(mise à jour). Le Saint-Père reste dans un état critique, et on se trouve forcément partagé entre le désir très fort d’avoir de ses nouvelles (on nous dit qu’il est lucide, dans ses moments de veille, que le docteur Polisca, son médecin de toujours, est à son chevet, qu’il est serein, et qu’il concélèbre la messe avec son secrétaire, revêtant pour la circonstance une étole; l’idée de le transférer à la clinique Gemelli a été abandonnée. Et il semblerait qu’il y a un testament qui sera publié… le moment venu) et de ne pas abandonner le terrain à ceux pour qui sa disparition ne sera qu’un titre de plus dans une liste, et qui se fichent bien de son sort, quand ils ne l’ont pas régulièrement pris pour cible, encore tout récemment; la gêne à parler de lui presque au passé, comme s’il était déjà mort, quand seul Dieu connaît « le jour et l’heure »; et la conviction que ses derniers moments lui appartiennent, et même n’appartiennent qu’à lui, et qu’il y a une certaine indécence à briser en ces moments douloureux le mur fragile de la vie privée (mais il reste un homme public, même si la renonciation de février 2013 et la retraite qui s’en est suivie ont certainement brouillé ce statut).
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L’excellent blogueur espagnol qui contribue au portail Infovaticana sous le pseudo « Specola », et qui est probablement un religieux vivant à Rome signe quotidiennement une revue de presse de haut niveau, exhaustive et très informée, de l’actualité vaticane, voici un extrait de celle d’hier (29 décembre) et celle d’aujourd’hui:


29 décembre

Le jour se lève à Rome et nous nous levons avec l’impression qu’aujourd’hui la nouvelle de la fin de Benoît XVI fera le tour des médias. Il continue à résister, comme il l’a fait ces dernières années et surtout ce Noël.

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L’Église se trouve dans une situation délicate avec un pape régnant souffrant, et avec le décès de Benoît XVI, qui a vécu longtemps. Le Vatican est une petite ville et hier, c’était une ruche de nouvelles, de rumeurs et d’allées et venues. Tout indique que le pape Benoît est inconscient et qu’il tiendra aussi longtemps que la nature le permettra. L’ambulance permanente aux portes de Mater Ecclesiae indique que les autres possibilités ont été écartées et qu’il remettra son âme à Dieu chez lui. Les lumières allumées toute la nuit indiquent qu’on attend, qu’on confie son âme, c’est le mieux qu’on puisse faire en ce moment.

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La nouvelle est omniprésente dans les médias, sans qu’il y ait de nouveautés particulières sur ce qui a déjà été dit. Nous ne citons pas toutes les nouvelles car elles sont répétitives. Ce que nous observons, c’est qu’il existe un courant croissant d’affection et de « vénération » pour le vieux pontife. Sa vie respire la sainteté et, sans doute, des teintes de martyre qui ne sont pas indifférentes. Le sentiment d’être orphelin se répand dans l’Église et provoque déjà une avalanche de réservations dans les hôtels romains pour assister à ses funérailles. Les affiches de « Santo Subito » sont déjà visibles et il est prévisible que nous assisterons à une démonstration très spéciale d’affection et de foi.

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Il y a un testament et, étant donné l’auteur, il ne sera pas indifférent. Son secrétaire le garde tel un cerbère et c’est aujourd’hui le secret le mieux gardé. Il sera long, il sera court, il parlera de la situation actuelle de l’Église…… En tout cas, ce sera celui de Benoît XVI et il sera sans doute splendide. Nous partons du principe que don Georg a des instructions précises quant au moment et à la manière de le rendre public, qu’il s’y conformera précisément, qu’il fera aucune faveur et n’admettra aucun chantage. (?)

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Les choses bougent à Santa Marta. Le principal obstacle à la démission du pape François est que Benoît XVI est toujours parmi nous. Cela peut changer et François sait qu’il souffre d’un processus dégénératif qui ne tient que par une surcharge médicale qui ne peut aller très loin. Hier, Ghrilanda [jésuite, canoniste insigne, créé cardinal par François en août 2022, mais non électeur vu son âge] a été vu à Santa Marta et tout porte à croire que l’objectif est de préparer le prochain conclave le plus rapidement possible. Le calendrier envisagé serait un prochain consistoire avec la nomination d’un bon nombre de cardinaux, on dit jusqu’à 144 cardinaux. Le consistoire serait suivi de la démission et de la convocation du conclave, nous avons encore des mois pour savoir si c’est vrai, ou à quel point c’est vrai, la rumeur est là et pas exactement chez les porteurs.

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Dans le petit État, tout se mobilise, les « préposés aux fleurs » dépoussièrent et préparent tout ce qui est nécessaire pour adapter la basilique Saint-Pierre. L’imprimerie fait des heures supplémentaires et on nous dit que chaque détail est déjà en place, que la cérémonie aura lieu sur la place et qu’on attend une masse de gens, pas du tout indifférents aux choses de la foi, qui se moquent de la pluie ou du froid. Le lieu de sa sépulture, comme il l’a demandé dans son testament, sera la tombe occupée par saint Jean-Paul II avant sa canonisation. Pour l’instant, d’après ce que nous voyons et pouvons dire, les visages sont graves et personne n’ignore que ce sont des moments véritablement historiques et que ce qui se passe ces jours-ci ne sera pas sans importance.

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https://infovaticana.com/blogs/specola/rezando-junto-a-benedicto-xvi-renuncia-cercana-del-papa-francisco-el-vaticano-movilizado-carta-a-rupnik-muero-porque-no-muero/


30 décembre

Nous continuons à prier avec le pape Benoît XVI. Dieu lui a accordé une longue vie, apparemment fragile mais pleine de forces, jusqu’à son dernier moment. C’est une vie qui s’écoule avec sérénité, on nous dit qu’il est stable et conscient, qu’il concélèbre la messe et que, dans le silence, il vit ces moments avec intensité.

Le Vatican est triste, lors de notre promenade matinale nous constatons que dans les librairies de la via della Conciliazione la demande pour les livres de Benoît XVI a augmenté, toujours présente, maintenant beaucoup plus. Le bureau de presse du Vatican a déclaré que le pape émérite est dans un état grave mais stable. « Sa situation n’a pas changé par rapport à hier », est-il précisé. « Le Pontife réagit positivement aux thérapies, il est alerte et parle, même si son état reste critique ». Aujourd’hui, nous avons une messe dans la basilique de San Giovanni in Laterano, pour prier pour le pape Benoît.

L’un de nos lecteurs nous envoie l’article d’Alfonso Ussia d’aujourd’hui dans lequel il cite Girauta, deux des rares journalistes qui se déclarent catholiques en Espagne [ndt: ma traduction, très imparfaite, à partir de la traduction automatique] :

Intellectuel, de ceux qui ne sont plus, religieux, de ceux qui intègrent toutes les dimensions de l’humain, fleur ultime de l’Europe qui nous définit (…)
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La culture de l’Europe est née de la rencontre entre Jérusalem, Athènes et Rome ; de la rencontre entre la foi dans le Dieu d’Israël, la raison philosophique des Grecs et la pensée juridique de Rome. Cette triple rencontre façonne l’identité intime de l’Europe.
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Le Saint-Père qui, par sa profonde intelligence et son humilité, s’est senti appelé à mettre de l’ordre dans le désordre de l’Église, s’éteint. Le pape mystique, intellectuel, musicien, amoureux de la solennité nécessaire pour maintenir la distance entre Dieu et les hommes.
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L’homme de Dieu dévoué au silence est remplacé par le pape François, diamétralement opposé dans ses manières de faire, peu enclin au silence, et à qui il accordé sa pleine obéissance. Son intelligence et son honnêteté religieuse, intellectuelle et humaine lui font voir que ces temps ne lui appartiennent pas.
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Le mystique, l’humaniste, l’intellectuel, l’humble sage, le serviteur de Dieu qui se croyait incapable de le servir, nous quitte. Nous sommes en train de perdre l’essence de l’Europe, celle qui est revenue à son enfance pour lui donner la main et demander à Dieu de ne pas être vaincu par le sommeil.
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https://infovaticana.com/blogs/specola/benedicto-xvi-y-el-alma-de-europa-reacciones-en-el-vaticano-el-caso-orlandi-el-caso-rupnik-los-santos-inocentes-abortados/
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