L’après Benoît XVI commence. C’est le blog Specola (dont j’ai parlé hier) qui le raconte le mieux. Je pense qu’il sera utile de le consulter en ces jours douloureux et intenses, car il est aux premières loges… et il n’est pas journaliste (ce qui en général est une vraie qualité)

Le Te Deum du pape François, les mouvements au Vatican, l’héritage compliqué de Benoît XVI.


Specola, 31 décembre 2022

Ces jours-ci, nous ferons ce que nous pouvons, nous essaierons dans la mesure du possible d’assister à tout en première ligne et d’avoir nos antennes bien orientées pour pouvoir transmettre ce qui se passe dans les palais sacrés.

Il est déjà difficile de faire des réservations à Rome pour le jour des funérailles du pape Benoît XVI. Lui-même a demandé que ce soit le plus simple possible, les puissants de ce monde aiment le bruit extérieur, ils en ont besoin pour rendre leur pouvoir visible, ils savent que le pouvoir passe et que rien ne reste. Les choses de Dieu n’ont pas besoin de bruit humain pour manifester leur force, nous le voyons dans la manière dont Il a voulu venir dans ce monde. La plus grande chose est qu’il prend chair dans l’humilité de notre chair.

Ces jours-ci, nous souhaitons nous consacrer aux hommages et aux articles bienveillants qui peuplent les médias. Nous avons l’impression que Benoît XVI sera beaucoup plus gênant après sa mort, qu’il subira un éloge funèbre recherché, avec des « mais », puis qu’on passera à autre chose. Il y a deux niveaux que nous voulons relever pour nos lecteurs, les articles de fond sur l’ « après » Benoît XVI et ce que nous vivons à l’intérieur des murs du petit État du Vatican.

Ce soir de la veille du Nouvel An, nous avons eu le Te Deum à Saint-Pierre, pas de bousculade, le pape François est toujours en fauteuil roulant, ce n’est pas le moment de se réjouir, avec Benoît mort et François très diminué. Le Pape François s’approche de la crèche sur la Place, très peu de personnes, cela ne ressemble pas à une soirée pour chanter le Te Deum ou des chants de Noël. La vie continue, mais la douleur de la séparation est perceptible.

C’est un commentaire unanime, la nouvelle que don Georg, secrétaire de Benoît XVI et personnage clé dans ces derniers moments, s’est rendu en Allemagne a suscité une grande surprise. Le monastère Mater Ecclesiae est devenu au cours de ces dix années un lieu de paix et de repos apparent, mais d’une énorme activité. Le pape Benoît XVI a reçu des milliers de visites, de messages écrits et, sans doute, bien plus encore. Plus d’un, et même plus de deux, aimeraient pouvoir évacuer le monastère et mettre la main sur toute la documentation accumulée pendant cette période mouvementée de l’histoire de l’Eglise. Les rumeurs, et elles ne proviennent pas des portiers, indiquent que le testament de Benoît XVI, et pas seulement une copie, a été placé hors de mains « inappropriées ». Comme celles qui ont inutilement brisé les scellés de l’appartement papal durant son siège vacant, ils constateront qu’il n’y a plus de poussière à nettoyer.

La mort de Benoît XVI ne nous a pas pris par surprise, mais le moment est venu de parler de son héritage, que l’on commence déjà à définir comme complexe. Son œuvre littéraire est immense, de la revue Concilium à Communio. Dans la Doctrine de la foi, il a dû affronter Boff, son ancien collègue Hans Küng, Jacques Dupuis et bien d’autres. Il a fait face à la situation créée par Mgr Marcel Lefebvre. Particulièrement lumineux en 1984, lorsque, avec Messori, il publie « Rapport sur la foi ». En tant que Pape, nous avons en 2007 la Lettre aux catholiques chinois et le motu proprio Summorum Pontificum. Sa démission a provoqué un véritable séisme qui n’a pas encore été surmonté ; il est le premier pape à démissionner depuis près de 600 ans.

Le corps du pape Benoît sera dans la basilique Saint-Pierre à partir du lundi 2 janvier. Bien qu’il n’y ait pas de protocole établi, tout indique que les funérailles papales seront légèrement écourtées. Jean-Paul II est resté dans la basilique Saint-Pierre du 4 avril 2005 jusqu’au jour de sa messe de funérailles, le 8 avril. On ignore si le corps de Benoît XVI sera transporté en privé depuis sa résidence ou s’il sera porté en public. Il n’est pas clair si la période de deuil officielle de neuf jours pour Benoît XVI sera observée ; le Saint-Siège n’a encore rien annoncé à cet égard.

Les funérailles du pape émérite auront lieu le jeudi 5 janvier. La plupart des membres du Collège des cardinaux sont attendus à Rome cette semaine, et des autorités du monde entier sont attendues. Le pape François célébrera, avec la présidence « partagée » avec [le cardinal] Re. Benoît XVI souhaitait être enterré dans la tombe où Jean-Paul II avait été initialement enterré, dans les grottes du Vatican, près du tombeau de saint Pierre.

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