En fait, c’est la même personne! Ou plutôt c’était, car la petite religieuse a quitté le voile. Nous avions parlé en 2014 de l’histoire de « Suor Cristina » qui avait remporté le jeu télévisé « The Voice » version italienne avec une « performance » pour le moins éloignée de la spiritualité en relation avec sa condition de sœur (la vidéo est éloquente!!!). A l’époque, on parlait encore d’ « effet Bergoglio » et d’ « Eglise en sortie », mais je ne m’étais guère fait d’illusions sur son avenir dans le monde du showbiz (je sais, j’ai mauvais esprit) surtout au vu des parrains douteux qu’elle s’était choisis pour la conduire dans cette aventure. Aujourd’hui, on apprend qu’elle a quitté les ordres… et cette nouvelle suscite le buzz (comme on dit) sur internet. Pas pour de bonnes raisons, évidemment. Voir ICI. Que dire de plus (et surtout de mieux) que Paolo Deotto, cité ici par Marco Tosatti, sur cette triste et trop banale histoire d’aujourd’hui?


Paolo Deotto
(www.ilnuovoarengario.it)

Suor Cristina et Signorina Cristina Scuccia. Un énième triomphe du « politiquement correct » et du conformisme.

Il y a un certain temps, quand j’ai eu l’occasion de voir la jeune Suor Cristina chanter à la télévision, le seul sentiment que j’ai éprouvé a été une grande gêne.

Il y a eu une grosse opération de marketing derrière ces spectacles, car il ne fait aucun doute qu’une religieuse qui, au lieu d’être une religieuse, est une chanteuse en habit de religieuse « fait impression ». Je ne sais pas et ne me souviens pas si elle était bonne ou pas comme chanteuse, et cela ne m’intéresse pas, tout comme une question est restée sans réponse, à savoir « Y a-t-il une mère supérieure ? Et est-ce que ça lui convient ? ».

A présent, l’opération marketing continue, phase 2. La Signorina Cristina Scuccia a quitté l’habit, a fait « un choix courageux », a déclaré qu’elle avait compris qu’elle devait « être elle-même ». Elle a choisi de « suivre son cœur ». Et caetera. Et il se trouve que, sur ce « chemin », elle a eu besoin du soutien d’un psychologue (le père spirituel moderne…).

Quel déluge de banalités. Mais ce sont précisément ces banalités que le monde aime et récompense, et il y reste maintenant à cultiver – et à faire fructifier financièrement – l’ex-religieuse.

Quand j’étais étudiant à l’université (hélas, voilà bien longtemps!), c’était l’époque où les « prêtres-ouvriers » faisaient fureur, mais le summum était alors le « prêtre-guerrier ». De toute façon, il était très « in » d’être un prêtre mais de tout faire pour ne pas s’habiller comme un prêtre, ne pas agir comme un prêtre, et finalement ne pas être un prêtre.

Je me souviens qu’un grand professeur, le professeur Orio Giacchi, Maître en droit canonique, disait: « Nous avons surtout besoin de prêtres qui agissent comme des prêtres ». Mais le professeur Giacchi était un homme d’un autre temps, il ne connaissait pas le « politiquement correct ». Il était l’un des rares professeurs qui commençait encore ses cours (année universitaire 68/69) en récitant la prière qui était autrefois affichée en évidence sur toutes les chaires de l’Université catholique, mais que presque plus aucun professeur ne récitait.

J’ai personnellement connu le cas d’une religieuse qui a quitté l’habit et de deux prêtres qui, réduits à l’état laïc à leur propre demande, se sont ensuite mariés et ont trouvé du travail. Dans tous ces cas, cependant, les événements se sont déroulés dans la confidentialité, sans créer de scandale inutile, sans interviews ni feux de la rampe. Ces choses arrivent et elles impliquent sans aucun doute de sérieux efforts spirituels.

Ce sera ensuite au Seigneur de juger ces choix.

Mais nous vivons aujourd’hui à l’ère du joyeux crétinisme gazouillant, où tout doit être mis sur la place, surtout si cela peut être financièrement avantageux. Ainsi, un choix dramatique, comme celui de quitter le couvent, devient une occasion de spectacle, oui, parce que la Signorina Cristina Scuccia a une grande aspiration, celle de devenir chanteuse à plein temps, et comme on nous serine quotidiennement que nous devons rechercher la joie seulement ici-bas et que le succès, le passage à la télévision, sont des objectifs sublimes, tout en découle.

Je voudrais demander à la Signorina Cristina Scuccia de nous faire au moins une faveur. Ne parlez pas d’un choix « courageux ». Le monde, comme vous le voyez, accueille les gens comme vous à bras ouverts. Le vrai courage aurait été de demander au Seigneur de vous éclairer afin de comprendre quoi faire, de vous rappeler que les vœux solennels ne sont pas une bagatelle ou une simple formalité. Le vrai courage aurait encore été de vivre son calvaire dans le silence et l’anonymat.

Au lieu de cela, des interviews, la télévision, les habituelles phrases prévisibles et évidentes, avec le plaisir supplémentaire de nous informer qu’elle est maintenant serveuse. Autre excellent argument marketing : voici la femme « courageuse » qui, pour « être elle-même », « suivre son cœur », fait un travail subalterne, parce qu’elle doit réaliser son rêve de devenir chanteuse. La belle affaire.

Grâce au Seigneur, il y a encore beaucoup de consœurs de la Signorina Cristina Scuccia, qui prient pour nous tous, et donc pour elle aussi, et qui avec leurs humbles prières et leur vie anonyme de renoncement font leur part pour sauver beaucoup d’âmes.

Chère Signorina Scuccia, puisque je pourrais être votre père, permettez-moi de vous souhaiter bonne chance, de tout cœur.

Je ne vous souhaite pas de réussir en tant que chanteuse, je vous souhaite de rester longtemps serveuse – ou d’autres emplois honnêtes et humbles – et que vous vous trouviez bientôt dans la condition spirituelle de reconsidérer vos choix. Je ne vous suggère certes pas de retourner au couvent. Je vous conseille seulement de reconsidérer vos choix, avec l’aide d’un saint prêtre (il en reste peu, mais il y en a). Et je vous conseille de vivre tout cela dans un humble silence, en demandant sans cesse l’aide du Seigneur. Vous en tirerez bien plus de bénéfices qu’une carrière de chanteuse, qui vous épuiserait en quelques années et vous laisserait dans une solitude totale, comme cela arrive quand on se confie au monde. Pensez-y.

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