Encore sur les funérailles bâclées – Le pape de la politique et le pape de la foi: les fidèles lambda ont choisi – Tensions entre « progressistes » et « conservateurs » et le « printemps » de l’Eglise – L’avenir de « don Georg » – Le « miracle » (*) de Benoît XVI

(*) Le « miracle » dont parle Specola (je mets des guillemets, comme il se doit, et aussi par précaution) est raconté sur mon site ici: benoit-et-moi.fr/2013-II/benoit/un-miracle-de-benoit-xvi
Ce n’est pas le seul. Il y a au moins deux autres épisodes:

Victor, 26 août 2005, Cologne

Manœuvres au Vatican : entre la politique du pape François et la foi du pape Benoît, les catholiques « normaux »; l’avenir de don Georg.


Specola, 8 janvier

Dimanche du baptême du Seigneur, messe dans la chapelle Sixtine avec baptêmes, treize, le pape François préside. Aujourd’hui, de nombreux articles de presse abordent le thème du changement qui s’est produit dans l’église avec la mort de Benoît XVI. Nous entrons dans la fin du pontificat du pape François, une phase qui sera particulière, nous ne savons pas combien de temps elle durera… Nous voyons comment le pape François essaie d’apparaître en public en forme, aujourd’hui il a évité l’image de lui-même dans un fauteuil roulant. Ses apparitions sont mesurées, avec à chaque fois des durées beaucoup plus courtes. Une présidence assise, comme nous en avons pris l’habitude, et une très brève homélie debout.

Après la mort de Benoît XVI, les manœuvres commencent à la Curie. La protection a disparu et les nerveux sont bien plus les franciscains, pour qui tout dépend de François, et qui voient que leur temps touche à sa fin.

Ces jours-ci, nous entendons dire qu’ « il y a des tensions entre les progressistes et les conservateurs ». Mais qui décide de l’appartenance à ces deux « catégories »? La présence de Benoît XVI adoucissait les oppositions, maintenant les deux âmes de la Curie commencent à se voir beaucoup plus clairement. Nous ne tomberons pas dans le piège et plutôt que des traditionalistes et des progressistes, une confrontation est recherchée et alimentée par ceux du « printemps catholique » [allusion aux « printemps » variés importés dans différents pays par les Etats-Unis, ndt] , nous sommes confrontés à la lutte entre la politique et la foi qui commence à émerger avec beaucoup plus de force.

Nous poursuivons avec des articles sur la cérémonie de jeudi :

c’était bâclé, pire : c’était un bâclage délibéré, un outrage prémédité ; inacceptable. Personne ne peut oser outrager un pontife décédé au niveau de Benoît XVI. N’importe qui peut lire les sept minutes de banalité de l’homélie du pape François et les comparer avec l’homélie exceptionnelle du cardinal Joseph Ratzinger le 8 avril 2005. Un fossé formel et substantiel sépare les deux : n’y a-t-il plus de plumes à la Curie pour rédiger une homélie destinée à accompagner un pontife dans son dernier voyage ? C’est un travail bâclé, c’est grotesque que cela se produise. C’était un outrage prémédité et voulu. Et le transfert du corps de Benoît de sa résidence à Saint-Pierre, à moins de deux cents mètres, dans un corbillard et de nuit… ».

Nous trouvons d’un grand intérêt un article qui va dans le sens de la pensée du commun des fidèles. Des milliers de personnes sont venues au Vatican ces jours-ci, émues par un vieil homme qui n’est plus sous les feux de la rampe depuis dix ans, un phénomène qui ne s’explique pas facilement, même s’il s’agit d’un pape. Les funérailles de Benoît XVI font couler des océans d’encre, la vérité est que les fidèles, dans leur sainte liberté, s’identifient à un pontife alors qu’avec un autre ils ne sont pas liés. Comme l’a dit Guareschi : « la foi est un sujet sacrément compliqué qui a à voir avec l’humanité et un prêtre comme Don Camillo, capable de rendre le Tout-Puissant sympathique, est difficile à trouver ».

Les fidèles normaux, la grande majorité, se moquent bien – ils n’ont ni la volonté ni les outils nécessaires -, des manœuvres obscures des palais sacrés, des intrigues et des fumées de Satan au Vatican, des orientations politiques. Ils sont peut-être superficiels, mais la foi, après tout, est une chose simple, elle doit l’être. Le reste, pourrait-on dire, vient du diable. Ces fidèles ordinaires sentent, confusément mais clairement, que le pape Benoît XVI a été l’objet d’une boucherie historique: ils ont déformé son discours à Ratisbonne et en ont profité pour le tuer. Personne ne l’a défendu. L’Islam ne voulait pas de lui, le Vatican ne voulait pas de lui, le clergé progressiste américain ne l’aimait pas et le tout-puissant Obama le détestait.

Le « printemps catholique » est arrivé et il a été remplacé par quelqu’un qui, si l’on peut dire, était tout le contraire, un pape peu théologien, immergé dans la politique comme peu d’autres ces derniers temps et aux manières partisanes : il a justifié les massacres islamistes, il a chevauché l’idolâtrie de l’environnementalisme, il n’a d’yeux que pour les immigrés, qu’il croyait être le nouveau prolétariat révolutionnaire, dans le sillage de certains mauvais maîtres néo-marxistes, et maintenant exclusivement pour l’Ukraine : Terre tourmentée, certes, mais une telle obsession est suspecte dans un monde où les catholiques sont de plus en plus massacrés, du Nigeria au Soudan, des Philippines aux régimes autoritaires d’Amérique du Sud et de l’Est. Jamais un mot contre la persécution des prêtres catholiques en Chine, contrariée par les gouvernants de droite ou plutôt d’extrême-gauche qu’il affectionne. Intime avec les dictateurs latins, des Castro aux Lula, en passant par les Morales et les Maduro, sans une once de critique.

La masse des fidèles ordinaires aime ce Pape bien moins que ce que les médias globalisés prétendent ; elle aspire à autre chose et ne s’engage pas dans la logique géopolitique. Ces chrétiens ont la nostalgie d’un guide serein, rassurant, paisible, apparemment détaché des choses du monde, voire amusant. Un pape prêtre, qui s’adresse davantage au Tout-Puissant qu’aux ONG, qui entretient une relation simple mais intense avec le sacré.

Don Georg Gänswein, secrétaire particulier de Ratzinger, est devenu ces jours-ci le centre de l’actualité. L’accusation contre le pape François d’avoir « brisé le cœur » de Benoît XVI avec Traditionis Custodes. La décision de lui retirer tout pouvoir en tant que préfet de la maison papale, un choix qui a poussé Benoît à dire « entre sérieux et plaisanterie » : « François n’a plus confiance en moi et veut que vous vous occupiez de moi ». La dernière bombe en date est la controverse sur l’ « idéologie gender ». Il a écrit à François pour « trouver un équilibre entre le respect de la personne et la doctrine de la foi », soulignant que « la philosophie du genre enseigne que c’est l’individu qui devient un homme ou une femme ». Pour Benoît XVI, « il ne s’agit pas du bien de la personne homosexuelle » mais « d’une manipulation délibérée de soi ». Nous sommes confrontés à une « guerre idéologique » qui exige une « résistance forte et publique ».

Gänswein vient d’avoir 66 ans, il est trop jeune pour prendre sa retraite et le risque est grand qu’il finisse au cimetière des éléphants. Si, par le passé, les règles qui s’appliquaient d’un pontificat à l’autre prévoyaient un placement digne pour les anciens collaborateurs, il est aujourd’hui difficile d’imaginer que le pape François puisse sauver Gaenswein en lui confiant un diocèse en Allemagne. À la mort de Jean-Paul II en 2005, Benoît XVI a garanti un passage digne à don Stanislas, alors secrétaire historique de Wojtyla, en lui confiant le diocèse de Cracovie et en le nommant ensuite cardinal. Affecté à une mission loin de l’Europe, peut-être dans une lointaine nonciature, don Georg parle couramment quatre langues et serait parfait comme ambassadeur du Vatican. Nous avons l’impression qu’il se consacrera au « libre exercice de sa profession », en utilisant le temps et la force que Dieu lui donne pour travailler sur l’héritage du pape Benoît.

Un vieil épisode ressurgit sur les médias sociaux, la rencontre en 2012 entre le pape Benoît XVI de l’époque et un adolescent américain atteint d’un cancer, ce garçon a guéri et est devenu prêtre. Il s’agit du père Peter Srsich, qui, à l’âge de 17 ans, s’est vu diagnostiquer un cancer du poumon et a vécu des moments difficiles, dont le rejet de la foi. En 2012, Peter et sa famille ont réussi à obtenir une audience avec le pape Benoît, il s’est adressé au garçon, l’a béni et a touché sa poitrine juste au niveau du poumon cancéreux. Grâce aux traitements, mais aussi aux « prières » dont il a toujours été reconnaissant, la maladie a reculé et neuf ans après cette rencontre avec Benoît, le garçon est devenu prêtre. Le fait de savoir que le pape ferait partie de mon avenir m’a aidé à surmonter tout cela et, d’une manière modeste et non miraculeuse, m’a aidé à me remettre du cancer. Aujourd’hui, le prêtre est à l’avant-garde du mouvement pro-vie américain.

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