Le site Caminante/Wanderer s’interroge sur ce qu’il appelle « une des dernières lubies » du pape. Lors de deux rencontres récentes, celui-ci s’en est pris violemment aux prêtres refusant l’absolution, quel qu’en soit le motif (cela n’aurait-il pas le lien avec l’affaire Rupnik, qui concerne justement un abus dans l’absolution dans la confession?), insistant sur le fait que « tout doit être pardonné et que, même si l’on constate qu’il n’y a pas de volonté de s’amender, il faut toujours pardonner et en aucun cas on ne peut refuser l’absolution ». Or, selon l’auteur de l’article, un simple coup d’œil au catéchisme suffit à invalider cette affirmation. D’où la question qui sert de titre. Et le dilemme qui s’ensuit: le pape est le successeur de Pierre tant qu’il garde la foi; s’il la perd, sa succession disparaît.

La primauté, c’est-à-dire la succession de l’apôtre Pierre, est fondée sur la foi de l’apôtre Pierre.

Il ne suffit pas d’être évêque de Rome pour être pape. Il faut EN PLUS professer la foi apostolique.

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14 décembre 2022

La psychologie particulière du pape François tourne autour de quelques noyaux délirants qui ont une durée limitée (un ou deux ans) et sont une cause de confusion et de division au sein de l’Église. Rappelez-vous, par exemple, ses délires contre les religieuses (« vieilles filles »), contre les curés, contre les évêques « itinérants », contre les croyants dévots (« semi-pélagiens ») et dernièrement contre les « indiétristes » et ainsi de suite. Curieusement, ces délires sont toujours dirigés contre les membres de l’Église elle-même, jamais contre des personnes extérieures, et encore moins contre des ennemis déclarés de la foi. C’est ce que nous avons appelé le « cannibalisme institutionnel » et qui, s’il a produit quelques fruits dans les premières années de son pontificat, n’est actuellement qu’une source de colère et de confusion accumulées.

La dernière des lubies pontificales se manifeste par l’idée de la « criminalité » des prêtres qui refusent l’absolution aux pénitents, même si c’est pour des raisons valables. Dans son discours aux recteurs et formateurs des séminaires d’Amérique latine, le pape a qualifié de « criminel » le prêtre qui refuse l’absolution. Et le 10 décembre, il a été encore plus explicite lors de l’audience accordée aux séminaristes de l’archidiocèse de Barcelone.

Il s’agit d’une situation typique d’irresponsabilité papale, c’est-à-dire de l’incapacité du pape à assumer le rôle de maître du christianisme. Dès son arrivée à l’audience avec les séminaristes de Barcelone, Bergoglio a déclaré que le discours qu’il avait préparé était très ennuyeux [Quelle grossièreté! merci pour ceux qui l’ont rédigé! Ils ont dû être contents! – ndt] et que, par conséquent, ils pouvaient lui poser des questions sur ce qu’ils voulaient. Le discours non prononcé a cependant été publié sur le site officiel du Vatican, on peut donc le lire. On trouvera ici et là un compte rendu fidèle de ce qui s’est passé lors de cette rencontre et des leçons que les séminaristes catalans ont reçues. Le pape François « a particulièrement insisté sur le fait que tout doit être pardonné et que, même si l’on constate qu’il n’y a pas de volonté de s’amender, il faut toujours pardonner et en aucun cas on ne peut refuser l’absolution ».

Or il n’est pas nécessaire de faire appel aux grands traités de théologie. Le catéchisme le plus basique suffit : c’est une condition essentielle pour recevoir le sacrement de pénitence qu’il y ait repentir et contrition. Si cela fait défaut, l’absolution n’est pas valable. Et si le prêtre, conscient que le pénitent n’a pas l’intention de s’amender, lui donnait l’absolution, il pourrait commettre – et les canonistes le savent bien – une simulation du sacrement, ce que le Siège apostolique lui-même considère comme l’un des « crimes les plus graves en violation de la sainteté du sacrement de pénitence réservés au jugement de la Congrégation pour la doctrine de la foi ».

Nous sommes donc en présence d’une directive pontificale claire et irréfutable qui va à l’encontre de l’enseignement de l’Église. Et ce n’est pas le seul, bien sûr.

Face à cette situation, la question de la possibilité du « pape hérétique » se pose à nouveau.

(…)

[Sur ce sujet] , il est intéressant de considérer l’opinion des orthodoxes, car leur théologie aux racines patristiques enrichit le panorama. A cet égard, voici un texte très intéressant de Siméon de Thessalonique, évêque et théologien de la première moitié du XVe siècle (cité dans le livre de François Dvornik, « Byzance et la primauté romaine », Cerf, Paris, 1964) . Suivant une grande partie de la tradition orientale, il interprète la succession de Pierre comme une succession dans la vraie foi. En gros : le pape est le successeur de Pierre tant qu’il garde la foi; s’il la perd, sa succession disparaît.

Il écrit :

Quand les Latins disent que l’évêque de Rome est le premier, nous ne devons pas les contredire. Cela ne peut pas nuire à l’Eglise. Qu’ils nous montrent seulement qu’il persiste dans la foi de Pierre et de ses successeurs et qu’il possède tout ce qui vient de Pierre, et alors il sera vraiment le premier, le chef de tous, le Souverain Pontife. Son trône est apostolique et le grand prêtre qui y siège, pour autant qu’il professe la vraie foi, est appelé le successeur de Pierre. Il n’y a personne qui pense et parle bien qui puisse le nier

Et il conclut en disant que, malheureusement, le pape de l’époque (Martin V), parce qu’il a ajouté le Filioque au Symbole [ndt, voir « Querelle du Filioque »], n’a pas professé la foi de Pierre et a donc perdu sa primauté.

Il ne s’agit pas ici de discuter de la question complexe du Filioque. Il s’agit d’analyser la perspective avancée par Siméon et une partie de la tradition : la primauté, c’est-à-dire la succession de l’apôtre Pierre, est fondée sur la foi de l’apôtre Pierre. Il ne suffit pas d’être évêque de Rome pour être pape. Il faut EN PLUS professer la foi apostolique.

La question est, bien sûr, de savoir qui aura le courage de prendre l’initiative pour rendre le problème manifeste.

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