Décidément, le Pape François gouverne en souverain absolu: après avoir commandé au début de cette année un « rapport-surprise » qui en a, (surprise…, effectivement), relevé des disfonctionnements, il vient par décret de nommer une commission de contrôle de l’organisme chargé de coordonner les différentes Caritas nationales (en France, le Secours catholique). Le cardinal Tagle, considéré comme papabile en fait les frais, et celui qui lui succède en tant que commissaire est un consultant laïc externe. Le « chouchou » du Pape serait-il en disgrâce?

Que ce soit clair, jusqu’à plus ample information, les raisons du Pape sont peut-être légitimes. On se souvient qu’en 2011, Benoît XVI avait lui aussi voulu réformer profondément Caritas Internationalis: il s’agissait alors d’un recadrage, voulu par le Saint-Père pour redonner à l’organisme une identité plus catholique (voir ici: benoit-et-moi.fr/2011…). Je doute que François ait les mêmes intentions. A suivre…

Caritas Internationalis placée sous administration provisoire

LE PAPE DESTITUE LE CARDINAL TAGLE DE SON POSTE DE PRÉSIDENT DE CARITAS

Le pape François a nommé aujourd’hui un commissaire qui assumera les pleins pouvoirs de décision pour Caritas Internationalis.

Giuseppe Nardi
katholisches.info/2022/11/22/caritas-internationalis-unter-kommissarische-verwaltung-gestellt/

(Rome) Sous le pape François, les commissaires circulent, dit-on à Rome. Le dernier exemple en date est la nomination aujourd’hui d’un commissaire pour Caritas Internationalis, un instrument particulièrement précieux pour François.

Caritas Internationalis est la fédération des 162 organisations nationales de Caritas. L’intervention a eu lieu après la découverte de « carences dans les procédures de gestion » ayant des conséquences pour le personnel.

Dans une déclaration, le dicastère romain pour le développement humain intégral, dont dépend Caritas Internationalis, a annoncé qu’une étude surprise avait été commandée au début de cette année, à savoir « une évaluation de l’environnement de travail au sein du secrétariat général de Caritas Internationalis, en accord avec les valeurs catholiques de dignité humaine et de respect de chaque personne ».

L’évaluation a été menée par un groupe d’experts externes, dont des psychologues, et n’a « pas apporté de preuves de mauvaise gestion financière ou d’inconduite sexuelle », mais « a mis en évidence d’autres problèmes et domaines importants qui doivent être traités de toute urgence ».

« Des lacunes dans les procédures administratives ont été constatées, qui ont également eu un impact négatif sur l’esprit d’équipe et le moral des travailleurs », indique le rapport, sans donner plus de détails.

Et c’est la raison pour laquelle le pape nomme un commissaire ?

Effectivement. Dans un décret émis par le Vatican, il est dit que pour mieux remplir la mission de Caritas auprès des plus pauvres et des plus démunis, « il est nécessaire de revoir le cadre juridique actuel afin de mieux l’adapter aux tâches statutaires de l’organisation et de le préparer aux élections qui seront organisées lors de la prochaine assemblée générale ».

Netplan Manager remplace le cardinal Luis Antonio Tagle

En conséquence, Pier Francesco Pinelli, de Netplan Management Consulting, a été nommé aujourd’hui commissaire extraordinaire « pour diriger temporairement l’organisation avec tous les pouvoirs de décision, conformément au droit coutumier et aux statuts et règlements de l’institution, et avec les pleins pouvoirs pour les abroger s’il le juge opportun ou nécessaire ».

Avec l’entrée en vigueur de cette mesure, tous les organes de direction, y compris le président, les vice-présidents, le secrétaire général, le trésorier ainsi que l’assistant ecclésiastique ont été démis de leurs fonctions.

Le cardinal philippin Luis Antonio Tagle, qui est également préfet du dicastère pour l’évangélisation des peuples, a ainsi été poussé vers la porte en tant que président de Caritas Internationalis. Il avait accepté cette fonction en 2015 en déclarant : « Au nom des pauvres, j’accepte cette charge ».

Le cardinal Tagle est considéré depuis des années comme un successeur potentiel du pape François, mais ce dernier ne semble pas satisfait de son « prince héritier ». Si des « lacunes dans les procédures administratives » suffisent à l’envoi d’un commissaire, un examen de la méthode de travail de Tagle au sein du dicastère pour l’évangélisation des peuples serait peut-être également recommandé.

Pinelli, qui a d’abord travaillé de nombreuses années dans le secteur de l’énergie, s’est mis à son compte en 2012 en créant sa propre entreprise de conseil. Depuis, il est surtout apparu comme « commissaire extraordinaire », nommé par le gouvernement italien (ministère de la Culture) pour réorganiser les théâtres musicaux et parlés. C’est à ce titre que le pape François le fait maintenant venir à la Curie romaine.

L’intervention pontificale, comme il a été précisé, « n’aura aucun impact sur le fonctionnement des organisations membres et sur le service de charité et de solidarité qu’elles rendent dans le monde entier ». Elle « servira au contraire à renforcer ce service ».

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