Très intéressante analyse d’Edouard Husson sur le site « Le Courrier ders stratèges », irremplaçable source de (ré)information en ces temps où la guerre psychologique, dûment relayée par la presse quasi-unanime, fait rage (comme ce fut – c’est encore – le cas avec la « pandémie »). L’article est en accès payant, mais la partie mise en ligne offre déjà une considérable matière à la réflexion, sur les limites de la victoire du « centre-droit » en Italie, et plus largement, sur l’attitude divisée des conservateurs face au conflit ukrainien.

Un des motifs invoqués par Giorgia Meloni pour ne pas prendre Salvini dans son gouvernement est: “il est russophile”, comme le mettait en une la Stampa de mercredi 28 septembre. Il y a bien entendu une part de tactique.  Cependant, le tweet adressé par Madame Meloni à Vladimir Zelenski ne s’invente pas: 
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Cher @ZelenskyUa, vous savez que vous pouvez compter sur notre loyal soutien à la cause de la liberté du peuple ukrainiens. Restez fort et ferme dans votre foi”.  

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https://lecourrierdesstrateges.fr/2022/09/29/les-conservateurs-face-a-la-guerre-dukraine-une-source-de-divisions/

L’article se poursuit en posant la question, purement rhétorique: « Peut-on être vraiment conservateur et prendre parti pour l’Ukraine? »

Je conçois que, comme conservateur, on souhaite soutenir la Russie – la Russie de Vladimir Poutine est l’une des incarnations actuelles du conservatisme dans le monde. Je conçois aussi que l’on souhaite, comme conservateur, rester neutre dans le conflit, appeler à la fin des combats et à la négociation. C’est mon cas. Imaginons le Général de Gaulle face au conflit: il n’aurait eu de cesse de placer la France en position de médiatrice. 

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En revanche, il me semble peu compatible, sur le fond, d’être conservateur et de prendre partie pour l’Ukraine. La guerre d’Ukraine a été largement voulue par cet Occident globaliste qui est tout ce que combattent les conservateurs. Comment ne pas voir la fédération, dans la puissante propagande pro-ukrainienne occidentale, de tout ce que les conservateurs détestent et combattent par ailleurs: le capitalisme de connivence porté à son paroxysme affairiste (voir Hunter Biden); l’idéologie de l’abolition des frontières (on reproche à la Russie de vouloir faire respecter sa souveraineté). La cause ukrainienne a même été récupérée par les marches des fiertés ! 
Quand on sait comme les couples occidentaux vont se faire faire des GPA en Ukraine, j’ai du mal à comprendre la cohérence de Madame Meloni. Mais elle n’est pas seule! Regardez comme la Pologne fait passer la lutte contre la Russie avant la solidarité entre conservateurs européens!  

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ibid

Et Edouard Husson avance trois explications à ce qu’il nomme le « tropisme pro-ukrainien » d’une partie des conservateurs:

  • L’influence très forte du conservatisme anglo-saxon. Or une partie des conservateurs anglo-américains croient que la Russie, c’est encore l’URSS (…).
  • Le refus d’accepter de remettre en cause son propre conservatisme occidental – ancré dans le Moyen-Age catholique ou dans la tradition burkéenne – avec le conservatisme russe. (…) Un conservateur européen doit avoir conscience que l’Europe n’existe pas sans la rencontre du meilleur des cultures occidentale et russe orthodoxe! [on retrouve Benoît XVI et les « deux poumons » de l’Europe, ndt] 
  • Le combat de la Russie pose sérieusement la question de la souveraineté. Or je suppose que beaucoup de conservateurs européens trouvent cela très confortable de se laisser “coucouner” dans l’UE et dans l’OTAN en s’auto-persuadant que ces deux modes d’organisation de l’Occident ne sont pas inéluctablement progressistes (…).
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