Pour François, il est « le Pape gentil ». Pour Schonborn « le Pape théologien ». Des lieux communs en apparence anodins, mais qui cachent mal une volonté de « raplatir » son pontificat. Un commentaire intéressant sur le blog Korazym.org. L’auteur soutient qu’en un certain sens, Dieu a permis à Benoît XVI de « surveiller » le pontificat de son successeur pendant 10 ans. Je préfère dire, de le contrôler, pour qu’il ne sorte pas trop des rails, dans le rôle de katekon, de rempart, qu’il a effectivement joué, ne serait-ce que par sa présence orante au sein du Vatican. Et maintenant?

Benoît XVI laisse un grand vide, mais on peut dire qu’il a régné pendant très longtemps, jusqu’en 2013 et à nouveau jusqu’à presque 2023. Et la seconde partie du Règne sera certainement beaucoup plus incisive.

Franco Angeli
http://www.korazym.org/83668/definizioni-non-sense/

De subtils non sens concernant le pape Benoît récemment disparu, circulent. Selon François, il serait le pape gentil, selon Schonborn, le pape théologien. Les deux définitions suscitent un sourire ironique car on y entrevoit une sourde « diminution » de la Figure de Benoît.

Peut-il exister un pape qui ne soit pas gentil? Et être gentil à une époque où l’on apprécie plutôt le décisionnisme sans scrupules n’est-il pas un signe de renoncement ? Les messages subliminaux sont souvent un grand piège.

Et encore, le fait d’être théologien n’est-il pas une exigence pour un pape ? Jean-Paul II n’était-il pas théologien ? Là encore, le message subliminal est clair et suit la vulgate de la médiocrité: la culture serait-elle une fioriture, presque une entrave, un moyen d’échapper à son rôle? Un rôle qu’on ne peut pas assumer ? En définitive, une réaffirmation inconsciente de la supériorité de la praxis sur la pensée selon les canons traditionnellement marxistes ?

Et en vérité, si Benoît a renoncé, ce n’est pas par incapacité manifeste, mais par une attaque féroce et démoniaque…..

Ce à quoi la Providence a remédié à travers une longue surveillance de la papauté pendant une bonne dizaine d’années. Une suite au Règne (selon certains, jamais interrompu) plus longue que le Règne. Jamais auparavant un pape n’avait eu ce grand privilège de pouvoir surveiller de manière critique sa succession. Avec tous les bouleversements qui ont suivi, qui n’ont fait que souligner la grande dimension politique du pontificat de Benoît XVI : réaffirmée ad intra dans les deux discours, à la Curie romaine en 2005 [ICI] et au clergé romain en 2013 [ICI] et ad extra dans les discours complexes et articulés des voyages en Allemagne.

Un Pape qui n’a jamais renoncé à la culture comme rempart de la foi, et en cela il a reproposé à chaque instant le manifeste d’Aeterni Patris [encyclique de Léon XIII sur la philosophie chrétienne, en 1879, ICI]. tant combattu par les laïcs et par le nouveau cours de certaine Église post-conciliaire, que Benoît a stigmatisée et combattue.

Benoît XVI laisse un grand vide, mais on peut dire qu’il a régné pendant très longtemps, jusqu’en 2013 et à nouveau jusqu’à presque 2023.

Et la seconde partie du Règne sera certainement beaucoup plus incisive.

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