Specola poursuit son reportage sur place, il nous raconte l’ambiance à Rome à 7 heures du matin en ce jour des obsèques solennelles de Benoît XVI (et il nous promet une suite cette après-midi): on ne sera pas étonné que son récit soit assez différent de celui que nous moulinent les grands médias – qui meublent comme ils peuvent avec des anecdotes sans intérêt mais qui ont malgré tout changé de ton sur le Saint-Père, après tout il est mort, et ils croient ne plus avoir rien à redouter de lui, contrairement à 2005 … mais ils se trompent peut-être car nous dit Specola, il règne Place St Pierre une atmosphère joyeuse (mais oui!), portée par une foule jeune, et qui pourrait marquer le début de la « nouvelle Eglise ». Et d’une nouvelle ère.

Le jour où l’église a changé : dans le dernier adieu à Benoît XVI, l’église du futur devient visible.


Specola, 5 janvier

Aujourd’hui, nous essaierons de faire un autre compte-rendu cet après-midi avec des impressions de ce que nous allons vivre dans les prochaines heures.

Aujourd’hui est un jour de travail au Vatican, aucun deuil officiel n’a été déclaré et tous les dicastères sont ouverts, mais il y a une permission générale pour assister aux funérailles du Pape Benoît.
Hier, nous avons vu deux « Églises » parallèles : d’une part, la marée humaine débordait encore de la place et de la basilique avec une joie croissante et, d’autre part, nous avons eu l’audience du mercredi avec le pape François dans la salle Paul VI. (..) Il est évident qu’avec le corps de Benoît XVI présent dans la Basilique, avec la manifestation de foi et d’affection que nous vivons, cela n’a pas beaucoup de sens de commencer à donner une catéchèse sur le discernement, comme si rien ne se passait.

C’est surprenant, ou peut-être pas si surprenant, il y a un plan de là où nous devons aller, ils ne nous le disent pas clairement, mais nous le voyons tous les jours. Aucune variation ou recul ne peut être admis, la réalité ne peut pas changer le chemin qui a été tracé. Peu importe qu’il y ait des milliers de personnes sur la place, au bout du compte, ils sont rigides, ils ne savent pas discerner, ils ne sont même pas conscients de leur erreur. Nous connaissons très bien la musique et les paroles, qui sont répétées des milliers de fois.

En ce moment, il est sept heures du matin, la place commence déjà à se remplir, bien sûr, autour de l’obélisque, toutes les rues mènent à Saint-Pierre. Rome retrouve la bonne ambiance que nous avons connue lors de tant de rencontres avec saint Jean-Paul II et Benoît XVI au cours de leurs années de pontificat. On sent la joie, la conviction que nous sommes en présence d’un saint qui grandit au fil des années. La même chose qui s’est produite lors du premier voyage de Jean-Paul II en Pologne se produit aujourd’hui, il y a des milliers et des milliers de personnes qui voient le visage de l’autre, beaucoup d’entre elles, la grande majorité d’entre elles très jeunes et avec des idées très claires. Ils ne sont pas ici par obligation, ils ont fait un grand effort, on le voit, ils sont heureux de le faire, ils se regardent dans les yeux avec joie, en criant au milieu du désert : il y a un avenir, Dieu n’a pas abandonné son Église !

Benoît XVI accomplit le miracle de rendre visible l’Église que j’aime tant, l’Église sur laquelle il a tant écrit, l’Église qu’ils veulent tant détruire, qu’ils veulent tant déformer et manipuler. Même un aveugle peut le voir, mais il y en a qui ne veulent pas voir et qui sont dans leur terrier à attendre que tout passe pour pouvoir oublier l’étouffement et retourner, faire semblant de retourner, à leurs affaires. Nombreux sont ceux qui se sentent orphelins et qui subissent la métamorphose de commencer à se sentir adultes, protagonistes de l’Église du XXIe siècle, du troisième millénaire. D’autres ont tant fait au cours de ces années, maintenant c’est notre tour et, si c’est l’œuvre de Dieu, personne ne pourra l’arrêter.

Cet après-midi, nous parlerons des nouvelles du jour, il ne nous semble pas que ce soit le moment de le faire maintenant, aujourd’hui est un jour de prière avec Benoît XVI, nous allons sur la place, pour prier, et bien sûr, pour profiter du miracle de la foi. Beaucoup nous ont dit que des amis et des parents leur ont demandé de les représenter ici aujourd’hui. Tous les lecteurs de Specola seront très présents auprès du pape Benoît XVI le jour de ses funérailles.

Aujourd’hui, les médias font entrer dans nos foyers des célébrations lointaines, mais nous sommes des êtres humains et nous avons besoin de la chaleur de la proximité, d’un regard, pour nous serrer la main et sentir que nous ne sommes pas seuls au milieu du chaos dans lequel nous vivons.

Mots Clés :
Share This