Giuseppe Nardi fait quelques utiles rappels historiques, alors que François, s’adressant aux fidèles d’un diocèse italien mais en réalité visant une audience plus large et toute autre, a redit son aversion pour la liturgie traditionnelle, revisitant au passage l’œuvre du saint dans le sens qui l’arrange.

« Ce serait une erreur anachronique »
Le pape François interprète saint Pie V.

« NE PAS LE RÉDUIRE À UNE MÉMOIRE NOSTALGIQUE ET EMBAUMÉE »

Giuseppe Nardi
katholisches.info/2022/09/19/es-waere-ein-anachronistischer-fehler-papst-franziskus-interpretiert-den-heiligen-pius-v/

(Rome) Samedi 17 septembre, dans la grande salle d’audience « Paul VI » au Vatican, le pape François a reçu des pèlerins du diocèse italien d’Alessandria et des jeunes de l’archidiocèse de Spoleto-Norcia qui se préparent à la confirmation. C’est pourquoi François a divisé son discours en deux parties et s’est adressé dans la première partie aux pèlerins du Piémont. Le discours papal ne s’adressait toutefois pas tant à eux qu’à un autre public, bien plus large, car l’occasion du pèlerinage était le 450e anniversaire de la mort de Pie V, ce saint pape indissociable du rite traditionnel.

Dans son évaluation de Pie V, François a mis en garde contre une « erreur anachronique » et contre le fait de réduire le saint Pape à un « souvenir nostalgique embaumé ». Il s’agit plutôt de « saisir son enseignement et son témoignage », mais François lui-même semble avoir du mal à le faire. Au mépris de l’histoire, le Pape en fonction donne l’impression que la messe « tridentine » a été introduite par Pie V de manière autocratique et solitaire, alors que la réforme liturgique de 1969 a été introduite par le Concile Vatican II. Or, le concile s’était déjà terminé en 1965 et n’avait pas adopté le Novus Ordo Missae créé ensuite par Annibale Bugnini.

Le dominicain Antonio Michele Ghislieri, né en 1504 à Bosco Marengo près d’Alexandrie et mort le 1er mai 1572 à Rome, a gouverné l’Église pendant six ans. En 1570, par la bulle Quo primum, il institua « pour toujours » le Missel romain en tant que messe dite tridentine et en interdit l’abolition ou la modification. C’est également sous son pontificat qu’eut lieu la bataille de Lépante, victorieuse pour la chrétienté et qui mit fin, après des siècles, à la menace islamique en Méditerranée. En 1712, il a été canonisé.

Après avoir exprimé sans ambiguïté pendant des années son refus et plus encore son incompréhension totale à l’égard des prêtres et des fidèles attachés au rite traditionnel, François a posé des actes avec le Motu proprio Traditionis custodes et il est passé à l’attaque frontale. Au Missale Romanum fixé « pour toujours » par Saint Pie V, François a opposé que la réforme liturgique introduite en 1969 était « l’unique expression de la lex orandi du rite romain ».

François a exhorté dans ce sens, dans son discours de samedi. Une exhortation qui ne s’adressait manifestement pas aux pèlerins du diocèse d’Alexandrie, mais aux prêtres et aux fidèles attachés au rite traditionnel. Ce faisant, François tente même un coup à la hussarde en suggérant que la vie et l’action de Pie V doivent être « interprétées », ce que François fait immédiatement dans le sens de la réforme liturgique post-conciliaire.

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L’article de Giuseppe Nardi se poursuivait avec la traduction en allemand du discours du Pape. Je renvoie mes lecteurs au site du Vatican, où le texte n’est disponible pour l’instant qu’en italien et en anglais: https://www.vatican.va/content/francesco/it/speeches/2022/september/documents/20220917-diocesi-alessandria-spoleto.html

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