jambes. La fragilité est là, c’est un homme de quatre-vingt-cinq ans qui, il y a seulement un an, a subi une opération pour enlever une partie de son côlon. L’annulation du voyage en Afrique, prévu en juillet, est significative. Cependant, ce ne sont pas des problèmes qui affectent ses capacités de gouvernement.

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