Comme François est un pape « politique », qui ne fait rien au hasard, on peut se demander ce que signifie un tel geste (qui rappelle des gestes analogues avec les cardinaux Becciu et Zen). S’agit-il d’un drapeau blanc, de l’une et/ou de l’autre des parties en présence, pour apaiser les tensions et éviter des « déballages » ultérieurs? Ou d’une correction en bonne et due forme? Où va « atterrir » le secrétaire de Benoît XVI? Luis Badilla, rédacteur du site bergoglien et bien informé, quasi-institutionnel, « Il Sismografo » (auquel il arrive de plus en plus souvent d’être critique envers le Pape) pose les questions, qui agitent ces jours-ci le petit monde vatican, et au-delà. Sans réponse pour le moment.

Après Becciu et Zen, c’est maintenant au tour de Gänswein. Un changement de cap ?

Luis Badilla
Il Sismografo , lundi 9 janvier

C’est l’une des nouvelles les plus inattendues publiées officiellement aujourd’hui par le Bureau de presse du Vatican et elle énonce : « Le Saint-Père a reçu en audience « S.E. l’archevêque Georg Gänswein, archevêque d’Urbisaglia, préfet de la Maison pontificale ».

Une communication d’une telle solennité – imprimée dans la feuille d’audience papale – pour un prélat en tension et en conflit avec le Pape a une signification spécifique et, globalement, significative puisqu’il s’agit d’une nouvelle audience privée de François à une personnalité ecclésiastique avec laquelle il y a eu de graves difficultés dans les relations personnelles et la collaboration institutionnelle. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui se posent la même question : quel pourrait être le sens profond de ce comportement du Pape, qui est presque toujours froid et rigoureux avec ceux qui ont été éloignés par lui ?

Le pape François a déjà reçu à plusieurs reprises, et même rendu visite, au cardinal Becciu, qu’il a chassé pour détournement de fonds, puis envoyé en procès. La dernière rencontre entre les deux remonte au samedi 26 novembre.
Il y a quelques jours – vendredi 6 janvier, solennité de l’Épiphanie – le Saint-Père a reçu – et fait distribuer une photo officielle de la rencontre – le cardinal chinois Joseph Zen Ze-kiunn, une personne en conflit ouvert avec le Siège apostolique au sujet de la signature des Accords confidentiels avec Pékin.

Le Pape a reçu aujourd’hui le secrétaire personnel de Joseph Ratzinger, l’archevêque allemand Georg Gänswein, auteur du livre en librairie à partir de jeudi, qui contient plusieurs passages polémiques contre le Pontife et certaines de ses décisions.

La principale question à cet égard est la suivante : le pape émérite a-t-il eu connaissance des ébauches du livre ? Il est certain qu’au cours de l’audience d’aujourd’hui, ce point a également été discuté.

La chose singulière, plutôt passionnante en un moment comme celui-ci, est de décoder une question précise : le pape François essaie-t-il d’ouvrir, avec intelligence et générosité, une voie différente, moins polémique et moins clivante, afin de réussir, si possible, à compacter toute l’Église, bien que dans la diversité, pour éviter d’autres scissions et d’éventuels soulèvements schismatiques ?

Les réponses viendront avec le temps et ne dépendent pas uniquement du Saint-Père.

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