Presque dix ans après la renonciation de Benoît XVI, JPD remet ça. J’apprend par le Salon Beige, (citant Valeurs actuelles qui aurait été bien inspiré de ne pas aller l’interviewer!) que « Joseph Ratzinger lui a donné une leçon de journalisme ». Ah bon? On ne s’est aperçu de rien.

Je ne retrancherai pas une ligne à un article que j’avais écrit le 26 février 2013, deux semaines après la renonciation, et que je repropose (à peu près) tel quel à mes lecteurs :

Touchés par la grâce?

Les ouvriers de la 25eme heure de la presse catholique (26/2/2013)

Surprise…
A trois jours du départ de Benoît XVI, des journalistes qui, en huit ans de Pontificat, n’ont jamais trouvé le moyen d’arrêter les polémiques et les attaque dont il était la cible, quand ils ne les ont pas suscités (je pense notamment aux « affaires »: Williamson, préservatif, fillette de Récife) se découvrent une fibre papophile avec des accents de nostalgie qui sont très émouvants… pour quiconque n’ayant pas en mémoire certaines de leurs prises de position (toutes documentées dans les pages de ce site, je n’ai pas le temps pour le moment de faire une recherche détaillée)

Après IdG qui s’émeut sur son blog en évoquant « mon pape« , c’est au tour de JPD, dans la Vie (n’oublions pas que c’est lui qui, en février 2009, avait initié la violente pétition « pas de négationistes dans l’Eglise » [1], qui titre, non sans pertinence: Benoît XVI, le pape moine. L’article est à lire ici: http://www.lavie.fr/debats/edito .

Il y est une fois de plus (de trop!) question « des bourdes et des couacs » qui ont émaillé le pontificat, mais le ton général est à la louange.

J’avoue toutefois que les premières lignes m’ont stupéfiée:

J’étais sur la place Saint-Pierre, ce fameux 19 avril 2005, quand au deuxième jour du conclave la fumée blanche s’éleva. Ce fut, comme on s’en doute, une immense clameur. Benoît XVI avait été élu par ses pairs comme on choisit une évidence, dans l’ombre portée du pontificat de Jean Paul II. Mais je ne me sentais pas heureux, tant l’image d’inflexibilité et de dogmatisme qui collait à la soutane de Joseph Ratzinger pouvait sembler inquiétante, triste, voire désespérante. C’est alors que je m’aperçus que je ne connaissais pas la pensée du nouveau pape. Comme beaucoup, je ne l’avais lu qu’à travers des citations tronquées ou des raccourcis médiatiques. Comme beaucoup, je n’avais pas compris.

Passons sur les « c’est alors…« . Il faudrait en déduire qu’immédiatement, JPD aurait essayé de remédier à son ignorance, faisant profiter ses lecteurs de ses lumières nouvellement acquises. Le moins que l’on puisse dire est que cela n’a pas sauté aux yeux!

« Comme beaucoup »… Sauf que JPD n’était pas « beaucoup ». Il était (déjà à l’époque, il me semble, en tout cas, sa bio sur fr.wikipedia.org prouve qu’il avait eu avant une forte activité médiatique, avec passage à Europe 1 et au Monde des Religion!) directeur d’un magazine auprès duquel beaucoup de catholiques s’informent.

N’avait-il pas à ce titre une très grande responsabilité?
Qui, sinon la Vie et d’autres feuilles prétendues « catholiques » avaient transmis ce portrait du panzercardinal, qu’ils ont petit à petit remplacé, au fil des huit dernières années (car il devenait franchement intenable) par un autre, à peine plus flatteur, d’un petit vieux, d’un intello paumé, d’un professeur Nimbus maladroit, enfermé dans sa tour d’ivoire, et incapable de gouverner.

Non, vraiment. C’est trop facile de se dédouaner ainsi d’une pirouette: « Ecoutez, on vous a raconté n’importe quoi pendant huit ans, mais maintenant qu’il s’en va, on peut bien vous le dire« .
L’adage populaire « mieux vaut tard que jamais » me reste cette fois largement en travers de la gorge.

NOTE

[1] Le Pape en avait été profondément blessé, comme en témoigne sa « Lettre aux évêques » du 10 mars 2009, où il expliquait ses sentiments et ses actes à la suite de l’affaire Williamson (http://www.vatican.va):

J’ai été peiné du fait que même des catholiques, qui au fond auraient pu mieux savoir ce qu’il en était, aient pensé devoir m’offenser avec une hostilité prête à se manifester

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