Le livre d’Andrea Cionci « Codice Ratzinger » a, au minimum, servi de moteur pour relancer le débat sur la renonciation inexplicable de Benoît XVI, au moins dans la blogosphère italienne qui compte [(1)] – nous ne parlons pas des Français, définitivement out .
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Aucun ne croit à sa théorie – moi si, un peu, mais je suis une incorrigible complotiste! (il faut dire qu’ elle peut sembler un peu tirée par les cheveux) – de « pape empêché » et de langage codé sophistiqué à travers lequel le Saint-Père nous ferait connaître sa situation. Et Cionci s’est heurté à une fin de non recevoir définitive de la part des prélats du camp anti-Bergoglio qui auraient pu y adhérer, au premier rang Mgr Vigano.
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Je n’en sais rien, mais contre les arguments canoniques savants et sans doute irréfutables de ses éminents contradicteurs, il y a au minimum à son crédit l’intuition du cœur (un peu comme la foi du charbonnier), et une affection sincère et pleine de respect pour Benoît XVI, sans compter des faits incontestables comme les propos mystérieux de Georg Gänswein (cf. « Ou vous croyez, ou vous ne croyez pas ». L’énigme du « pape empêché »: et si c’était vrai?]
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L’article ci-dessous, publié sur le site de Marco Tosatti sous la plume d’un intervenant récurrent bien informé (sans doute un insider) qui signe facétieusement « Observateur martien » a le mérite de siffler la fin de la partie, renvoyant dos à dos les partisans et les détracteurs de la théorie de Cionci, et de déplacer les projecteurs sur le vrai problème. Le cardinal Bertone, secrétaire d’état décrié et ambigu de Benoît XVI (qu’il n’a jamais soutenu, alors que Benoît XVI l’a défendu envers et contre tout, par fidélité à l’amitié, et qui aurait été l’un des artisans, dans l’ombre, de l’élection du cardinal Bergoglio), aurait-il la réponse? Bizarrement, François lui a envoyé un message sibyllin dans sa récente interview au journal espagnol ABC (« J’ai donné le papier à Bertone… Où l’a-t-il fourré?). Et le résultat, ce n’est pas du complotisme: il est sous nos yeux.

Osservatore Marziano, 20 décembre 2022
www.stilumcuriae.com/osservatore-marziano-benedetto-xvi-il-problema-non-e-la-rinuncia-ma-la-successione

Nous en avons assez, après 10 longues années, d’entendre parler, interpréter, discuter, se contredire, se quereller, etc. sur la renonciation de Benoît XVI. Dont on ne sait rien, et dont on ne saura jamais rien, à moins que Papa Ratzinger (je n’ose pas l’appeler émérite pour éviter toute nouvelle controverse) ne nous l’explique personnellement.

Ce qu’il ne fera jamais, je le crains. Peut-être le secrétaire d’État de Benoît XVI, le très puissant, très contesté (par l’ensemble du Conseil des cardinaux), mais très craint cardinal Tarcisio Bertone, est-il le seul à savoir quelque chose, mais ce qu’il sait est certainement bien gardé et lui permet de s’auto-protéger.

Sauf que le pape François, avec sa déclaration dans l’interview à ABC, a maintenant décidé de lancer indirectement et de manière voilée une opération contre lui.

J’ai donc été intrigué par l’interview du Pape François au quotidien espagnol ABC où il dit clairement que lui aussi avait écrit (immédiatement après sa nomination) sa démission conditionnelle et l’avait remise à Bertone. A Bertone ? celui qui est soupçonné d’être l’orchestreur de la démission du Pape Benoît XVI ? Lui ? Celui-là même qui est soupçonné d’avoir organisé et forcé la démission du pape Ratzinger ? Pourquoi ? Parce qu’il savait ce que les autres soupçonnent qu’il aurait pu faire ?

Voyez-vous, en lisant ladite interview du Pape François avec ABC, la seule chose intéressante est précisément ce message entre les lignes, à déchiffrer : Bertone sait tout, il contrôle tout le monde en ayant tout entre les mains, grâce aux secrets qu’il garde soigneusement au sein des murs du Vatican. Y compris le renoncement ANTICIPÉ du Pape François lui-même.

Au lieu de faire l’effort de lire entre les lignes, il y en a encore qui continuent à vouloir faire des analyses et des conjectures, y compris historiques. Même le bon, le fluctuant et lunatique Antonio Socci [(1)] a essayé. Dans un article, il nous apprend que de nombreux autres papes avaient préparé leur démission en cas d’empêchement futur : Pie XII, Paul VI (Jean-Paul II est un cas à part…), alors pourquoi s’étonner si Benoît XVI avait lui aussi décidé de donner sa démission? Et donc pourquoi s’étonner si le Pape Bergoglio, lui aussi, l’avait préparée dès sa nomination (je laisse de côté le fait que Socci avait émis des hypothèses sur les mystérieuses irrégularités de la nomination de Bergoglio [Dans son livre « Non è Francesco »: depuis, il a bien changé]). Je m’attendais aussi à ce que Socci, en bon historien, nous dise que même le premier Pape (Saint Pierre de Bethsaïde) avait donné l’instruction à Saint Paul que si son pontificat avait été empêché « par le martyre – la crucifixion », il aurait dû se considérer comme ayant renoncé et fait nommer un Pontife italien (comme le deuxième : le Pape Lino, de Volterra, en 67 après J.-C.).

Maintenant, afin d’inviter les nombreux interprètes plus ou moins informés et qualifiés de la renonciation de Benoît XVI à cesser de raconter des histoires à dormir debout (à moins qu’ils ne puissent dire quelque chose d’intéressant en mettant donc la main dans les coffres de Bertone, comme nous l’a indiqué le Pape Bergoglio lui-même), je voudrais dire que le problème n’est pas tant de nous expliquer que d’autres Papes précédents avaient prévu (mais jamais mis en œuvre) la renonciation pour des raisons d’empêchement.

Le mystérieux problème actuel n’est pas tant le renoncement, mais la SUCCESSION de Benoît XVI. La renonciation n’était nécessaire que pour la succession. C’est la succession qui mérite l’attention, c’est le « comment » elle a été décidée et mise en œuvre, c’est le « qui » l’a exigée et a donné des dispositions pour la mettre en œuvre. En bref, le véritable mystère est de savoir comment le pontife actuel lui a succédé. La raison pour laquelle cela s’est produit est, en revanche, absolument compréhensible, elle est là pour que tout le monde la voie, elle n’a pas besoin d’être interprétée. Cela s’est produit pour accélérer le processus de déchristianisation en une dizaine d’années et pour faire croire aux terriens [ndt: c’est un « observateur martien » qui écrit] que ce processus était utile, miséricordieux, charitable, « inclusif et durable ».

(1) Ndt

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