« Le véritable ‘mystère des mystères’ était, jusqu’à récemment, Mgr Gänswein : ‘mais de quel côté est-il ?’, vous êtes-vous peut-être demandé. Est-il le geôlier bergoglien vigilant du pape Benoît, ou un évêque fidélissime et saint qui le protège?« . C’est à cette question que tente de répondre ici Andrea Cionci, avec à l’appui sa thèse controversée du Pape Benoît XVI « empêché ». Il faut admettre que ses arguments sont assez convaincants… et même, à la réflexion, de plus en plus convaincants.

S’agissant de Siège empêché, rien de ce qui a été dit par le Pape Benoît (si tant est que quelque chose d’univoque ait été dit) ou par Mgr Gänswein, et qui soit en accord avec la version des empêcheurs ne peut être pris au pied de la lettre. C’est comme si, pour s’assurer qu’une personne n’est pas séquestrée chez elle, il suffisait de lui passer un coup de fil. Il est clair que le séquestré ne peut faire que deux choses : soit répéter que tout va bien, avec un pistolet sur la tempe, soit donner des signaux voilés.

Mgr Gänswein : avec Benoît XVI ou avec Bergoglio? Le Siège empêché explique le mystère

Andrea Cionci
https://www.liberoquotidiano.it

Vous ne le croirez peut-être pas, mais le plus grand mystère de toute la Magna Quaestio n’était pas le Siège empêché dans lequel s’est réfugié le Saint-Père Benoît XVI [comme cela est expliqué dans mon livre « Codice Ratzinger », aujourd’hui parmi les plus lus en Italie].

Le véritable « mystère des mystères » était, jusqu’à récemment, Mgr Gänswein : « mais de quel côté est-il ? », vous êtes-vous peut-être demandé. Est-il le geôlier bergoglien vigilent du pape Benoît, ou un évêque fidélissime et saint qui le protège ?

En fait, l’archevêque d’Urbisaglia [c’est le titre de Mgr Gänswein] a déjà fait des déclarations contradictoires par le passé : « Le pape est unique et il est clair que c’est François », par exemple. Cette phrase a transporté les bergogliens, mais elle sanctionnait indirectement et sans équivoque le fait que Benoît XVI n’a JAMAIS dit explicitement que le pape est François.

Ainsi, déjà en d’autres occasions, Mgr Gänswein a fait de rares déclarations pro-Bergoglio, mais il a surtout exprimé des concepts dévastateurs, comme le discours du « ministère élargi » au cours duquel il a expliqué que le « parti » des cardinaux faisant campagne pour Bergoglio, la mafia de Saint-Gall (révélée l’année précédente par le cardinal Danneels dans son autobiographie) était celui d’ « une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif et qui ne laisse comme mesure ultime que son propre ego et ses envies ». Vous suivez?

Or, comme nous l’écrivons depuis août 2021, le pape Benoît est in Sede impedita /Siège empêché, un statut canonique où le pape est confiné, prisonnier, pas libre de s’exprimer. Jamais démenti, ni des canonistes, ni du Vatican bergoglien, ni même du Saint-Père Ratzinger.

Le pape Benoît a réussi l’exploit surhumain de toujours dire la vérité sur lui-même, grâce à un « code Ratzinger » qui lui permet de ne sélectionner que ceux qui ont des oreilles pour entendre. C’est par exemple le cas lorsqu’il dit qu’il a « librement renoncé à son ministère »: puisque munus et ministerium se traduisent tous deux par ministère, il dit la vérité, à savoir qu’il a renoncé à l’exercice pratique du pouvoir (ministère-ministerium) parce qu’il en est empêché, et non au titre (ministère-munus) qui l’aurait fait abdiquer. Carta canta [proverbe italien: ce qui compte, c’est ce qui a été écrit]. Mais le grand public et l’opinion publique ne le comprennent pas ou ne veulent pas le comprendre.

Mgr Gänswein, en revanche, n’est pas tenu à une telle rigueur car il ne parle pas pour lui-même, il est en contact direct avec le monde extérieur et il doit protéger le pape Benoît. Ainsi, lorsqu’il est pressé par les bergogliens, il peut être amené à confirmer le récit de l’usurpateur, comme un prisonnier qui, sous la menace de ses ennemis, obéit, fait et dit ce qu’ils veulent. De plus, rappelez-vous que le pape Benoît a promis obéissance et révérence à son successeur-usurpateur.

Il s’ensuit que, étant donné le statut objectif, jamais réfuté, du Siège empêché, tout ce qui est dit qui collerait avec le récit des geôliers vaut moins que zéro, mais seul compte ce qui va à son encontre. L’explication est très simple : imaginez une personne séquestrée chez elle, le voleur la menaçant d’une arme derrière la porte. Un voisin sonne à la porte et lui demande : « Tout va bien ? », « Bien sûr », répond la personne séquestrée, « tout va bien, je ne répondais pas au téléphone parce que j’étais sous la douche ». En attendant, il fait des clins d’œil, des grimaces étranges pour nier ce qu’il dit. Évidemment, la version verbale exprimée sous la contrainte ne compte pas, mais seuls comptent les signaux contre-tendance. Ainsi, de ce que dit Mgr Gänswein, seuls comptent les discours pro-Benoît, et pas les pro-Bergoglio, EN RAISON DE LA NATURE MÊME DE LA SEDE IMPEDITA, qui empêche les « empêchés » de s’exprimer librement. Vous y êtes? Ainsi, jamais Benoît XVI ou Mgr Gänswein ne pourront confirmer explicitement qu’il est in Sede impedita… tant qu’il est in Sede impedita

Et nous en venons la dernière affaire, qui vient d’être révélé par don Alessandro Minutella, le prêtre le plus fidèle du pape Benoît, excommunié et réduit à l’état laïc par Bergoglio.

Le frère d’un prêtre de sa congrégation, ce dernier bergoglien, a eu un entretien téléphonique avec Mgr Gänswein. L’occasion avait donc été préparée.

Aux questions posées par le prêtre sur le mouvement loyaliste à Benoît XVI, Mgr Gänswein a répondu avec des mots très excessifs. Il a dit que « Minutella est fou », que son livre « Pietro dove sei? » [Pierre, où est-tu?] est bon à jeter et – peut-être – quelque chose à propos du « Codice Ratzinger », mais le prêtre n’a pas bien compris, probablement quelque chose de négatif.

Cette déclaration a pris le « Petit Reste » [ainsi est désigné le « petit troupeau » resté fidèle à l’Eglise, ndt] au dépourvu, mais sans raison. Au contraire. Comment s’étonner qu’à un prêtre bergoglien, dans un appel téléphonique probablement surveillé, l’archevêque empêché Gänswein, secrétaire du pape empêché Benoît, puisse dire quelque chose de contraire au récit des empêcheurs ? Pouvez-vous imaginer l’archevêque confiant au prêtre bergoglien au téléphone : « Oui, bien sûr, don Minutella a raison, le pape est in Sede impedita et l’antipapauté de François sera annulée » ?

Par contre, un langage aussi exagéré démontre exactement le contraire : en effet, si don Minutella était fou, selon le droit canonique il ne pouvait pas être excommunié, ni réduit à l’état laïc, mais au contraire enfermé dans un établissement de santé pour prêtres.

Quoi qu’il en soit, la question de don Minutella aurait pu être résolue par le pape Benoît ou Mgr Gänswein dès 2018, en lui expliquant calmement sur quelles bases canoniques Benoît avait abdiqué en bonne et due forme. (..) Mais cela n’a pas été fait parce que la Declaratio en tant que renonciation est complètement invalide. C’est ce qu’a démontré l’avocate Estefania Acosta dans un livre juridique de 300 pages intitulé « Bendetto XVI: papa emerito?« , qui n’a jamais été réfuté.

Mgr Gänswein a dit aussi que les erreurs de latin ne rendent pas le document invalide, et il a raison. Maître Acosta l’a toujours soutenu et nous la suivons : les erreurs de latin ne font que rappeler les erreurs juridiques de la Declaratio si on l’interprète comme une abdication. Mais nous avons vu que le document ne comporte pas d’erreur juridique puisqu’il s’agit d’une annonce non juridique, mais parfaitement cohérente, d’un Siège empêché et non d’une abdication. En fait, elle n’a jamais été ratifiée après l’heure X.

Mgr Gänswein a donc jeté un pavé dans la mare – par de nombreux éléments de langage en « code Ratzinger » – qui ravive et stimule le débat sur la question, étant donné que la technique défensive médiocre mais efficace des bergogliens consiste à tout cacher et à tout taire.

(…) Évidemment, s’agissant de Siège empêché, rien de ce qui a été dit par le Pape Benoît (si tant est que quelque chose d’univoque ait été dit) ou par Mgr Gänswein, et qui soit en accord avec la version des empêcheurs ne peut être pris au pied de la lettre. C’est comme si, pour s’assurer qu’une personne n’est pas séquestrée chez elle, il suffisait de lui passer un coup de fil. Il est clair que le séquestré ne peut faire que deux choses : soit répéter que tout va bien, avec un pistolet sur la tempe, soit donner des signaux voilés. La seule façon de vérifier qu’il n’a pas vraiment été séquestré est d’entrer dans sa maison, et d’inspecter partout.

De la même façon, même si le pape Benoît lui-même disait que le pape est François, qu’il célèbre en communion avec François, que son successeur est un saint, et que canoniquement sa Declaratio est une renonciation valide à la papauté, il ne pourrait pas être pris en considération. Notamment parce que le pape lui-même est soumis au droit canonique, et que ce n’est donc pas lui qui décide de la validité de sa Declaratio, mais ce doit être un synode provincial, un concile, une commission de canonistes spécialisés avec une garantie totale d’indépendance. Et Bergoglio devrait être le premier à demander la clarté sur une telle question. MAIS IL NE LE FAIT PAS, et nous savons pourquoi.

(…)
En résumé, Mgr Gänswein est totalement loyal envers le pape Benoît, même ses pleurs à plusieurs reprises le prouvent à un niveau immédiat (à moins qu’il n’ait fréquenté l’Actor Studio pendant des années) mais il doit parfois défendre le récit bergoglien parce que, comme le pape Benoît, il est empêché. Et c’est ce qu’il fait, d’une manière emphatique, excessive, délibérément dédaigneuse, brutalement affirmative comme les bergogliens, ce qui ne correspond pas du tout au style du pape Benoît, qui est adamantin, rationnel et charitable.

Il est évident que la seule façon de réfuter l’empêchement du Pape Benoît ne peut PAS être de poser la question à lui ou à son secrétaire tous deux empêchés (quel contresens!) mais d’ « envoyer la police à la maison », c’est-à-dire de convoquer un synode provincial qui examine publiquement la Declaratio et s’exprime en termes juridiques sur l’empêchement de l’évêque de Rome. À cela devrait s’ajouter une conférence de presse directe du pape Benoît, faite devant les caméras du monde entier, avec des garanties de sécurité maximales. Tant que ce genre de déclaration ne vient pas de l’Église, les paroles pro-bergogliennes ne signifient rien et Benoît XVI est empêché.

(…)

Si vous êtes catholiques, restez calmes et continuez à crier plus fort que jamais sur les toits que le vrai pape est Benoît XVI seul, in sede impedita.

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