Entre éloge funèbre et souvenirs personnels, l’hommage d’Edward Pentin, au-dessus des lieux communs habituels, sans verser dans l’hagiographie, ce qui signifie sans jeter un voile pieux sur ce qui pourrait, pour un chrétien, apparaître comme des taches sur le long règne d’Elisabeth II.

Pendant son règne, les gouvernements successifs ont adopté des lois clairement contraires à la loi naturelle, comme la légalisation de l’avortement et le « mariage » homosexuel.

Pour des raisons qui lui sont propres et qui seront peut-être connues dans les années à venir, il semble qu’au moins dans ces cas-là, elle ait placé l’importance de la loyauté à la volonté démocratique de la nation au-dessus de la loi naturelle dans ces cas-là. Elle a agi comme elle le pensait et conformément à la tradition anglicane et monarchique dans laquelle elle était imprégnée.

Sa Majesté la reine Elizabeth II est le seul monarque britannique que la grande majorité de mes compatriotes aient jamais connu.

La plupart d’entre nous ont grandi avec une grande admiration et une affection filiale pour elle – cette femme formidable au sens inlassable du devoir qui était un exemple pour nous tous. Elle a été notre souveraine pendant 70 ans et, grâce à son sens profond du service qui émanait de sa foi chrétienne, la Reine a apporté la stabilité et l’unité à toute la nation.

L’un de mes premiers souvenirs d’enfance est celui de son jubilé d’argent en 1977 et, comme pour son jubilé de platine qu’elle a pu providentiellement célébrer plus tôt cette année, la Reine a été célébrée à juste titre dans tout le pays avec des fêtes de rue, des concerts et les inévitables mugs commémoratifs.

Mais tous les monarques ne sont pas aussi fêtés et vénérés. Ce qui a rendu la reine Élisabeth si spéciale, c’est qu’elle a compris tout le poids spirituel et la responsabilité de sa fonction, et qu’elle a cherché à l’exercer dans cet esprit. Son témoignage inébranlable de foi en Jésus-Christ et sa ferme espérance en ses promesses – comme l’a très bien dit le pape François dans l’hommage qu’il lui a rendu ce soir – étaient au cœur de tout ce qu’elle était et de tout ce qu’elle faisait. Et cela a fait d’elle un pilier de stabilité dans un monde en constante évolution.

La Reine était pleinement consciente que la monarchie britannique, dont les racines sont profondément catholiques, est avant tout une fonction spirituelle, qui exige d’être mise à l’écart des autres éléments de la nation. C’est la raison pour laquelle elle est restée très discrète et n’a presque jamais donné d’interviews, permettant ainsi à la fonction d’être entourée d’une mystique légitime qui la désigne non pas tant à elle-même qu’au Dieu qu’elle sert.

Son sens du devoir était connu et respecté de tous. Deux jours à peine avant sa mort, son dernier acte public a été de nommer Liz Truss au poste de Premier ministre du pays – le 15e de son long règne, qui a également inclus Sir Winston Churchill – et elle a ainsi accompli jusqu’au bout l’un de ses devoirs souverains les plus importants.

Sa foi lui conférait également un sens évident d’humanité. Elle a consacré des heures et des heures à d’innombrables œuvres de bienfaisance, et l’a toujours fait avec un mot gentil et gracieux pour ceux qu’elle rencontrait, ainsi qu’un sens aigu de l’humour. (En privé, elle était une excellente imitatrice, m’a-t-on dit un jour).

L’altruisme et la considération de la Reine Elizabeth pour les autres étaient également apparents dès son plus jeune âge, comme en a été personnellement témoin, dans une certaine mesure, mon arrière-grand-père, Sir Gerald Wollaston, lors de son couronnement en 1953. Alors à la retraite en tant que Garter Principal King of Arms [« roi d’armes principal », le plus haut grade de l’Ordre de la Jarretière] responsable du cérémonial et de l’héraldique auprès du souverain, Sir Gerald a aidé le duc de Norfolk à organiser le couronnement. (En tant que catholique, le duc est traditionnellement chargé de l’ensemble des couronnements, qui restent la cérémonie d’État la plus catholique du pays).

Le jour de l’intronisation de la reine, le 2 juin, se trouvait être le 79e anniversaire de Sir Gerald et, malgré l’ampleur de l’événement et sans doute d’innombrables autres choses dont la reine devait se rappeler, elle n’oublia pas de lui souhaiter un joyeux anniversaire.

Mais l’humanité de la Reine n’était pas sans tache. Pendant son règne, les gouvernements successifs ont adopté des lois clairement contraires à la loi naturelle, comme la légalisation de l’avortement et le « mariage » homosexuel. La reine a donné son assentiment royal à chacune d’entre elles – une formalité requise pour toute législation. Bien qu’elle ait pu s’opposer personnellement à ces lois et qu’elle aurait pu, en théorie, refuser son assentiment (il est très rare qu’un monarque le fasse, la dernière fois étant la reine Anne en 1708), elle a choisi de ne pas le faire.

Pour des raisons qui lui sont propres et qui seront peut-être connues dans les années à venir, il semble qu’au moins dans ces cas-là, elle ait placé l’importance de la loyauté à la volonté démocratique de la nation au-dessus de la loi naturelle. Elle a agi comme elle le pensait et conformément à la tradition anglicane et monarchique dans laquelle elle était imprégnée.

Même si cela l’a malheureusement limitée, on se souviendra d’elle comme d’un monarque exceptionnel, d’une véritable « reine mondiale » qui a tant donné, non seulement à son pays et à ses sujets qu’elle aimait tant, et qui l’aimaient tant en retour, mais aussi à tous les peuples, quelles que soient leur nation et leur origine, animée par sa profonde foi chrétienne.

Cela a fait de la reine Elizabeth II une mère et une grand-mère pour des millions de personnes, et il semble donc approprié qu’elle soit décédée en la fête de la Nativité de notre Sainte Mère, la Reine du Ciel. Puisse-t-elle être bientôt accueillie dans le Royaume céleste et contempler le Visage de Dieu.

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