L’irruption de la police fédérale au domicile de l’ancien président qu’il faut à tout prix empêcher de se représenter en 2024 est un évènement qui dépasse largement la personne de Trump et même la politique américaine en général (si ce n’était que cela, il ne nous concernerait pas directement, après tout, la France n’est pas une banlieue de l’Amérique), et qui nous invite à une réflexion approfondie. Comme à son habitude, la presse « mainstream » en a donné un récit destiné à le brouiller et à le relativiser, le réduisant pratiquement à un simple fait divers, impliquant de plus LE bouffon presque par antonomase, Trump himself, et sans livrer la moindre information contradictoire ou remise dans la perspective des prochaines élections de mi-mandat. La NBQ a publié à ce jour deux articles d’une toute autre tenue (qu’on ne lira pas dans la presse française, ou peut-être dans des blogs confidentiels… comme le mien). Le premier est signé d’une de leurs plumes italiennes, Luca Volontè, le second d’un universitaire américain, John Rao (*), et a été publié initialement dans l’édition en anglais, « The New Compass ».

La descente de lundi au domicile de Trump est un signe inquiétant d’une culture barbare et antidémocratique, selon laquelle il n’y a pas d’opposition politique, mais plutôt des ennemis à éliminer de la scène politique de toutes les manières et par tous les moyens légaux et illégaux.

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Luca Volontè

L’assaut de Mar-a-Lago indique que l’oligarchie est prête à imposer le triomphe de sa volonté par tous les moyens à sa disposition, que le système des freins et contrepoids et l’égalité de la justice devant la loi sont totalement brisés et qu’on doit chanter le requiem de l’ordre constitutionnel

Pour « reconstruire mieux », de la seule manière qui puisse garantir le bien commun et la véritable dignité de la personne humaine, il faudrait démasquer le mensonge intrinsèque, sophistiqué et autodestructeur de tout le mythe de l’American way comme « dernier et meilleur espoir » de l’humanité.

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John Rao

Perquisition du FBI au domicile de Trump, ainsi s’achève la démocratie.

Luca Volontè
lanuovabq.it/it/blitz-dellfbi-a-casa-trump-cosi-finisce-la-democrazia

Les agents fédéraux ont perquisitionné la résidence de l’ancien président à Palm Beach lundi matin, saisissant plusieurs boîtes de documents. Une action policière, à la demande du ministère de la Justice, sans précédent dans l’histoire des États-Unis. Et qui s’explique par la logique de l’ennemi politique à abattre, en raison de la crainte des Dems d’une candidature Trump en 2024.

Le lundi 8 août, la république américaine est devenue une « république bananière », selon les termes du gouverneur de Floride Ron De Santis. La descente de plusieurs heures dans l’une des résidences de Donald Trump est un signe grave de la façon dont la culture de l’ennemi politique à abattre s’est répandue et est pratiquée, y compris au cœur de ce qui était autrefois le berceau de la démocratie.

Lundi, le Federal Bureau of Investigation (FBI) a effectué une descente au domicile de l’ancien président américain à Palm Beach. Le raid a commencé tôt dans la matinée et les forces de l’ordre ont en particulier fouillé les bureaux et le coffre-fort personnel de Trump, saisissant plusieurs boîtes de documents. Une action policière sans précédent dans l’histoire des États-Unis. La perquisition semble être en partie liée au fait que Trump n’a pas remis certains documents présidentiels à la fin de son mandat, qu’il aurait par contre emportés dans sa maison en Floride. Les autorités avaient déjà récupéré 15 boîtes de documents à Mar-a-Lago, livrées par Trump lui-même, dont certaines contenaient des documents classifiés. Au début de l’année, le ministère de la Justice avait demandé au FBI d’agir, après avoir reçu une demande des Archives nationales d’enquêter sur la présence éventuelle d’autres documents ; la descente a donc commencé lundi.

Trump n’était pas à Mar-a-Lago à ce moment-là, mais il a annoncé la nouvelle et publié une déclaration très claire :

Ce sont des temps sombres pour notre nation… Rien de tel n’est jamais arrivé à un président des États-Unis. Après avoir travaillé et coopéré avec les agences gouvernementales appropriées, cette descente inopinée à mon domicile n’était ni nécessaire ni appropriée. Il s’agit… d’une arme du système judiciaire et d’une attaque de la part des Démocrates de la gauche radicale qui ne veulent absolument pas que je me présente à la présidence en 2024, surtout si l’on se fie aux récents sondages, et qui, de la même façon, feront tout pour arrêter les Républicains lors des prochaines élections de mi-mandat.

Les démocrates se montrent de plus en plus irrités par la possible candidature de Trump à la prochaine élection présidentielle et par sa popularité croissante, également constatée lors de la convention conservatrice de la semaine dernière. En témoignent les éditoriaux de Politico et les reportages de Reuters sur la convention. L’utilisation d’agents fédéraux pour intimider un ancien président est sans précédent, comme nous l’avons dit, dans l’histoire des États-Unis : elle est typique des régimes totalitaires. L’action du FBI, contrainte par la demande du ministère de la Justice, a immédiatement fait l’objet de protestations de la part des républicains – de Nikky Haley à Marco Rubio, de Ron De Santis à Kevin McCarthy – qui l’ont qualifiée d’attaque politique contre le parti et son leader ; beaucoup ont dénoncé la « politisation du ministère de la Justice », l’esprit de « régime communiste » et la nécessité d’une enquête sur le procureur général Merrick Garland [lire sa notice wikipedia…].

De l’autre côté, plusieurs députés démocrates ont salué l’action du FBI et appelé à l’emprisonnement de Trump, révélant ainsi le véritable esprit derrière l’opération de police : l’ennemi à abattre. En effet, le contraste est criant entre le traitement utilisé avec Trump lundi et le désintérêt absolu et l’absence d’action contre Hunter Biden et son père Joe (pour divers scandales et affaires opaques), sans parler des actes de vandalisme (qui se sont produits au cours des trois derniers mois) commis par des groupes pro-avortement contre des églises et des centres pro-vie, les actes de violence – restés impunis – des militants de Black Lives Matters, le scandaleux complot du « Russiagate » ourdi contre Trump par l’équipe d’Hillary Clinton, les emails officiels et privés de Clinton elle-même lors des événements de Benghazi en 2012. Dans tous ces cas, le FBI et le ministère de la justice se sont montrés tolérants jusqu’à la lâcheté ; même face à la toute récente fusillade de l’église catholique de l’Assomption de la Sainte Vierge Marie dans le comté d’Adams, près de Denver (Colorado), qui s’est déroulée entre le 6 et le 8 août 2022, rien n’a été fait.

La descente de lundi au domicile de Trump, qui est déjà aux prises avec de multiples ennuis judiciaires, est un signe inquiétant d’une culture barbare et antidémocratique, selon laquelle il n’y a pas d’opposition politique, mais plutôt des ennemis à éliminer de la scène politique de toutes les manières et par tous les moyens légaux et illégaux.

Dans cette optique, tout est permis, y compris les menaces, les agressions physiques et la délégitimation des institutions, qu’il s’agisse de l’Église catholique et d’autres confessions chrétiennes qui s’opposent à l’avortement, de la Cour suprême ou d’un parti ou du chef d’un parti qui pourrait même le conduire, dans le cas des États-Unis, à la victoire lors des prochaines élections.

La vidéo publiée par Trump quelques heures après la descente du FBI est éloquente. Les États-Unis sont une nation en déclin. Rien de nouveau si l’on considère que l’objectif des Démocrates, depuis les premiers jours de leur victoire présidentielle il y a deux ans, a toujours été d’éliminer Trump de la scène politique, du moins de l’empêcher de se présenter en 2024 : ils l’ont proclamé en janvier 2021, les journaux libéraux et les commentateurs démocrates l’ont confirmé avec la descente de lundi. Nancy Pelosi le répète avec ses propres mots, avant même toute déclaration officielle du FBI ou du ministère de la Justice : « Personne n’est au-dessus de la loi, la perquisition était justifiée ».

Ce qui se passe aux États-Unis, nous l’observons également dans les fatwas contre les politiciens, les gouvernements et les coalitions alternatives aux gauches mondialistes en Europe. Le climat de guerre réelle que nous respirons, combiné à la culture marxiste et gramscienne, provoque un mélange explosif : anti-démocratique, intolérant et totalitaire. Il n’y a qu’un seul espoir, que l’effet de ces abus répétés se retourne contre les nouveaux tyrans.


L’assaut contre Trump marque la fin du modèle américain (American Way)

lanuovabq.it/it/lassalto-a-trump-segna-la-fine-del-modello-americano
John Rao (*)

La descente au domicile de l’ancien président est en fait le signe et le point culminant de la domination d’une oligarchie (politique, financière, médiatique, etc.) qui a subverti l’ordre naturel et légal. Le remède, cependant, ne réside pas dans un retour au « modèle américain », aux « principes des Pères fondateurs », car ceux-ci ont été conçus dès le départ pour permettre la domination sociale et politique d’une oligarchie.

Bien que j’aie passé toute ma carrière à prédire l’effondrement du système politique américain, je dois admettre que je n’avais jamais imaginé que sa disparition surviendrait de mon vivant. Pourtant, les événements de ces deux dernières années, couronnés le 8 août avec la déclaration de guerre flagrante contre la liberté politique et la justice égale devant la loi, représentée par l’assaut à Mar-a-lago, m’ont fait comprendre que le requiem de l’ordre constitutionnel américain peut désormais être entonné en toute sécurité.

La descente au domicile du président Trump – prétendument nécessaire pour obtenir des documents auxquels le FBI avait en fait déjà pleinement accès – a été l’ultime indication de la confiance que l’oligarchie politique, financière, technologique, sanitaire et médiatique qui domine avec arrogance la nation a acquise. Cette oligarchie méprise totalement tout ce qui concerne la création, l’interprétation et l’administration des lois du pays, ainsi que les souhaits et le bien du peuple des États-Unis dans son ensemble. Cela n’a rien d’étonnant, étant donné que ses membres ont un caractère international et que ses sessions parlementaires se tiennent chaque année non pas à Washington, mais à Davos, en présence de représentants de chacun de ses éléments constitutifs. La justice et la liberté sont maintenant simplement ce que cette oligarchie mondiale veut bien qu’elles soient, et chaque institution américaine, privée ou gouvernementale, a été mobilisée et politisée par elle pour atteindre ses objectifs internationaux.

En conséquence, la justice américaine signifie une chose pour les transactions corrompues de Joe et Hunter Biden avec la Chine et l’Ukraine, et une autre pour les petites entreprises dévastées par les lockdowns et les obligations de vaccination exigées par les serviteurs médicaux de l’oligarchie. Elle signifie que les criminels sont autorisés à semer la panique dans les villes avec la bénédiction des maires démocrates et des procureurs soutenus par George Soros qui condamnent le travail de la police et le droit des citoyens respectueux des lois à se défendre contre la violence. Elle signifie que les défenseurs de la vie, les juges de la Cour suprême qui prennent des décisions qui semblent les favoriser, les parents qui souhaitent protéger leurs enfants des programmes éducatifs conçus pour pervertir les jeunes dès leur plus jeune âge, et les éventuels projets de l’ennemi public numéro un de se présenter à la présidence en 2024, doivent être bloqués par tous les moyens, aussi scélérats soient-ils.

Pour les oligarques, la liberté implique le droit de propager sans entrave n’importe quel mensonge, aussi absurde soit-il, qui contribue à leur cause ; pour le reste du peuple, en revanche, la liberté signifie accepter aveuglément cette propagande et se taire sur la collusion de tous les différents éléments de l’élite mondiale qui la perpètrent. La liberté implique une action résolue de la Gestapo, anciennement connue sous le nom de FBI, qui, lorsqu’elle est confrontée à la grogne publique des serfs, doit envahir leurs maisons et les enfermer en prison, comme ce fut le cas pour certains des manifestants du 6 janvier. Si les masses continuent à se rebeller, c’est leur propre bien qui exigera le retour de l’oligarchie pour pousser des groupes comme Black Lives Matter à l’action afin de lancer une nouvelle série de « Nuits des longs couteaux ». Et la cause même de la Démocratie devra être défendue contre les interférences technocratiques et populaires avec une potentielle vengeance électorale ; c’est-à-dire, par la manipulation des mécanismes de vote et la contestation armée des masses contre tout résultat contraire qui pourrait malheureusement émerger.

En résumé, l’assaut de Mar-a-Lago indique que l’oligarchie est prête à imposer le triomphe de sa volonté par tous les moyens à sa disposition, que le système des freins et contrepoids et l’égalité de la justice devant la loi sont totalement brisés et qu’on doit chanter le requiem de l’ordre constitutionnel. Je prie et j’espère que je me trompe, car je ne veux pas vivre dans le pays qui émerge sous la botte de cette force corrompue, idéologique et criminellement vile. Je prie et espère une réaction électorale victorieuse en novembre et qu’elle sera défendue par une réaction dans la rue si les résultats sont à nouveau faussés comme en 2020.

Mais même si cela se produit, la nation se retrouverait avec un autre problème à résoudre, bien plus crucial. Pour « reconstruire mieux », de la seule manière qui puisse garantir le bien commun et la véritable dignité de la personne humaine, il faudrait démasquer le mensonge intrinsèque, sophistiqué et autodestructeur de tout le mythe de l’American way comme « dernier et meilleur espoir » de l’humanité.

Car à moins que cette bête ne soit reconnue pour la dangereuse imposture qu’elle est, la façade extérieure du système politique américain déjà mort, comme les Cours des derniers empereurs romains d’Occident, sera maintenue artificiellement en vie, permettant ainsi la poursuite de l’oppression d’une population qui, dans une large mesure, refuse toujours de reconnaître qui la gouverne réellement, comment ils sont arrivés là, et dans quel but ultime ils gouvernent injustement. Et comme ce mythe a été propagé dans le monde entier, plus particulièrement depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, sa survie continuera d’avoir des conséquences malheureuses dans le monde entier.

Il m’est impossible de détailler ici toutes les raisons pour lesquelles le mythe de la gloire de l’American Way a condamné le système dès sa naissance. Il suffit de dire ici que la Révolution américaine, la Constitution américaine et l’American Way, tous façonnés par le mouvement Whig des XVIIe et XVIIIe siècles, dont les objectifs ont été le mieux exprimés par John Locke, le fondateur du libéralisme, ont toujours été, dès le départ, conçus pour permettre à une oligarchie de dominer les choses politiquement et socialement.

Sous le slogan de la protection de la liberté et de la dignité de la personne, le libéralisme anglo-américain a en fait libéré l’individu des obstacles à sa volonté que constituaient les autorités classiques et catholiques traditionnelles, légitimes et axées sur le bien commun de l’État et de l’Église, et a affirmé que tout effort visant à les rétablir serait une atteinte à la liberté en général.

Cela a toujours impliqué une invitation ouverte aux individus les plus forts à dominer la société « au nom de la liberté de tous » sans qu’aucune force politique et morale solide, ouverte, naturelle et surnaturelle ne puisse s’y opposer.

Les combinaisons oligarchiques de ces hommes forts ont évolué au fil du temps et ont abouti aujourd’hui à la victoire de l’élite mondiale opprimant non seulement les États-Unis mais aussi l’ensemble du monde occidental, au nom de la liberté et de la dignité de chacun. Le président Trump et ses partisans savent que cette affirmation est une tromperie totale. Mais s’ils pensent qu’un retour « aux principes des Pères fondateurs », Whigs, Lockéens et Libéraux qu’ils soient, va guérir ce mal, ils se trompent lourdement. Seul un retour à un État fondé sur la Raison socratique et la Vérité catholique peut dompter les ravages provoqués par la volonté de fonder l’ordre politique et social sur le déchaînement de la volonté d’individus corrompus par le Péché originel. Si le Christ n’est pas roi, la Gestapo attendra toujours devant Mar-a-Lago.

(*) John C. Rao est professeur d’histoire à la St. John’s University de New York, directeur du Roman Forum / Institut Dietrich von Hildebrand et ancien président d’Una Voce America (Una Voce est une fédération internationale d’organisations laïques catholiques attachées à la messe tridentine). En 1977, Rao a obtenu son D.Phil. (litt. « doctorat en philosophie ») en histoire européenne moderne de l’Université d’Oxford.

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