C’est sans doute le dernier volet (au moins sous cette forme) » de la chronique méticuleuse de Specola durant la période des obsèques (un grand merci à lui! il nous a au moins prouvé que, pour suivre les grands évènements, on n’avait nullement besoin des « grands » médias).
Le principal sujet est évidemment la « mesquinerie » de François et plus généralement des autorité vaticanes, l’homélie que certains (Rod Dreher) n’ont pas hésité à qualifier d’épouvantable, le sort de Mgr Gänswein et les règlements de compte qui se profilent . C’est vraiment une nouvelle ère qui s’ouvre, et pour François, une ère à haut risque, peut-être celle de tous les dangers.


Specola, 6 janvier

L’homélie mesquine du pape François et ses décisions mesquines, l’avenir de don Georg, le « qu’est-ce que le christianisme » de Benoît XVI,

Fête de l’Épiphanie du Seigneur, le jour des Rois Mages et le jour des cadeaux en Espagne et dans de nombreux pays d’Amérique. En Italie, les cadeaux sont apportés par la Befana, une bonne sorcière liée au voyage des rois vers Bethléem.

Nous poursuivons avec de nombreux articles sur les funérailles de Benoît XVI, et nous ne pouvons que confirmer ce qui a été dit et même aller plus loin. Le terme de mesquinerie circulait généreusement dans les palais sacrés, les choses que nous apprenons non seulement confirment la mesquinerie, mais l’augmentent. Tosatti publie la traduction du dernier article de The Wanderer, El mezquino corazón del Papa Francisco, le récit des faits qu’il nous offre est totalement véridique et nous rapproche de la réalité qui est vécue dans le petit état pontifical …

Chaque apparition publique, aussi minime soit-elle, du pape Benoît a terrifié le pape François. Il n’y a pas de règles écrites sur ce qu’un pontife émérite peut ou ne peut pas faire, il n’y a pas de coutumes à ce sujet, il est clair que Benoît XVI a vécu [sa condition de pape émérite] pendant dix ans avec la grandeur d’âme et la seigneurie qui conviennent à une âme généreuse. Le pape François n’est pas conscient que le pape Benoît l’a protégé des milliers de fois et a été, directement ou indirectement, un élément modérateur dans une situation insupportable. Le barrage du pape Benoît avait un bénéficiaire principal qui était le François, maintenant il n’en a plus et il devra être beaucoup plus prudent car l’élément d’équilibre est absent. Le comportement du Pape François ces derniers jours a laissé à désirer, comme chacun peut le constater, nous craignons que l’âge et ses conditions de santé n’aident pas à cette modération et nous entrons dans un monde de pressions, celles de son propre peuple, auxquelles il devra faire face.

La précipitation vers la fin prévisible du pontificat de François est évidente. Il y en a qui s’attendaient à des changements révolutionnaires et qui se sont retrouvés dans un chaos d’allées et venues sans la moindre cohérence et qui n’a pas beaucoup d’avenir. Avec des ordres administratifs, les choses les plus absurdes peuvent être imposées, l’histoire est très riche en grands et puissants dictateurs, leur faiblesse ou leur mort, dans de nombreux cas de la main des leurs, a mis fin à tout. Nous ne savons pas quels sont les plans de Dieu pour le reste de ce pontificat. Les options humaines sont peu nombreuses, soit continuer aussi longtemps que le corps peut le supporter, soit une détonation contrôlée. Le pape François est un stratège et nous verrons quelle décision il prendra, laisser la roue en prétendant continuer à donner des ordres à un autre ne fonctionne généralement pas, la proximité de François est un fardeau même pour les siens.

Tel est le chaos que nous vivons, la confusion dans tous les sens, celui qui viendra devra marquer clairement la distance avec tout cela, un prétendu régime franciscain sans ce François particulier serait un délire. Nous serons très attentifs à tout ce que nous verrons, nous entrons dans une phase importante et nous le savons.

Au cours de l’homélie, lue par le pape François, celui-ci n’a mentionné Benoît XVI par son nom qu’une seule fois, vers la fin de la courte homélie : « Nous aussi, fermement attachés aux dernières paroles du Seigneur et au témoignage qui a marqué sa vie, nous voulons, en tant que communauté ecclésiale, suivre ses traces et confier notre frère aux mains du Père : que ces mains de la miséricorde trouvent sa lampe allumée avec l’huile de l’Évangile, qu’il a répandue et dont il a été témoin durant sa vie ».

L’homélie a conclu : « Bienheureuse amie fidèle de l’Époux, que ta joie soit parfaite en écoutant sa voix pour les siècles des siècles ! » L’homélie de François est déjà devenue une source de moquerie. « Je ne peux pas croire ce que j’ai entendu : pas un mot sur l’immense héritage de Benoît XVI. En fait, il a à peine mentionné l’homme, sauf brièvement à la fin, pour dire « bienvenue ». « Quel acte honteux. Un signe d’immense manque de respect ». « Le scandale n’est pas ce que François a dit, mais ce qu’il n’a pas dit. Il aurait pu prononcer la même homélie pour son majordome. »

Le protagoniste de la plupart des nouvelles d’aujourd’hui est Mgr Georg Gänswein, le secrétaire personnel du pape Benoît et le gardien de son héritage au fil des ans. « Les écrits privés de toutes sortes doivent être détruits. Ceci s’applique sans exception et sans échappatoire », est l’ordre du Pape Benoît XVI : « des instructions précises, avec des indications de livraison, que je me sens obligé en conscience de respecter, concernant sa bibliothèque, les manuscrits de ses livres, la documentation concernant le Concile et sa correspondance ».

Mgr Georg Gaenswein, désormais privé de Benoît, sait qu’il lui sera difficile de revenir à la Curie. Il est préfet de la Maison pontificale, mais en 2020, il a été démis par le pape François de toutes ses fonctions, tout en conservant son poste. Dans le livre qui sera publié la semaine prochaine, il révèle les dessous de l’histoire : « J’ai été réduit de moitié en tant que préfet, j’ai été secoué ».  » Tu es toujours préfet, mais tu ne retournes pas au travail demain. A partir de maintenant, reste à la maison. Accompagne Benoît, qui a besoin de toi, et sers de bouclier ». C’est ainsi que Mgr Georg Gaenswein raconte le moment, en 2020, où il a été « congédié » par le pape François à la tête de la préfecture de la maison papale [c’tait au moment de la polémique sur le livre coécrit avec le cardinal Sarah, ndt]. Le pape Benoît a commenté ironiquement : « Je pense que le pape François ne me fait plus confiance et veut que vous soyez mon tuteur… », il a écrit au pape pour intercéder, mais cela n’a rien changé ». Don Georg déclare ensuite qu’il n’a aucun doute « sur la sainteté » de Benoît XVI, mais qu’il ne prendra pas « de mesures pour accélérer le processus de canonisation ».

À propos du déménagement du pape François à Santa Marta : « Les espaces personnels des derniers papes » étaient « équivalents à ceux de François dans l’appartement de Santa Marta ». Le palais apostolique est encore en parfait état d’usage : « Pour éviter la détérioration des pièces et du mobilier, il faut encore en prendre soin, ce n’est donc pas l’économie qui est en jeu, mais la psychologie personnelle ». C’est François lui-même qui a déclaré qu’il ne voulait pas vivre dans le Palais apostolique « pour des raisons psychiatriques ».

Le Vatican est préoccupé par la publication prochaine d’un texte inédit du pape Benoît XVI intitulé « Qu’est-ce que le christianisme ». Presque un testament spirituel que, comme il est dit dans la présentation, il voulait qu’il, soit publié après sa mort. « Dans les années qui ont immédiatement suivi le Concile Vatican II, le livre ‘Introduction au christianisme’ a fait connaître au grand public un jeune théologien allemand. Aujourd’hui, cette œuvre s’adresse à tous les hommes pour partager ses dernières réflexions sur certains des thèmes fondamentaux de la religion chrétienne ».

Mots Clés :
Share This