Les hommages se multiplient, souvent de pure forme, ou trop tardifs, il n’en manque pas qui soient de qualité, y compris de journalistes dont c’est le métier, mais il n’est pas difficile d’identifier ceux (venant de personnes souvent inconnues – et non pas d’ « anonymes » comme le disent stupidement les médias, car tout être humain a un nom) qui jaillissent vraiment du coeur et qui ont su cueillir l’essentiel.
En voici deux, que je viens de découvrir: l’un sur le SB (qui me pardonnera l’emprunt), qui met bien en évidence la persécution dont le Saint-Père a été victime, et l’ambiguïté des hommages posthumes; et l’autre sur le beau blog italien Campari & De Maistre.

En souvenir de Benoît XVI

Samuele Pinna
campariedemaistre.blogspot.com/2022/12/in-ricordo-di-benedetto-xvi

J’apprends avec beaucoup de peine que le pape émérite Benoît XVI est monté au ciel dans la gloire du Père. Tristesse parce que Joseph Ratzinger est entré dans mon cœur comme il est entré dans la vie spirituelle d’une multitude de personnes. Le fait d’avoir pu le connaître, d’avoir vu de près sa vive intelligence, sa force dans la foi et sa bonté inhabituelle (peu habituelle dans le panorama actuel) augmente en moi le sentiment de détachement humain, mais aussi l’assurance qu’il est maintenant au Paradis à contempler ce Dieu fait homme, qu’il aimait tant.

Il m’a écrit pour la dernière fois en juin dernier, me remettant son dernier livre, en réponse courtoise à un texte que je lui avais envoyé et dans lequel je racontais notre conversation quelque temps auparavant. J’ai été étonné qu’il répète ce qu’il avait déjà dit cette fois-là après que je l’ai rencontré chez lui : je suis resté à Rome quelques jours de plus et quand je suis rentré à Milan, j’ai trouvé parmi le courrier une lettre de lui accompagnée de son dernier volume imprimé.

J’ai repris mon carnet de notes sur le grand pontife et j’ai été encore plus convaincu que Benoît XVI était le grand sage [sapiente] de notre temps: celui qui savait regarder plus loin, en prévoyant les étapes nécessaires à un voyage saint. J’écrivais à son sujet :

« Le sage n’est pas le devin aux résultats peu fiables ou le faux prophète aux bonnes nouvelles calculées, mais celui qui sait le mieux lire ce qui nous entoure. Il anticipe les temps non pas grâce à un prodige occulte, mais parce qu’il est capable de scruter les événements qui se déroulent, ayant la parole divine comme boussole. Il est un véritable prophète, même du malheur, si besoin est.

Voilà donc la Sagesse, don divin, qui se résume – s’il est concédé – dans une personnalité façonnée, par son libre choix, à l’écoute de la volonté de l’Esprit:

Une capacité de jugement aigüe, mais qui ne cède jamais à l’invective ou à la plainte et qui, au contraire, est capable de montrer une issue raisonnable aux difficultés. Une capacité à aller au fond des choses, sans s’arrêter à des platitudes ou à des réponses faciles mais inutiles, répudiant l’habitude de la banalisation et évaluant les faits avec sérieux et sérénité. Une encyclopédie vivante, en somme, non pas pour faire étalage de la culture, mais pour étudier à fond chaque aspect et ne pas le minimiser par des boutades sans intérêt. Jamais un mot déplacé, pas de dénigrement ni de jugement facile. Au contraire, la raison était mise en valeur, soutenue comme elle l’était par de nobles réflexions et appuyée par une foi théologique profondément enracinée et passionnée.

Benoît XVI n’était pas seulement un illustre érudit, mais aussi un excellent pasteur :

Une douceur accompagnée de la satisfaction évidente de celui qui goûte la vie, se laissant porter par la bonne humeur, sans oublier le labeur et les gémissements du cosmos.

Le Pape Ratzinger m’a enseigné, avec une cohérence raffinée, que la compagnie du Christ n’enlève rien et donne abondamment, il suffit de ne pas être superficiel et hâtif dans nos estimations, en s’interrogeant d’abord et en demandant à Dieu de nous éclairer sur ce qu’il faut faire :

scruter la création avec les yeux miséricordieux du Créateur, de sorte que notre ‘décider’ de ce qu’il faut faire corresponde de plus en plus parfaitement au Sien. Et, peut-être paradoxalement, savourer le bon goût de la vie, qui ne se joue pas seulement dans le temps présent parce qu’elle est appelée à résider dans l’éternité.

Nombreux sont ceux qui ont commencé à l’estimer lorsqu’il a renoncé à la papauté parce que – en ont-ils à l’évidence déduit – ce geste devait permettre une sorte d’humanisation de la papauté, presque comme si le pape Benoît avait jusqu’alors « régné » avec froideur (n’est-ce pas la vulgate du courant idéologique culturel dominant, une appréciation également partagée par des hommes d’Église « importants » et des théologiens autoproclamés ?)
Je suis persuadé que cette lecture est puérile et mal fondée: c’est peut-être le désir caché de l’homme ancien [par opposition à l’homme nouveau, je suppose, ndt] qui veut une divinité non divine, le bien et le mal mélangés dans une acceptation sans culpabilité, plus encline à la « miséricorde » envers une erreur flagrante qu’à une vraie miséricorde qui ne renonce jamais à la justice (sinon quel pardon y aurait-il ?). Ce n’est toutefois pas la vision catholique (elle semble plutôt dérivée de la pensée hégélienne) ni celle de Joseph Ratzinger, qui a écrit : « ce n’est pas d’une Église plus humaine dont nous avons besoin, mais d’une Église plus divine ; ce n’est qu’ainsi qu’elle sera aussi vraiment humaine ».

Nous nous convainquons qu’en humanisant les choses de Dieu, l’existence est plus heureuse et plus supportable, et nous oublions que le Seigneur a assumé notre nature précisément pour l’élever au stade de la joie (que rien ni personne ne peut donner). Les catholiques aiment un Dieu enfant non pas parce qu’ils rejettent la complexité, mais parce qu’en Jésus tout a été rendu simple, vrai, racontable : le salut est à la portée de tout homme (nouveau) qui le désire et veut être transfiguré par l’Amour.

Benoît XVI nous a ainsi appris – et je reprends ce qui a déjà été publié – que

la compagnie du Christ n’enlève rien et donne largement, il suffit de ne pas être superficiel et hâtif dans nos estimations, en nous interrogeant d’abord et en demandant à Dieu de nous éclairer sur ce qu’il faut faire. En fin de compte – je me répète – regarder la création avec les yeux miséricordieux du Créateur, afin que notre « décision sur ce qu’il faut faire » corresponde de plus en plus parfaitement à la sienne. Et, peut-être par paradoxe, de goûter au bon goût de la vie, qui ne se joue pas seulement dans le temps présent car elle est appelée à résider dans l’éternité.

Je suis convaincu que, de là-haut, notre bien-aimé pape émérite jouit de la visio beatifica dans l’attente du jugement universel. Dans son ouvrage sur la mort et la vie éternelle – qu’il qualifiait de « plus réussi » – il expliquait :

Le salut de l’individu ne sera complet et plein que quand le salut de l’univers et de tous les élus sera également accompli, car ils ne sont pas au ciel simplement séparément les uns à côté des autres, mais tous ensemble, tel l’unique Corps du Christ, constituent le ciel lui-même. Alors, toute la création sera un « cantique », un geste par lequel l’être se libère dans le tout et en même temps une entrée du tout dans le propre, une réjouissance dans laquelle toutes les questions trouveront une réponse et un accomplissement.


Mort d’un grand pape. Benoit XVI nous a quittés

En ces temps de pourriture culturelle et de politiquement correct abject et satanique (lois contre nature…) nous reconnaissons la grandeur d’un pape au degré de calomnie dont il aura fait l’objet pendant son pontificat. Oui, Benoit XVI était un grand pape. Il aura été, à l’instar de Saint Jean-Paul II, traîné dans la boue par les médias du monde entier et notamment allemands qui n’ont cessé de vouloir le discréditer. C’est qu’en tant que fidèle successeur de Pierre, Benoît XVI aura dénoncé sans relâche ce qu’il nommait la dictature du relativisme. Il aura joué son rôle de voix prophétique qui crie dans le désert ; et c’est cela que nous attendons d’un pape.

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Profitons de l’occasion pour dénoncer le comportement ignoble de Mme Merkel qui faisant semblant de croire au complot que la télévision suédoise (infestée par le politiquement correct protestant) avait organisé contre Benoît XVI (à l’occasion de l’affaire Williamson), s’était permise de lui téléphoner insinuant qu’il serait un révisionniste. Rappelons que c’est cette même madame Merkel qui imposera quelque temps après et sans référendum le mariage contre Dieu et nature aux Allemands. Cela veut tout dire…

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Benoît XVI aura réuni des qualités exceptionnelles. Il aura été un homme de foi, un roc (ce qui pour un pape est la première et la plus importante des qualités), mais aussi un grand intellectuel. Avec le prêtre théologien Fréderic Marlière, c’est la personne qui m’aura le plus apporté dans ma réflexion théologique. Certes, l’honnêteté m’oblige à dire que je n’ai jamais compris sa démission. Un pape est pape jusqu’à sa mort. Mais ce n’est pas à moi de juger.

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De même que cela avait été le cas pour Saint Jean-Paul II, nous allons assister ces prochains jours à des summums d’hypocrisie et de récupération politicienne. Nous allons voir les mêmes personnes qui ont calomnié Benoît XVI de son vivant, verser maintenant leurs larmes de crocodiles dans les médias. Nous allons voir les Macron, les Scholz, les Biden, les Trudeau et autres von der Leyen (qui combattent quotidiennement les valeurs de la Sainte Église Catholique en imposant la culture de mort partout dans le monde) faire semblant de s’attendrir. Chers frères et sœurs en Christ, ne nous laissons pas berner. Ces gens sont tous au service de Satan et quand bien même ils l’ignoreraient…

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Le successeur de Pierre, Benoît XVI, nous a quittés. Aujourd’hui je me sens orphelin.

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Que le Tout-Puissant dans son immense miséricorde et par les mérites de Jésus-Christ, Fils de Dieu, Messie d’ Israël et seul sauveur universel, l’accueille dans son royaume de joie éternelle.

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Toi, Benoît XVI, apôtre du Seigneur, nous te remercions.

Jean-Pierre Aussant

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