Elles sont issues de la Bussola, un site ami (hier, les premiers à annoncer la nouvelle de la détérioration de son état de santé étaient la Repubblica et Il Fatto quotidiano, deux journaux d’extrême gauche qui ont passé les huit années de son pontificat à le harceler férocement).

Benoît XVI, son état s’est aggravé.

Nicolas Spuntoni,
La NBQ,
29 décembre 2022

Le dernier tronçon de route entre le monastère et les portes du ciel. C’est ainsi que Benoît XVI définissait il y a quelques mois le chapitre de son existence qui a commencé avec sa démission en 2013. La présence de l’ex-Pape « sur la montagne » où le Seigneur l’a appelé à « monter » il y a presque dix ans a été une garantie pour l’Église, sachant que cette vie encore plus consacrée à la prière et à la méditation était fondamentale pour la soutenir. C’est pourquoi, lorsqu’hier François a demandé des prières pour le Pape émérite à la fin de l’audience générale, révélant au monde qu’il est très malade, non seulement parmi les fils spirituels du lumineux pontificat de Ratzinger mais parmi les fidèles en général (et pas seulement), il y a eu un sentiment généralisé de désarroi. Et la manifestation d’un profond sentiment de gratitude : il était temps d’échanger ces prières et de se joindre à l’appel lancé par son successeur.

Quelques heures après les mots prononcés dans la salle Paul VI, le Bureau de presse du Saint-Siège a confirmé l’aggravation de l’état de santé de Ratzinger, précisant que la situation est sous contrôle, suivie par les médecins et que cette aggravation est due à « l’avancée en âge ». Un peu plus tard, l’agence ANSA a pu apprendre que l’aggravation se serait produite à Noël avec l’apparition de problèmes respiratoires. Le pape émérite, âgé de plus de 95 ans, est désormais extrêmement fragile, mais dans la famille papale, on ne s’attendait pas à ce que la situation se détériore de façon aussi radicale. Mgr Georg Gänswein, son secrétaire particulier de longue date, était si tranquille qu’il avait déjà prévu de terminer l’année en Allemagne : il était attendu à Riedern am Wald, son village natal, et hier, aujourd’hui et demain, il devait célébrer la messe dans la paroisse de St Leodegar. D’ailleurs, le 22 décembre dernier, on l’a vu sourire en serrant la main de François à la fin de l’audience à la Curie pour les vœux de Noël.

Bref, malgré son âge et ses maux, la nouvelle de la maladie du pape émérite a été un coup de tonnerre. Ceux qui ont eu l’occasion de le voir peu avant Noël ont déclaré à la Nuova Bussola Quotidiana qu’ils l’avaient vu faible, avec une difficulté croissante à parler, mais encore pleinement conscient et capable de se faire comprendre, bien que difficilement. En effet, les deux derniers rendez-vous « publics » remontent à novembre et début décembre : la rencontre avec le chef de l’Église gréco-catholique Mgr Sviatoslav Shevchuk et l’audience avec les lauréats du Prix Ratzinger accompagnés des responsables de la Fondation qui lui est dédiée.

Aujourd’hui, l’Église revit ces heures d’appréhension, il y a presque deux décennies, celles de la fin du mois de mars 2005, lorsque les nouvelles concernant l’état de santé de saint Jean-Paul II sont devenues de plus en plus alarmantes et que les familles et les communautés du monde entier se sont rassemblées en communion avec la veillée de prière sur la place Saint-Pierre.

Cette fois, le Pape très malade ne règne plus, mais son magistère et en général son activité théologique et pastorale ont laissé des fruits très féconds chez de nombreuses personnes. Les presque dix ans qui se sont écoulés depuis sa renonciation n’ont pas diminué la proximité avec la figure de Benoît XVI, d’une certaine manière ils l’ont même augmentée en raison de la condition sans précédent pour les hommes contemporains d’un ancien Pape encore vivant.

Comment va le pape émérite ? D’après ce que La Nuova Bussola Quotidiana a pu apprendre, il semble que – au moins jusqu’à hier après-midi – il conservait encore des moments de lucidité lorsqu’il était éveillé. Mais à ce stade, il vaut la peine d’attendre les communications officielles du Saint-Siège et de se joindre à l’appel de François, qui s’est rendu hier au monastère Mater Ecclesiae pour prier en présence de ces « yeux contemplatifs » – comme il les a appelés – qui, en silence, ont malgré tout continué à soutenir la barque de Pierre, même lorsqu’elle semblait « chavirer presque au point de chavirer », comme l’a dit Benoît XVI lors de la commémoration de son cher ami, le cardinal Joachim Meisner.

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