Les réflexions (et les conseils) du blogueur argentin « The Wanderer » sur la persécution du monde de la Tradition rendue flagrante par le motu proprio Traditionis Custodes.

Bergoglio se fiche de la liturgie et, par conséquent, du traditionalisme, un groupe minime, sans influence ni pouvoir réels au sein de l’Église universelle et sans grand soutien dans le monde profane, bien au contraire. Alors pourquoi agit-il de la sorte dans un domaine qui lui est étranger? Que gagne-t-il à agir ainsi ? A cause d’un petit détail que nous oublions mais qui est clair à Sainte Marthe: le traditionalisme est devenu, en raison d’une série de faux pas de l’évêque de Rome, le principal symbole de l’opposition à son pontificat.

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De sombres tempêtes agitent le ciel pour les traditionalistes. Selon certaines rumeurs, le cardinal Cupich, alias « Cupidon », créature et instrument de l’ignoble cardinal McCarrick et allié du pape François dans ce pays, a l’intention d’expulser l’Instituto Cristo Rey Sumo Sacerdote de son archidiocèse et de mettre fin définitivement à la messe traditionnelle sur son territoire. D’autre part, nous avons pris connaissance d’une information provenant d’une autre ville américaine, Savannah, dont l’évêque a annoncé que les messes de rite romain seront terminées velis nolis [bon gré mal gré] d’ici mai 2023 par mandat du dicastère de Rome.

Il est de notoriété publique que Bergoglio n’a que faire de la liturgie, ancienne ou nouvelle, comme nous l’avons vu tout au long de son pontificat, faisant ce qu’il veut et contournant même ses propres règles quand il le juge bon. Nous pouvons donc prêter peu d’attention aux larmes de crocodile de son Desiderius desideravi sur les abus

Alors, quelle preuve supplémentaire avons-nous qu’il y a dans ce document une multitude de paragraphes qu’il est impossible qu’il ait écrits? Preuve qu’il a été commandé à des membres de la Curie de très bas étage et de seconde zone, qu’ils ont sorti des archives, qu’il a été composé avec dégoût, qu’ils ont dû inclure quelques paragraphes du pontife et, pourquoi pas, un peu de malice contre lui en lui faisant dire des choses qui n’auraient pas été possibles ou imaginables même lors d’une séance psychédélique.

Non, le problème n’est pas dans la liturgie ou même dans le traditionalisme en soi, même si François a toujours eu une certaine dose de mépris ou de dédain pour celui-ci. Homme pratique et politique jusqu’à l’excès, il sait très bien que « des ennemis, il en faut le moins possible », il ne faut donc pas s’en créer inutilement et encore moins pour quelque chose d’aussi peu de valeur à ses yeux que quatre vocalises grégoriennes et des dentelles de grand-mère.

Le péché originel du traditionalisme

Nous le répétons, Bergoglio se fiche de la liturgie et, par conséquent, du traditionalisme, un groupe minime, sans influence ni pouvoir réels au sein de l’Église universelle et sans grand soutien dans le monde profane, bien au contraire. Alors pourquoi agit-il de la sorte dans un domaine qui lui est étranger? Que gagne-t-il à agir ainsi ? A cause d’un petit détail que nous oublions mais qui est clair à Sainte Marthe: le traditionalisme est devenu, en raison d’une série de faux pas de l’évêque de Rome, le principal symbole de l’opposition à son pontificat. Le fait que le Tirano Banderas du Vatican ait pu transformer le vieux drapeau en étendard des protestations et le rendre à la mode, se vendant comme des petits pains chauds dans le monde clérical, n’est pas sans mérite. C’est ce qui me fait penser que ses attaques sournoises et fourbes continueront même si on ne fait rien, ni ne dit rien contre lui, parce qu’il s’agit de notre simple existence, après avoir décrété notre extinction progressive, et si elle n’est pas réalisée, une claque continue au visage de son pouvoir, de son prestige ; une attaque directe contre sa personne. C’est notre péché originel et aucun baptême ne peut l’effacer.

Il n’y a rien de personnel, c’est juste du business.

Comment en est-on arrivé là ? A mon avis, c’est dû à une erreur de calcul de la part de François qui s’est mis dans le pétrin sans s’en rendre compte. Coincé comme il l’était par ceux qui l’ont élevé au trône pétrinien, au milieu d’une rébellion teutonne et entouré de nombreux scandales sexuels, économiques, doctrinaux et dus au mauvais goût de ses créatures, alliés et amis, Bergoglio a refusé d’entreprendre certaines « réformes » et de trancher dans les problèmes parce que cela porterait atteinte à son pouvoir et qu’il perdrait le prestige, son trésor. Il peut faire des cabrioles avec la tiare pontificale, mais il ne touchera pas la base de son pouvoir, pas même avec une plume. Il était nécessaire de prendre une mesure énergique qui permette d’atteindre ces objectifs :

1 – Satisfaire le progressisme qui s’est emparé des collines [de Rome] et qui ne l’indispose pas avec le conservatisme majoritaire.

2 – Montrer son pouvoir absolu dans l’Église, pour avertir les amis et les ennemis.

3 – Créer un désordre qui suscite des polémiques et des fleuves de papier, de la nourriture pour les journalistes et les faiseurs d’opinion, mais qui, au fond, ne touche pas au véritable statu quo ni à l’équilibre des pouvoirs ecclésiastiques.

En résumé : faire plaisir aux siens, ne pas se mettre en porte-à-faux avec la majorité, faire peur à tout le monde, mettre en garde les opposants et jeter de l’encre de seiche sur la question liturgique. Le traditionalisme a été mis à l’index parce qu’il présente toutes ces caractéristiques, qu’il est la cible favorite de nombreux curiaux et qu’il est considéré par la partie la plus radicale du conservatisme comme un adversaire dangereux. La victime parfaite, donc. Et tel un Néron jubilant dans Quo vadis ? il a décrété leur extinction en disant que l’histoire ne se souviendrait même pas de leurs noms pour couvrir le coupable de l’incendie de l’Urbe.

Le bouc émissaire contre attaque

La victime parfaite : peu nombreuse, faible, mal assortie, sans soutien ecclésiastique ni sympathie du monde séculier, enviée par les milieux officiels, pleine de fanatiques et de boutefeux, très suspecte de ne pas être fidèle et de ne pas accepter l’ultra-méga-magistral Vatican II et toujours avec l’ombre du schisme au-dessus de la tête. Qui allait s’opposer sérieusement à leur destruction, qui allait venir à leur défense ? De plus, ils étaient opposés aux amours franciscaines. Peu d’amis, beaucoup d’ennemis et peu de sympathie de la part de la majorité. Il a créé un symbole terrible et a donné à ses adversaires une arme redoutable : une victime innocente.

Mais c’était sans compter sur plusieurs faits qui ont changé le cours de son Diktat vers le désastre :

1 – nous ne sommes pas dans les premières années de son pontificat. Jorge Mario, avec ses manières tyranniques, insultantes et mesquines de gouverner, a créé autour de lui une telle rancœur et un tel ressentiment que toute victime de ses actes est considérée avec sympathie et reconnaissance. D’autres ont vu une faiblesse dans la mesure à cause de ses coups bas et la plupart ont senti la fin du pontificat et ne veulent pas être souillés par un crime récent qui les rend solidaires de cette papauté disqualifiée. Soutenir passivement le traditionalisme, même si c’est en se retenant de le faire, c’est soutenir l’opposition à ce pape et bien préparer le prochain. Très peu l’ont fait par amour de la justice et de la vérité. Seuls les plus fanatiques et ceux qui sont sous l’œil direct de Sauron ont respecté les mesures au gré du chef.

2 – le traditionalisme a été endurci par mille batailles, contrairement à un officialisme si habitué à être choyé par le pouvoir en raison de sa servilité et dont le plus grand malheur concevable est de perdre la faveur de la hiérarchie. Il suffit de regarder la réaction à TC [Traditionis Custodes, ndt] des instituts Ecclesia Dei et de la comparer à celle à Ad charisma tuendum de l’Opus Dei. Habitués à la disgrâce et à la souffrance, aux baculazos et aux mitrazos, méprisés pour avoir défendu jusqu’aux dents ce qu’ils aiment et convaincus contre vents et marées de la justesse de leur cause, châtiés par les erreurs du passé, ils ne sont pas tombés cette fois dans le piège d’un soulèvement général ni n’ont demandé servilement de l’arnica devant les pantoufles papales. Ils ont tenu bon, donné leurs raisons, préparé les catacombes et organisé la résistance à tous les niveaux. Maintenant, tous les coups reviennent sur François, qui est en colère parce qu’il perd le pouvoir et le prestige. Il a créé un symbole d’opposition à sa tyrannie et il vient de la Tradition. Il a rencontré une résistance publique passive de la part de l’épiscopat, il s’est heurté à la dure réalité d’un petit groupe de fidèles convaincus, il a donné des munitions aux critiques de l’église contemporaine, y compris le Concile et son esprit, et, surtout, il a corrodé son pouvoir. Ce n’était PAS prévu. Il ne le tolérera pas. Il ne le pardonnera jamais. Il sait maintenant qu’il existe une puissante bannière contre lui et que toute mesure d’apaisement, de compromis, sera perçue comme une défaite, comme une capitulation devant ses adversaires. Il y aura la guerre et nous devons nous préparer parce qu’il utilisera toutes les astuces, tous les stratagèmes et tous les pièges.

Que faire ?

Résistez, unissez-vous, aidez-vous et préparez-vous. La devise de saint Augustin devrait être la nôtre : In necessitate, unitas ; in dubiis libertas ; in omnibus, caritas. C’est un motif d’espoir au milieu des ténèbres de Traditionis Custodes que tous les supérieurs d’Ecclesia Dei se soient réunis à Paris pour se mettre d’accord sur des mesures communes car Bergoglio jouera la division, comme c’est le cas, me semble-t-il, avec ses démarches auprès de la FSSPX et son décret manuscrit à la Fraternité Saint-Pierre mais pas aux autres, pour qu’ils tombent dans la tentation impie d’être ses alliés en échange de garder le camp traditionnel exclusivement pour eux. Pour être le dernier à être dévoré. Il doit être clair qu’une attaque contre un membre est une attaque contre tous.

Mais l’unité ne doit pas seulement se faire entre nous, mais aussi avec d’autres parties de l’Église, et pas seulement par intérêt personnel. Un front commun doit être formé avec tous ceux qui ont la foi catholique, veulent la sainteté et l’honorent par un culte digne. Il est temps d’enterrer à jamais l’exclusivisme et le paternalisme romains. Nous ne nous battons pas pour un retour au 19ème siècle et à sa poussière toxique mais pour toute la Tradition et pour la foi de nos Pères, depuis les apôtres, les martyrs, les saints et même le meilleur de l’espoir et de l’héritage païen d’Israël. Des liens d’amour, d’affection et d’appréciation doivent être tissés avec l’Orient et ses églises catholiques, qui peuvent nous apporter beaucoup de bien et d’expérience. Également avec d’autres groupes catholiques, y compris les charismatiques décents et les kikos [allusion aux Légionnaires du Christ], parce qu’ils répondent à un besoin, malgré certaines de leurs folies. Les peuples libres de Tolkien s’unissent malgré leurs différences contre l’ennemi et dans l’espoir d’un monde meilleur. Suivons leur exemple.

Préparez-vous à redonner beauté et rayonnement à la Sainte Église afin qu’elle passe de la pauvreté et des haillons d’aujourd’hui aux vêtements royaux du Bien, de la Vérité et de la Beauté, pour être une lumière pour tous les peuples jusqu’aux extrémités de la terre et un refuge pour tous les pécheurs. Cela se fait en aimant Dieu de toute son âme, de tout son esprit, de tout son corps. L’amour de Dieu en toutes choses est le bâton avec lequel le Seigneur accomplit ses merveilles. Il faut honorer Dieu par l’étude de la foi, par la culture de la vérité tant dans le surnaturel que dans le naturel, par les œuvres de charité corporelles et spirituelles, par la création d’une beauté humaine unie à la beauté divine de la Création, portant des fruits de sainteté et de salut. Il ne nous sert à rien de défendre la Tradition sans la sève, sans le feu qui donne la vie : Jésus-Christ. Lui seul a les paroles de la vie éternelle et sans Lui nous ne pouvons rien faire. N’oublions jamais cela.

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